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Arts-chipels.fr

Colette, l’incorrigible… besoin d’écrire. La version soft d’une femme scandaleuse.

© DR

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Ce joli spectacle, qui se concentre sur la tentation de l’écriture et la difficulté d’écrire auxquelles se confronte Colette, a le charme suranné mais persistant des souvenirs d’enfance. Il n’en occulte pas moins la part moins « lisse » de celle qui fit de sa vie un roman.

L’exotisme qui fut l’une des caractéristiques de la charnière entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe est rappelé par le tapis oriental sur laquelle la comédienne est allongée au début du spectacle. Il est jonché de feuilles de manuscrit éparses, comme pour rappeler que c’est d’écriture dont il va être question. Lorsque la comédienne prend la parole, ce n’est pas avec le très fort accent bourguignon qui caractérisait Colette mais avec la voix douce et distinguée de Nathalie Prokhoris, qui a choisi et adapté les textes de Colette qui apparaissent dans le spectacle.

© L. Navarro

© L. Navarro

L’autobiographie comme forme littéraire

Colette s’est, à son époque, largement démarquée de ses contemporains comme André Gide, Romain Rolland ou Jean Giraudoux en cultivant un genre particulier, l’autobiographie fictionnelle, que Serge Doubrovsky qualifiera d’autofiction, dont Colette est une pionnière. Dans ses « romans », Colette se met en scène comme un personnage sur lequel elle écrit, cultivant un jeu de miroirs qu’elle propose au lecteur. Ce que Nathalie Prokhoris choisit de valoriser à travers le spectacle, ce sont les interrogations de Colette quant à sa faculté d'être en tant qu’autrice, sa recherche du mot juste, de la bonne manière de formuler sa pensée. Elle choisit pour ce faire des écrits connus de Colette tels que la Maison de Claudine, Sido, l’Entrave, et d’autres moins connus – Paysages et portraits, le Képi, Journal à rebours.

© L. Navarro

© L. Navarro

La formation d'une femme et d'une écrivaine

Laissant de côté le parcours « sulfureux » de la Colette aux trois maris, aux liaisons passagères et aux nombreuses compagnies, qui affiche en public ses relations homosexuelles, ou de la danseuse en tenue très légère qui se produit au théâtre Marigny , au Moulin Rouge ou au Bataclan et se voit interdit par la Préfecture de se produire nue sous une peau de panthère, le spectacle avec l'accent sur l'obsession d'écrire qui anime Colette et sur l'influence que son enfance exerce dans son parcours littéraire, faisant surgir l'image de sa mère, « Sido », féministe convaincue et athée, et celle de son père, le « Capitaine », devenu percepteur après avoir perdu une jambe à la bataille de Melegnano, l'un des épisodes des guerres d'indépendance italienne où les Français soutiennent les Italiens contre l'Autriche. On voit ainsi se dessiner, chez celle qui publie d'abord sous le nom de Willy la série des Claudine avant de prendre son envol sous son propre nom, une enfance où la lecture est une coutume bien ancrée qui lui transmet l'amour de la littérature et où la liberté des femmes apparaît comme une évidence. On apprécie aussi le classicisme du bien écrire qui transparaît dans les extraits choisis. Entre la comédienne et le personnage qu'elle incarne, la tendresse et l'affection se manifestent. C’est cette tendresse-là qu’on retiendra du spectacle…

 Colette, l'incorrigible… besoin d'écrire, d'après des textes de Colette

Adaptation et amp; jeu Nathalie Prokhoris Direction d'actrice : Christine Culerier Remerciements Durée 1h05 Marie-Paule Ramo

À partir du 1er décembre 2023 au 2 mars 2024, les vendredis et samedis à 19h30

À La Folie Théâtre – 6, rue de la Folie-Méricourt, 75011 Paris 

01 43 55 14 80 w ww.folietheatre.com

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