Zaï Zaï Zaï Zaï. Jeu de massacre radio-théâtral en deux dimensions et une multitude de bruits, de voix et de musiques.

Cette adaptation, fidèle à l’esprit de la BD de Fabcaro, nous entraîne dans un univers où le nonsense, justement, fait sens dans une avalanche de propos jubilatoires.

Nous sommes accueillis par une ambiance sonore de supermarchés. Petits clics des enregistrements de produits sur les caisses enregistreuses, bonjours et mercis, question « vous avez la carte du magasin ? ». Les comédiens passent et repassent, discutent, vont et viennent derrière un décor uniquement composé de micros et de divers objets posés là en désordre. Car la pièce qu’on va voir jouer est radiophonique, une sorte de pied-de-nez, de distorsion du théâtre, une manière de mettre sur scène ce qui ne forme qu’une partie de ce qui compose le théâtre, le son. La raison ? une transposition de la BD éponyme de Fabcaro dont est tiré le spectacle, avec le désir de traduire un dessin nécessairement, du fait de son support, en deux dimensions.

Une cocasserie qui a pour nom le monde

N’allez pas croire que cette réduction de l’espace soit synonyme d’ennui. Au contraire. D’abord, il y a les comédiens qui se démènent, passant d’un registre de voix à un autre, mimant tour à tour la ménagère et l’intellectuel(le), le fort en gueule ou la harpie, le vigile ou la caissière, les flics ou l’homme – et la femme – de la rue, les amis ou les ennemis d’occasion. Ajoutez le bruitage composé à partir des éléments les plus invraisemblables, frottements de textures, bruits de cuillers et autres. Additionnez de musique rock jouée en live et de refrains repris en chœur et vous aurez un pot-pourri de la société d’aujourd’hui.

L’aventure d’un dessinateur perturbé

Un personnage se détache de ce petit théâtre sonore du monde : le dessinateur lui-même. Tout arrive parce qu’un beau jour, au moment de payer une marchandise qu’il veut acheter, il n’est pas en mesure de présenter sa carte du magasin. La question n’est pas qu’il paye ou pas mais qu’il ne présente pas sa carte du magasin, laissée dans la poche d’un autre pantalon. Le voici mis en accusation, en butte à un vigile vindicatif et contraint de prendre la fuite. Suivent le récit de la course-poursuite, les rumeurs de la rue, les rencontres occasionnelles, la traque et les dénonciations, et bien d’autres péripéties encore…

Une peinture sociale passée au vitriol

Personne ne trouve grâce sous le crayon radiophonisé de Fabcaro. Ni les ados, ni les artistes bien-pensants qui font du malheureux dessinateur une victime du système, ni les théoriciens du complot qui alimentent une paranoïa ambiante, ni les médias qui sont en première ligne, inventant du spectaculaire là où il n’y en a pas et faisant monter la mayonnaise. La famille n’est pas plus épargnée dans cette situation absurde où un quidam quelconque est transformé, à son corps défendant, par une péripétie sans importance, en ennemi public numéro un… Cet humour ravageur et iconoclaste nous entraîne dans un road-movie endiablé, une machine infernale où ne trouvent pas davantage grâce les tendres bergères et leurs blancs moutons chantés par Joe Dassin. Zaï Zaï Zaï Zaï…

Zaï zaï zaï. Adaptation de la BD de Fabcaro (éd. 6 Pieds sous terre)

S Mise en scène Paul Moulin S Adaptation Maïa SANDOZ et Paul Moulin S Création sonore Christophe Danvin S Avec, en alternance Élisa Bourreau, Ariane Begoin, Serge Biavan, Maxime Coggio, Christophe Danvin, Aymeric Demarigny, Jean-François Domingues, Cyrille Labbé, Paul Moulin, Emmanuel Noblet, Maïa Sandoz et Aurélie Verillon S Avec la voix de Serge Biavan S Collaboration artistique Maïa Sandoz S Création lumière Emmanuel Noblet et Aurore Beck S Scénographie et costumes Paul Moulin S Mise en espace sonore Jean-François Domingues S Régie son Jean-François Domingues, Grégoire Leymarie et David Ferré S Régie lumière Loïc Even, Aurore Beck et Bastien Perralta S Durée 1h S Production Théâtre de L’Argument S Coproduction Le Théâtre de Rungis, Fontenay en Scènes - Fontenay-sous-bois S Avec le soutien de la SPEDIDAM, de la Ville de Paris et de la Région Île-de-France. S Le Théâtre de l’Argument reçoit le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, Ministère de la culture, et du Conseil Départemental du Val-de-Marne

Au Théâtre de l’Atelier – 1, place Charles-Dullin, 75018 Paris

Du 5 juin au 3 juillet 2022 à 19h

Rés. 01 46 06 49 24 www.theatre-atelier.com