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Arts-chipels.fr

Coronavirus an 01, 38e livraison. Je m’inquiète, tu t’interroges, il proteste, nous nous insurgeons, vous vous opposez, ils manifestent…

Coronavirus an 01, 38e livraison. Je m’inquiète, tu t’interroges, il proteste, nous nous insurgeons, vous vous opposez, ils manifestent…

Les professionnels de la culture – mais pas seulement – manifestaient aujourd’hui devant l’Opéra-Bastille à l’heure du déjeuner.

Les raisons, on les connaît. Elles vont des deux poids-deux mesures entre messes, magasins et salles de spectacles au « non essentiel » dont nos gouvernants qualifient la culture et l’art. Elles ont déjà été développées dans les précédents Carnets du Coronavirus. La réponse de l’équipe du Montfort-Théâtre adressée au Premier ministre est reproduite ici. Une manifestation de protestation était donc prévue ce mardi 15 décembre à midi. Elle s’est déroulée dans une atmosphère conviviale où l’humour le disputait aux slogans revendicatifs. Une affirmation à voix haute d’une volonté de vivre et de de s’opposer à des mesures gouvernementales dont la logique fait plus que poser question.

Coronavirus an 01, 38e livraison. Je m’inquiète, tu t’interroges, il proteste, nous nous insurgeons, vous vous opposez, ils manifestent…

Réponse de Laurence de Magalhaes, Stéphane Ricordel et de toute l'équipe du Montfort Théâtre à propos de l’allocution de Jean Castex

Revenons sur votre allocution, Monsieur Castex, tout en sachant que vous avez pris votre décision à la hâte dans l’après-midi du 11 décembre - ce qui prouve encore une fois le peu de considération que vous nous portez.

Dans un premier temps, vous rassurez les Français en prenant une décision qui vous semble sage : laisser nos lieux fermés en raison des chiffres de contamination en hausse. Pas d’objection : nous suivons scrupuleusement l’actualité, nous sommes d’accord avec vous, un objectif sur deux n’a pas été atteint, la barre des 5 000 contaminations.

Vous évoquez une réouverture dans 3 semaines, ce qui n’est pas complètement contestable au regard de ces chiffres, nous en convenons. La décision est douloureuse déstabilisante, difficile à accepter. Nous nous sommes tous battus pour offrir une fin d’année plus réjouissante et moins anxiogène aux spectateurs. Les équipes artistiques et techniques avaient déjà réintégré nos salles, nous étions tous prêts ! Mais nous vous suivons, il faut que cette pandémie disparaisse au plus vite.

Dans un second temps, vous employez ces mots « revoyure le 7 janvier ». Ce qui nous laisse perplexes. Que voulez-vous nous dire exactement ? Vos éléments de langage ne sont pas très clairs. Le 20 janvier est aussi évoqué. Ouvrons-nous donc dans 3 semaines, ou encore plus tard ?

Alors que vous disparaissez des écrans, nous nous empressons de joindre l’Elysée qui nous précise qu’une réouverture est seulement « probable » à partir du 20 janvier, soit presque 7 semaines plus tard… Coup de massue.

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La colère nous envahit. Si, depuis le début de la crise sanitaire, le milieu culturel s’est adapté à toutes vos injonctions et a respecté toutes les mesures à la lettre, pour la première fois, nous réagissons et faisons entendre notre voix : trop, c’est trop !

Arrêtez de nous infantiliser, de nous mépriser. Vos mensonges sont inadmissibles et portent atteinte à la crédibilité de la parole publique.

Ayez au moins l’honnêteté d’assumer votre position : en l’occurrence, celle d’avoir fait un choix politique (et certainement pas sanitaire). Assumez les contradictions flagrantes qui sautent aux yeux de tous : rouvrir les lieux de culte (à croire que nous ne sommes plus dans un pays laïque ?), les grandes enseignes commerciales, laisser les gens s’entasser dans les transports pour travailler et consommer… mais taxer la culture de « non essentielle » à la nation et lui faire quasiment porter la responsabilité de la crise sanitaire.

Coronavirus an 01, 38e livraison. Je m’inquiète, tu t’interroges, il proteste, nous nous insurgeons, vous vous opposez, ils manifestent…

Vous avancez trois arguments :
- Le premier : le risque majeur d’attraper le covid dans nos salles. Celui-ci est réfuté par de grands médecins sur toutes les antennes, qui constatent la rigueur des protocoles sanitaires mis en place par les lieux culturels pour accueillir le public. Il semblerait que le corps médical soit écouté quand cela vous arrange …
- Le deuxième : ce n’est en fait pas nos salles elles-mêmes qui sont le danger (puisque qu’aucun foyer ne s’y est déclenché) mais le « flux » de personnes qu’elles occasionnent.

C’est peut-être la seule chose que nous apprécions encore dans votre gouvernance, votre sens de l’humour malgré vous !

« Je vous invite à vivre un flux extraordinaire ! Les Galeries Lafayette, Métro Opéra entre 14h et 17h un samedi après-midi de décembre. C’est la libération, le bonheur. Le covid a disparu dans cet arrondissement chic de Paris. Nous déambulons dans les allées – jeunes, moins jeunes voire très âgés, le masque dans le cou. Il faut dire qu’il fait très chaud et puis ça donne un certain style ! On se regarde de nouveau, on se sourit, on est heureux, les vêtements s'entassent dans les cabines d’essayage. Au vu de la situation et pour être aussi nombreux, c’est certain, nous sommes en sécurité maximale. Concernant l’ascenseur qui mène au parking, c’est un futur gag pour grand humoriste : nous sommes entre 10 et 12 personnes tassées, les sacs pleins les bras, les enfants ne portent pas de masque et hurlent après avoir déambulé plusieurs heures au milieu de cette foule compacte, le visage écrasé sur les parois de l’ascenseur jamais désinfecté et qui fait le manège du 1er au 5e sous-sol depuis 9h du matin … C’est effectivement extraordinaire de vivre ces moments qui nous manquaient tant. »
- Enfin, le troisième : rester fermé en décembre, pour mieux ouvrir en janvier. Soit une parfaite contradiction avec vos discours sur les fêtes de fin d’année qui feront presque inévitablement remonter le niveau des contaminations.

Alors s’il vous plaît, cessez de nous décrédibiliser face aux Français et à nos spectateurs, qui continuent à nous soutenir. Nous sommes respectueux de la République, responsables, nous avons su protéger nos maisons, nos équipes permanentes, le public, les artistes et toute la chaîne de nos différents corps de métiers, costumier.e.s, régisseu.ses.rs, ingénieur.e.s son et lumière... et toutes les professions invisibles. Les protocoles sanitaires que vous nous avez imposés ont tous été respectés et nous n’avons demandé aucun traitement de faveur. Nous ne sommes pas dans le complotisme ou toute autre forme de déni face à cette terrible crise sanitaire. Mais ne nous incitez pas trop à être désobéissants.
Cette décision est absurde et injuste. Nous serons donc fermés car nous ne sommes pas un secteur assez fiable et nous ouvrirons au mieux le 20 janvier (peu probable), ou peut-être en février, au pire après les élections présidentielles en 2022 !

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Un recours commun devant le Conseil d’Etat

Une pétition pour que le spectacle vivant bénéficie des mêmes droits que d’autres enseignes, réouvertes, a déjà été signée par près de 2 000 professionnels. Elle circule avec le texte de l’appel. Pour la trouver : https://framaforms.org/lexception-culturelle-1607811904

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Des bisous ! Des bisous !

Et, puisque le spectacle continue, même en l’absence de spectateurs, soyons légers et continuons de rire. En cette période de Noli me tangere – Ne me touche pas ! la revue Hérodote se penche sur un élément essentiel de notre équilibre affectif : le baiser. Un phénomène français caractéristique – la France serait le pays où on s’embrasse le plus – mais pas seulement : 90% des cultures humaines le pratiquent, avec des modes, il faut bien le reconnaître, très différents les uns des autres. Qu’on calme les tout-petits ou qu’on pratique un French kiss torride, qui brûle des calories et fait travailler le cœur et les poumons en nous réconciliant par là même avec notre moi animal et certaines pratiques de nos amis les singes, y’a pas de mal à se faire du bien. L’activité est hautement emblématique de la civilisation qui le pratique. Symbole du don de vie chez les Anciens Egyptiens, le baiser prend une connotation plus équivoque dans les textes sanskrits du XVe siècle av. J.-C. où il est question de « lécher et boire l’humidité des lèvres ». A Babylone, c’est parce qu’on se respecte qu’on s’embrasse sur la bouche. En Grèce, à part ce coquin de Zeus fort amateur de transports amoureux, on n’embrasse guère, alors qu’à Rome point de passion sans baiser. Les Romains ayant conquis, comme on sait, un vaste empire, le baiser se répand. Il était déjà, chez les Hébreux, le symbole de l’amour de Dieu pour sa créature – il lui avait soufflé dans les narines le principe de vie – mais aussi le signe d’une attirance très humaine, comme dans le Cantique des cantiques. Chez les chrétiens, on hésite entre le baiser de Judas – traîtrise absolue – et le tendre baiser de la Vierge à son fils. Au Moyen Âge, il mélange le geste de bienvenue et la pratique intime – bien sûr, pas au même moment. A la Renaissance, progressivement, le signe de paix et d’hospitalité cède la place à une tournure plus ouvertement amoureuse. Roméo et Juliette, au seuil de leur mort, se donnent un dernier baiser, passionné (qui est peut-être aussi le premier), mais le baiser du loup est fatal au Petit Chaperon rouge du conte de Perrault – qui ne sera pas sauvé par les chasseurs…

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Marque d’amour et de civilité au XVIIe siècle – on s’effleure simplement la joue – il reste chaste mais se fait l’annonciateur d’épisodes plus coquins, ce que la bourgeoisie ne manque pas de fustiger au XIXe siècle et que les romantiques encensent comme la manifestation de la passion. Il se liera à la liberté galante des maisons closes chez Toulouse-Lautrec. Aux poilus amateurs de bisous répond, début XXe, le baisemain de la bonne société. Au cinéma, haro sur le baiser ! Il est censuré ou presque dans les années 1920 – le Code Hays les limite à trois secondes au maximum – et tous les moyens sont bons pour tourner l’interdiction, dont le subterfuge qu’utilise Hitchcock dans les Enchaînés où une séquence de trois minutes de baiser entre Cary Grant et Ingrid Bergmann est entrecoupée par des bribes de dialogue ! Si l’on se réfère aux films de ces dernières décennies, le baiser comme signe érotique a récupéré sa liberté. Nous aimons, comme Brassens, ces « amoureux qui se bécotent sur les bancs publics » et les baisers que nous livrent les photographes des années 1950. On s’embrassait encore encore en Russie ou en Orient – en tout cas avant l’épidémie – pour se souhaiter la bienvenue. Mais patatras ! le virus à pattes qui a nom Covid 19 nous rogne les ailes, nous ferme les cieux que le baiser nous ouvrait et coupe toute velléité de fraternisation, amoureuse ou pas. C’est la cata ! Je barrière, tu barrières, gestes barrières… Ce n’est plus seulement le sein que l’on ne veut plus voir. Les bisous sont-ils définitivement condamnés à mort ? Pas si sûr…

Alice traverse le miroir

Alice traverse le miroir

Du côté des manifestations culturelles

Nous avons parlé dans le précédent numéro du Carnet du colloque sur l’Urgence des arts, réalisé sous la houlette du Théâtre de la Ville, de Télérama et de l’ENS. Du côté du spectacle, Alice fait l’école buissonnière avec ses copines du Magicien d’Oz ou de Zazie

Alice au Théâtre de la Ville : les scolaires aussi…

Alice traverse le miroir de Fabrice Melquiot / Emmanuel Demarcy-Mota, avec la troupe du Théâtre de la Ville. Spectacle tout public à partir de 8 ans

Dans la suite des aventures, l’autre côté du miroir est un peu plus inquiétant que le pays des merveilles. Alice y retrouve les mêmes Reines Blanche et Rouge, encore plus étranges, bavarde avec des fleurs vivantes et un gros Humpty-Dumpty à tête d'œuf, qui prétend que même le sens et la forme des mots sont relatifs. Dans ce monde étrange, tout marche sur la tête : le temps, la mémoire, les distances, le haut, le bas, le réel et le virtuel. Alice vole en apesanteur dans une image d’escalier et rencontre des héroïnes qui pourraient être ses descendantes : Dorothy, née du Magicien d’Oz, Zazie la môme de Queneau, et Rose, une fille d’aujourd’hui. Mais qui est dans le rêve de qui ?

Premier rendez-vous vendredi 18 décembre à 10h avec 500 classes de toute la France. En direct depuis le Théâtre de la Ville-Espace Cardin

Ven. 18 déc. 10h (en LSF) & 19h30 / dim. 20 déc. 15h / Mar. 5 jan. 14h30 / mer. 6 jan 15h / sam. 9 jan. 17h30. Durée 1h15

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De la musique avec RecitHall

RecitHall est un rendez-vous de création musicale sur la Ville de Montreuil conçu et proposé par le chef d'orchestre Mathieu Braud. C’est aussi une plateforme à vocation artistique qui permet aux artistes et organisateurs professionnels de rencontrer leur public sur internet en diffusant des spectacles interactifs, en direct et rémunérés. En ces périodes d’interdiction des représentations publiques, RecitHall propose des contenus pour certains payants, en participation libres ou gratuits. Pas moins de quatorze concerts sont proposés pour clore l’année 2020
Un nouveau partenaire : le CRR de Paris, qui ouvrira sa « web saison » le 18 décembre, en contrepoint du Prix Cortot à l’Ecole Normale. Arièle Butaux reprend le 15 décembre son Salon Idéal en live-streaming, un spectacle mêlant musique classique, jazz et chanson. Les Pianissimes, proposent, le 17 décembre un récital du pianiste Nathanaël Gouin autour de ses deux derniers disques Liszt et Bizet. Le 18 décembre, le Quatuor Voce se produit avec un programme de quatuor à cordes consacré à Beethoven et Debussy. Deux festivals du moment vont se clore : Montreuil à votre portée avec deux rendez-vous de musique contemporaine autour des compositrices Graciane Finzi et Camille Pépin, avec la violoncelliste Delphine Biron et la pianiste Vanessa Wagner ; et Musique aux Mines avec un récital de mélodies françaises du ténor Antoine Normand. Dernières manifestations de l’année : le 20 décembre, Julie Alcaraz et Marion Platero, dans un duo piano-violoncelle étincelant et « Con Fuoco ! » ; puis le pianiste Giancarlo Crespeau avec un récital autour de la Russie Romantique.

Sur https://www.recithall.com/

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Des Nuits de la Lecture pour « Relire le monde »

Du jeudi 21 au dimanche 24 janvier, la cinquième édition des Nuits de la lecture, qui a pour thème « Relire le monde » proposera à la fois des événements physiques – selon les règles qui seront alors en vigueur et un volet numérique. Plus de 1 000 événements sont d’ores et déjà inscrits sur le site :

https://nuitdelalecture.culture.gouv.fr/

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