4 Octobre 2024
Les Ballets Jazz Montréal nous offre un très beau moment de danse et de musique avec tout le professionnalisme des shows « outre atlantique » allié à l’inventivité des trois chorégraphes internationaux, Andonis Foniadakis, Annabelle Lopez Ochoa et Ihsan Rustem qui ont chacun et chacune donné une originalité et une richesse à ce spectacle délicat et sensible. Une heure trente de pur plaisir.
C’est une reprise de la première version créée en 2017 et approuvée par Léonard Cohen. C’est devenu, vu le succès rencontré, une œuvre emblématique de la compagnie. L’écriture chorégraphique à « trois mains » si je puis dire, du spectacle s’intègre parfaitement et compose une œuvre riche et profonde en parfaite harmonie avec l’univers de ce grand poète contemporain. L’univers musical de cet artiste est jalonné de succès internationaux que le spectacle reprend, de Suzanne (1967) à Hallelujah (1984) en passant par Dance Me to the End of Love (1984) et des titres plus récents, tels que It Seemed the Better Way (2016). C’est un peu comme un ballet mais aussi un concert au final car le public très enthousiaste joue « sa partition » comme à un concert et applaudit après chaque morceau systématiquement pour finir par une standing ovation.
Je dois dire que j’ai pris grand plaisir à retrouver la voix grave et chaleureuse de ce talentueux chanteur, musicien et poète que les seuls accords de guitare sèche accompagnent et mettent en valeur dans de nombreux morceaux du spectacle. Cela donne un côté intimiste et émouvant à cette belle mécanique précise et rigoureuse de la mise en scène et produit une impression de proximité et d’humanité que ses textes réclament.
C’est aussi un très beau moment de danse et il faut donc souligner les performances des quatorze interprètes qui enchaînent des portés vertigineux et des pas de deux incroyables et des mouvements à l’unisson parfaitement réglés. On assiste à une alternance de rythmes et de partitions chorégraphiques parfois parfaitement calées et parfois avec un ton un peu décalé mais toujours pour le bénéfice du propos. Les mouvements de danse relèvent surtout du contemporain avec quelques touches de hip hop et bien sûr une imprégnation classique de base. On est dans un spectacle très cohérent mais également très varié où les scènes s’enchainent et se suivent avec des styles et des rythmes différents au gré des chansons.
C’est jouissif et émouvant. C’est performatif et récréatif bref un très très beau spectacle.
Quelques mot sur les trois chorégraphes.
Andonis Foniadakis est né en à Ierapetra (Crète) en Grèce. Il a étudié la danse dans sa ville natale, puis à Athènes et à l'Ecole Rudra Béjart de Maurice Béjart à Lausanne en Suisse (avec la bourse d'étude Maria Callas) où il a collaboré en tant que danseur. En 2003, il établit sa propre compagnie de danse APOTOSOMA à Lyon en France et y développe des travaux personnels comme directeur artistique, chorégraphe et interprète. En tant que chorégraphe, il mène une carrière internationale et collabore avec de nombreuses compagnie dans le monde entier. Il a aussi chorégraphié deux opéras : "Les Boréades de Rameau" à l'Opéra national du Rhin, "Il Canto de la Pelle" de Claudio Ambrosini pour le GRAMME à Lyon et pour la Biennale Musiques en Scène. En plus de son travail de chorégraphe, il anime des stages basés sur sa propre technique de danse et ses créations chorégraphiques. Il vit et travaille en France et en Grèce.
Annabelle López Ochoa est une danseuse et chorégraphe belgo-colombienne née à Louvain, Belgique. Elle a chorégraphié des œuvres pour plus de quarante compagnies à travers le monde. Elle étudie la danse au Stedelijk Instituut voor Ballet d'Anvers. Ses débuts professionnels se font au sein de deux compagnies allemandes, le « BW Gung Tanztheater » d'Ulm et le ballet du « Heidelberger Stadttheater », avant de rejoindre la compagnie de modern jazz hollandaise « Djazzex » en 1993. En 1997, elle entre au Scapino Ballet Rotterdam et elle y restera pendant sept ans en tant que soliste. C'est en 2003 qu'elle interrompt sa carrière de danseuse pour se consacrer exclusivement à la chorégraphie. Polyvalente, Annabelle López Ochoa crée des chorégraphies pour la danse et pour le théâtre ainsi que pour les créateurs de mode hollandais Viktor et Rolf. Elle vit en ce moment au Pays Bas.
Ihsan Rustem Ihsan Rustem est né à Londres, où il a été formé à la Rambert School of Ballet and Contemporary Dance. De 2000 à 2014, Ihsan Rustem a été danseur au Ballet Theater Munich, à Introdans, au Ballet de Berne, au Tanz Luzerner Theater et à Adventures in Motion Pictures. Il a tenu des rôles dans des créations de Wayne McGregor, Hofesh Shechter, Alexander Ekman, Matthew Bourne, Stijn Celis, Patrick Delcroix, Cayetano Soto, Felix Landerer, Cathy Marston et a travaillé avec les chorégraphes Mats Ek, Jiri Kylián, Paul Lightfoot / Sol Leon, Hans van Manen et William Forsythe, entre autres. Son travail pour le NW Dance Project a été récompensé par de nombreuses distinctions. State of Matter a remporté le Sadler's Wells Global Dance Contest 2012 ainsi que le prix du public au 25e concours international des chorégraphes de Hanovre. Sa chorégraphie « Carmen » a reçu le prix 2017 du choix des lecteurs de Dance Magazine pour la meilleure collaboration. En 2021, il a rejoint le jury du prestigieux Prix de Lausanne.
Il est le Directeur artistique de la compagnie de danse suisse La Ronde, qu’il a fondé en 2020 avec la chorégraphe Cathy Marston. Il est le chorégraphe résident du NW Dance Project à Portland, dans l'Oregon (États-Unis), où il a créé neuf œuvres pour la compagnie. Il a également collaboré avec de nombreuses compagnies internationales.
Quelques mots également sur la directrice artistique de cette version de Dance me : Alexandra Damiani.
Originaire de France, Alexandra Damiani a suivi une formation en danse classique au Geneva Dance Center, puis avec des professeurs du Ballet de l’Opéra de Paris. Elle obtient une bourse d’études à l’école de l’Alvin Ailey American Dance Theater aux États-Unis où elle commencera sa carrière de danseuse-interprète en tant que soliste avec Donald Byrd/The Group ainsi qu’avec la compagnie Complexions, dirigée par Dwight Rhoden et Desmond Richardson. Sa carrière se poursuit à Montréal avec la compagnie RUBBERBAN Dance, puis avec les Ballets Jazz Montréal, sous la direction de Louis Robitaille (2002-2005). Mais avant d’y être nommée directrice artistique au printemps 2021. Elle passera 10 ans avec la compagnie New Yorkaise Cedar Lake Contemporary Ballet (2005-2015), en tant que maîtresse de ballet et ensuite directrice artistique et elle travaillera avec des chorégraphes tels que Sidi Larbi Cherkaoui, Crystal Pite et Hofesh Shechter.
Alexandra Damiani collabore également depuis des années avec le milieu du cinéma, de la télévision et de la publicité. Elle a également joué le rôle de maîtresse de ballet dans le film culte Black Swan de Darren Aronofsky et a également travaillé avec Tanisha Scott sur la performance de Cardi B pour les BET Awards 2019.
Distribution
Musique LEONARD COHEN
Chorégraphie ANDONIS FONIADAKIS, ANNABELLE LOPEZ OCHOA, IHSAN RUSTEM
Sur une idée originale de LOUIS ROBITAILLE
Dramaturgie et mise en scène ÉRIC JEAN
Direction musicale MARTIN LÉON
Conception musicale ALEXIS DUMAIS
Conception scénographie PIERRE-ÉTIENNE LOCAS
Direction technique scénographie ALEXANDRE BRUNET
Conception lumières CÉDRIC DELORME-BOUCHARD, SIMON BEETSCHEN
Conception vidéo HUB STUDIO, GONZALO SOLDI, THOMAS PAYETTE, JEREMY FASSIO
Conception des costumes PHILIPPE DUBUC
BALLETS JAZZ MONTRÉAL
Direction artistique ALEXANDRA DAMIANI
Réalisation des costumes ANNE-MARIE VEEVAETE
Assistance mise en scène ELSA POSNIC
Régie sonore GUY FORTIN
Directeur technique MARCO VARGAS NAVARRO
Chef machiniste DANIEL RANGER
Chef sonorisateur MAXIME LAMBERT
Chef éclairagiste CLAUDE PLANTE
Chef vidéo STEVE MONTAMBAULT
Spectacle créé en 2017 par les Ballets Jazz Montréal
DU 27 SEPTEMBRE AU 5 OCTOBRE 2024 au théâtre du Chatelet