até aqui tudo bem – danser pour résister, une danse de survie à fleur de peau, née dans les favellas pendant le mandat de Bolsonaro.

Lorsque l’on pénètre dans la salle on est accueilli par une samba brésilienne, chantée en live et accompagnée à la guitare. On passe ainsi en douceur, comme une transition poétique de notre univers quotidien à celui du show. Ce petit moment en suspension est comme une respiration douce. Puis les danseurs et danseuses entrent sur scène les uns après les autres et le spectacle commence sans autre transition.

até aqui tudo bem pourrait être traduit par « jusqu’ici tout va bien » slogan nait dans les favelas sous le mandat de Bolsonaro qui a harcelé et martyrisé les habitants des favelas et les toutes minorités pendant tout son mandat. Il y a eu des disparitions et des arrestations complétement arbitraire et donc ce terme voulait aussi dire « restons vigilants, sur nos gardes » avec un soupçon de soulagement ouf pour l’instant je suis toujours là.

Lors d’un entretien que nous avons eu avec Bouba Landrille Tchouda, il nous a raconté son attirance pour le Brésil avec qui il travaille depuis 1993 pour différents projets. Il a notamment contribué à des projets avec des gamins des rues, projets de collaboration, de « réintégration par la danse », c’est-à-dire considérer la danse comme un outil de resocialisation des enfants des rues, en réinvestissant leur corps d’une part et en créant une synergie de groupe, parfois juste pour leur redonner un peu de courage pour affronter leur journée. Danser pour exister, pour aller mieux. La danse hip hop est devenu, au Brésil, un formidable outil de médiation, une vraie passerelle pour ne pas sombrer dans la délinquance. Le brésil c’est aussi cela jouer sa vie à chaque instant et avancer pas à pas… de danse.

até aqui tudo bem est une danse de résistance.

Bouba Landrille Tchouda créé un hip hop brut, à fleur de peau, métissé comme le Brésil. Il dit lui-même : ‘’J’ai besoin de croiser des gens différents au quotidien. Ma danse est inspirée du melting-pot de la société que j’aime observer ‘’. Le Brésil est le pays du métissage aussi la danse qu’il nous offre, est profondément métissée. Elle va chercher des énergies et des influences bien sûr dans le hip hop dont il est issu mais aussi dans toutes les danses modernes et contemporaines actuelles, telles que le breakdanse, le krump, dans l’énergie des danses des favellas telles que la capoeira et jusqu’au classique avec des portés inspirés par les ballets classiques. Le spectacle est structuré en plusieurs parties complément différentes avec des mouvements où chaque artiste joue sa propre partition et d’autres parfaitement à l’unisson, avec des moments presque abrupts où la danse s’apparente plus à une lutte et d’autres plus sensuels avec des tableaux groupés dans une dynamique beaucoup plus danse contemporaine.

Cette chorégraphie est un travail de groupe, un échange entre le chorégraphe et ses inte«fraîche», énergique, leur culture "métissée", leur engagement social et leur parcours peu rprètes, chacun et chacune jouant et dansant selon sa personnalité et son vécu, Bouba Landrille Tchouda nous dit qu’il a choisi ces danseurs et danseuses pour leur danse banal. Il a gardé de leurs propositions que ce qui faisait sens pour son spectacle avec un attachement plus particulier sur les racines afro - descendantes des danseurs et danseuses. Il se positionne lui -même en tant que chorégraphe franco – africo - brésilien et cette diversité d’origines donne une richesse particulière à ces créations.

Bouba Landrille Tchouda, chorégraphe & directeur artistique a commencé à danser dans la rue à Grenoble dont il est originaire. Puis très vite les évènements tournent en sa faveur. Il rencontre le chorégraphe Jean Claude Gallota et de cette rencontre naît un duo, SMH. En 1995, il fonde sa première compagnie ACA avec un autre danseur hip-hop Habib Adel. Leur première création, Old Up, leur ouvre les portes du secteur professionnel français. IL s’intéresse tout particulièrement à la Capoeira et découvre le Brésil dès 1993. Le Brésil n'est donc pas pour lui une parenthèse, voire une mode passagère, mais bien une véritable histoire fondamentale et fondatrice. En 2005, c’est l’année du Brésil en France il créé Malandragem à la Maison de la Danse à Lyon. En 2009, c’est au tour du Brésil de célébrer la France et le spectacle Meia lua verra le jour au Théâtre Arthur Azevedo à São Luis do Maranhão dans ce cadre.

Il fonde La compagnie Malka en 2001 et poursuit sa réflexion autour du rapprochement des danses, des langages, des communautés, des hommes, à travers l’énergie des danses urbaines.  Il fait partie de ces danseurs-chorégraphes issus de la mouvance hip hop qui a su développer une écriture chorégraphique contemporaine singulière.

En 2015, il est nommé Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
En 2018, il chorégraphie La dernière saison, spectacle du Cirque Plume, notamment présentée à la Villette à Paris. Il participe depuis 1998 à l’aventure de la plus grande parade d’Europe, le défilé de la Biennale de la danse de Lyon pour lequel il invente des chorégraphies de rue participatives avec des MJC et des Centres socio-culturels en Rhône-Alpes et en Suisse. En 2022 Bouba Landrille Tchouda crée Ici ailleurs, avec des danseurs hip hop et traditionnels camerounais, au Théâtre de la ville à Paris, dans le cadre du temps fort Sur la route des chefferies du Cameroun.

Le spectacle « até aqui tudo bem » a déjà été présenté au Brésil à Récife avec une sortie de résidence dans le cadre du Festival Cena Cumplicidades, puis à la Casa Europa à Rio de Janeiro, et en France avec cette sortie de résidence du 16 au 26 juin 2025 au Phare, Centre Chorégraphique National du Havre Normandie / Direction Fouad Boussouf avec la générale du 26 juin. Il doit ensuite retourner au Brésil pour revenir en France.
A bientôt donc.

Distribution

Les 3 danseuses et 4 danseurs : Bruno Azevedo, Pedro Moreira Castella, Aline Correa Carvalho, Renann Eidt da Fontoura, Monique Stéphanie dos Santos Santana, Alexandro Soares, Inaê Silva

Direction artistique & chorégraphie : Bouba Landrille Tchouda

Assistante /répétitrice chorégraphique : Aïda Boudrigua, Jussandra Sobreira

Regard complice sur la dramaturgie : Silvia Soter

Lumière/régie générale : Fabrice Crouzet

Costumes : Claude Murgia assistée de Lylia Bard

Musique : yvan
Photos :  copyright Alice Cohim et les photos ont été prises dans le cadre de la résidence de création de septembre 2024 au Teatro Hermilo Borba Fliho à Recife.

Tournée

le 4 septembre 2025 (à confirmer) au Festival Cena Cumplicidades à Recife
le 2 octobre 2025 au MID Brasilia à Brasilia.

Des prestations sont actuellement en construction dans la continuité avec Armazem Da Utopia.
La Compagnie sera aussi présente lors du festival Danse Métisse début décembre à Cayenne (dates à venir).