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Arts-chipels.fr

Coronavirus an 01. Allo, la Terre ?

Coronavirus an 01. Allo, la Terre ?

À l’heure des incertitudes de ras-du-vécu, de l’amenuisement de notre environnement, du rétrécissement de nos horizons, il est temps de prendre de la hauteur. De regarder le monde de haut. Alors, direction l’espace où, justement, il se passe quelque chose.

Je ne vous parle pas des envahisseurs façon Martiens, des boules invisibles hérissées de petits piquants qui se lancent en toute immunité – pour elles, non pour nous – à l’assaut de la population terrienne. Non, je veux vous parler de l’espace, du vrai, qui nous fait si cruellement défaut aujourd’hui. Il y a encore des scientifiques, la tête dans les étoiles, les yeux vissés sur cet ailleurs lointain qui est aussi chez nous, et ils ont bien raison, parce qu’il se passe des choses merveilleuses, là-bas, au fond du ciel. Une comète est née, ou du moins elle revient après un long, un très long voyage.

https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/comete-comete-atlas-annonce-comme-plus-brillante-depuis-20-ans-79752/#xtor%3DEPR-17-%5BHEBDO%5D-20200330-%5BACTU-La-comete-Atlas-s-annonce-comme-la-plus-brillante-depuis-20-ans--%5D

Coronavirus an 01. Allo, la Terre ?

Porter le monde

C/2019 Y4 (Atlas) dite aussi comète Atlas est parmi nous, de passage. Les scientifiques sont facétieux. À ce corps minuscule à la très longue chevelure de gaz, baptisé Asteroid Terrestrial-Impact Last Alert System et détecté le 28 décembre 2019, dans les ténèbres des confins du Système solaire, ils ont donné le nom d’Atlas, un Titan pétrifié vaincu par les dieux de l’Olympe et condamné par Zeus à porter le monde pour l’éternité. Atlas, qui n’est encore qu’une pâle lueur verdâtre voguant à travers la constellation de la Grande Ourse, fonce à toute allure vers le point de son orbite le plus proche du Soleil que la comète atteindra dans deux mois. Avec ses quelque 720 000 kilomètres d’étendue, la chevelure de la comète laissera, si son sort nous permet de la contempler, une belle trace visible dans le ciel. Ce faisant, à trop s’approcher du Soleil – au plus près, la comète sera au quart de la distance qui sépare la Terre du Soleil –, elle risque de se brûler les ailes. Chahutée et écorchée par les « feux » du Soleil, soumise à des températures élevées et aux pressions du vent solaire, elle pourrait se briser ou, à l’inverse, se renforcer et briller encore davantage. La légende d’Icare n'a pas valeur d'adage universel et, s’il convient de conserver en tout une certaine prudence – vérifier, par exemple, que la cire fond au Soleil –, il faut se méfier des frilosités en tout genre qui nous pétrifient (retour à Atlas) et nous condamnent à l'impuissance.

Coronavirus an 01. Allo, la Terre ?

Légendaires comètes

Avec sa trajectoire qui dessine dans le ciel la forme d’une tête humaine, Atlas nous rappelle les vieilles légendes qui s’attachent au passage des comètes depuis la plus haute Antiquité. L’apparition de cet « astre chevelu » (étymologiquement) était souvent interprétée, a posteriori, comme un signe fondamental. Au Ier siècle avant Jésus-Christ, Diodore de Sicile affirme qu’en la première année de la cent-deuxième Olympiade (372 av. J.-C.), un flambeau ardent d’une grandeur extraordinaire troua la nuit, annonçant aux Lacédémoniens leur humiliation prochaine. Appartenant au monde sublunaire, imparfait, souvent représentées ou dépeintes sous la forme de monstres chevelus ou barbus, dévorateurs, les comètes sont les annonciatrices de grands changements, souvent néfastes. Le Moyen Âge, qui y verra une manifestation de la volonté divine, sera plus nuancé. L’apparition de la comète pourra, comme dans la Tèle de la reine Mathilde, la « tapisserie » – qui est en fait une broderie – de Bayeux, apparaître comme un signe divin positif, ici celui de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant. Mais sa nature d’annonciatrice de grands bouleversements perdurera et perdure encore dans l’imaginaire populaire. En l’an 500, il était d’usage de dire « Dieu vous bénisse » chaque fois que quelqu’un éternuait car l’apparition de la comète coïncidait avec une effroyable épidémie caractérisée par des éternuements au pronostic fâcheux – c’est de saison aujourd’hui... Épées de feu, croix sanglantes, poignards enflammés peuplent une iconographie qui déborde à la Renaissance. Monstre céleste, la comète est l’ombre de l’Apocalypse, le glaive du Jugement dernier.

Vu d’aujourd’hui

Depuis le moment où Aristote y voyait des exhalaisons terrestres qui s’élevaient dans l’air pur, se condensaient et s’embrasaient avant de se consumer, la science a avancé. Mais si l’on ne voit plus dans les comètes un signe apocalyptique, elles n’en nourrissent pas moins l’imaginaire. La population indigène des îles Adaman, dans le Golfe du Bengale, l’interprète comme les torches envoyées du ciel par les esprits de la forêt pour voir les humains imprudemment sortis à la nuit tombée. La littérature n’est pas en reste. Dans The Conversation or Eiros and Charmion, Edgar Allan Poe met en scène une fin du monde impliquant une comète qui vole l’azote de l’atmosphère terrestre. Quant à H. G. Wells, il imagine la naissance d’une société utopique mondiale provoquée par les vapeurs de la chevelure de la comète (Au temps de la comète, 1905). Les vapeurs méphitiques sont là, nichées dans notre imaginaire. Et le pouvoir insidieux de la maladie, d’autant plus effrayant qu’il est invisible à l’œil nu…

Coronavirus an 01. Allo, la Terre ?

Voici pour la livraison du jour. Textes et poèmes m’ont été transmis par les uns et les autres. Ils trouveront leur place au fil du temps, qu’on nous annonce certain…

Une petite note d’humour avant de passer aux infos culturelles. Il y en a qui ne perdent pas le nord, comme la maison Guerlain.

Coronavirus an 01. Allo, la Terre ?

Et, si vous rêvez de vous faire la malle, cette petite astuce pour réussir votre grande évasion.

Les pages culturelles du jour

Place à la photographie !

Le musée du Jeu de Paume s’invite chez vous. Pendant le confinement, chaque semaine, quelques idées pour vous occuper et vivre l'expérience Jeu de Paume de chez vous : https://mailchi.mp/532b16ae28ea/le-jeu-de-paume-de-chez-vous-3?e=dfaf41cf84

Les photographes finalistes du concours du Smithsonian Magazine s'exposent. De quoi rêver de nature et d’espaces infinis… https://www.ba-bamail.com/content.aspx?emailid=35407

… Et les Fine Arts Photography Awards offrent leur vision. Plus abstraite, plus graphique… https://www.ba-bamail.com/content.aspx?emailid=35415

 

Comme à l’accoutumée, l’épidémie et ses conséquences nourrissent les détournements en tout genre.

Elles ont inspiré au Syndicat National des Guides-Conférenciers Ce que l’art nous dit :  https://vimeo.com/401663569

… Et on peut partager de l’art à sa fenêtre

https://www.franceinter.fr/musees-fermes-comment-continuer-a-voir-de-l-art-pendant-la-periode-de-confinement

 

Voici, côté musique

Opéra comique. L’Opéra Comique propose la captation du nouvel opéra de Pascal Dusapin, Macbeth Underworld, effectuée à Bruxelles il y a quelques mois. https://www.opera-comique.com/fr/saisons/saison-2020/macbeth-underworld

Une intégrale de La Flûte enchantée à l’Opéra de Paris (2001, direction Justin Klazinga). De quoi se distraire avec cette kitschissime mise en scène qui fait descendre les trois garçons du ciel en ballon, déguise les Maures en singes, habille Sarastro et ses affidés en francs-maçons et octroie au mage un crâne démesuré façon Simpson, à la dimension de son personnage de sage détenteur du savoir. https://www.youtube.com/watch?v=x9nyPrJy5ek

Belle journée à tous.

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