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Arts-chipels.fr

Ostinato. Cette basse obsédante derrière laquelle se cache le monde.

Phot. © Natacha Lamblin

Phot. © Natacha Lamblin

Après une très longue absence, un fils revient au domicile paternel. Mais loin des fêtes de retrouvailles du retour du fils prodigue, l’atmosphère est à la tension…

Nous sommes quelque part au bord de la mer, changeante comme les heures du jour et de la nuit qui passent dans ce refuge qu’a choisi un vieil homme, ancien contrebassiste de jazz, pour y achever son parcours de vie. Un homme, la cinquantaine, débarque sans y avoir vraiment été invité. Quatorze ans d’absence dont on devine qu’elle cache un motif désagréable, que la pièce dévoilera au fil des dialogues. Il est le fils, et pas le bienvenu. L’atmosphère est à l’aigre et leur querelle est musicale. Parce que le père était musicien et le fils critique, et que certain ostinato, répété à la contrebasse et trop appuyé, avait été souligné par un texte du fils au grand dam du père. Mais derrière la partie émergée de l’iceberg, une plus terrible histoire se cache, que la pièce révélera progressivement.

Phot. © Natacha Lamblin

Phot. © Natacha Lamblin

Trois personnages pour un huis clos

Le troisième personnage est une femme. Pas la mère du critique, mais la compagne du musicien. Une longue histoire qui transportera avec elle son tissu de non-dits et de mensonges qui vont, à l’occasion de ces retrouvailles, refaire surface. La mère, elle a disparu un beau jour, sans crier gare et le fils ne sait d’elle que ce que son père lui a rapporté : son caractère difficile, sa violence, et les recherches infructueuses entreprises pour la retrouver. Si le fils a pour la compagne de son père une profonde affection, elle ne remplit pas le silence qui pèse sur l’absence de la mère.

Phot. © Natacha Lamblin

Phot. © Natacha Lamblin

Une pièce qui repose sur le jeu des acteurs

C’est dans un jeu subtil entre les trois comédiens que la vérité se dévoilera peu à peu. Une relation traversée de petits gestes d’affection ébauchés en même temps que de poussées d’hostilité, de difficultés à dire simplement qu’on aime, d’impossibilités à combler le temps des absences, à apprécier le temps des retrouvailles autour d’un bon vin ou d’un alcool, comme par le passé. Renouer des liens distendus quand chacun reste en arrêt, sur la défensive, avec au milieu, un secret tu depuis quarante ans. La compagne du musicien, placée entre les deux hommes et extérieure à la relation père-fils, sera la seule à pouvoir leur servir de trait d’union. C’est par elle que la vérité éclatera.

Mené ostinato, le thème de l’amour filial et paternel court sous la surface tandis que résonne la voix douce, mélancolique et sucrée de Chet Baker célébrant sa « Valentine », « [his] favorite work of art ». L’expression d’une tendresse cachée sous une carapace hérissée d’épines…

Phot. © Natacha Lamblin

Phot. © Natacha Lamblin

Ostinato de Marc Villemain
S Avec Claude Aufaure, Hélène Cohen et Ludovic Baude S Mise en scène Dimitri Rataud, assisté d’Emmanuelle Jauffret S Décor Esthel Eghnart S Durée 1h15

À partir du 26 septembre 2024, du mardi au samedi à 21h00
Théâtre de la Huchette – 23, rue de la Huchette, 75005 Paris
Rés. : theatre-huchette.com ou 01 43 26 38 99

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