28 Juin 2024
En joie, c’est traditionnellement l’expression qui s’applique à la réaction du public qui assiste aux conférences de Frédéric Ferrer et à son art de chercher avec humour la petite bête. La série d’Olympicorama, outre ses allures de marathon du conférencier, fait aussi place aux sportifs qui ont fait les beaux jours du paysage olympique.
Cela fait pas mal d’années que Frédéric Ferrer transporte sur son dos son projet de mise en jeu des jeux Olympiques. Six ans que l’équipe de la Grande Halle de La Villette lui a proposé de réfléchir à un spectacle sur les Jeux, qui provoque l’idée de le penser comme une série, un immense marathon étalé sur cinq ans dans lequel les disciplines olympiques trouveront leur place mais pas que. Il en privilégiera certaines dont il fera spectacle, les plus anciennes et les plus emblématiques : le marathon, parce qu’il est fondateur des Jeux ; le 100 m, parce qu’il est une discipline reine de la vitesse, le handball, représentatif des jeux de ballon et du sport collectif ; la boxe en tant que sport de combat ; le pingpong pour sa dimension diplomatique ; le saut en hauteur pour les révolutions techniques et technologiques qu’il a engendrées. Un panel non exhaustif mais représentatif, qui porte en lui-même la diversité et la richesse des disciplines olympiques et des approches qu’on peut en avoir.
La taque-taque-taque-tac-tactique d’Olympicorama
L’ambition de Frédéric Ferrer n’est pas mince : traverser toute l’histoire des JO, depuis leur création, attribuée à Iphitos, roi d’Épire, en 776 avant notre ère – et, en remontant dans le temps, à la mythologie, comme un hommage d’Héraclès à son père Zeus – en allant jusqu’à nos jours. Elle se double d’une volonté de donner toutes les dimensions du phénomène olympique, aussi bien techniques, géographiques, économiques, anthropologiques que politiques, philosophiques, éthiques, culturelles ou sociologiques. Bref, en intégrant pour chaque épisode de cette déclinaison de l’ensemble « Jeux » une histoire du monde en raccourci.
Entre spectacle, conférence et rencontre/débat
Dans sa conférence, Frédéric Ferrer, comme dans ses spectacles précédents, traite avec humour et fantaisie le sujet qu’il choisit et le ponctue de projections « didactiques ». Il en tire avec une ostensible malice anecdotes insolites et réalités cocasses, faits avérés et légendes, vérités et faux-semblants au point qu’il devient impossible de démêler le vrai du faux. Mais il ne se contente pas de cela. Il corse encore davantage l’affaire en invitant, à chaque représentation, pour passer d'une fiction qui fait son miel de la réalité à la réalité même, un ou des sportif.ves de haut niveau dans la discipline qui fait l’objet du spectacle. On y discute carrière et expérience de vie, préparation et technique, entraînement et compétition, on taille en pleine pâte du vivant. La dernière partie, consacrée à un débat avec le ou les invité.es, achève de placer les spectacles sous le thème de la rencontre. À celle de l’auteur avec son sujet, puis avec l’un de ses inspirateurs, elle relie ensuite le sportif au public. C’est dans une véritable course contre la montre pour tout dire et tout caser que Frédéric Ferrer, le nez sur son chrono, aligne à bride abattue les petits faits et les grands exploits de cette distrayante promenade.
La vie la légende
Avec un sens du divertissement hors pair, Frédéric Ferrer nous entraîne sur les traces de l’empereur Théodose, converti au christianisme, qui interdit les Jeux pour polythéisme en 393. Il s’amuse et nous amuse de l’agonie olympique qui la suit et dont l’origine viendrait du grec « agôn » qui signifie « lutte ». Il s’esbaudit des petites tricheries d’un Pierre de Coubertin amoureux de l’antique, qui n’est pas à la source de la reviviscence des Jeux, déjà remis au goût du jour dans l’Olympiade de la République des années 1797-1799 puis un peu partout dans le monde au XIXe siècle, pas plus qu’il n’est l’inventeur de la formule « Plus vite, plus haut, plus fort » ou de « L’important, c’est de participer ». Il raille aussi gentiment l’écrivain Coubertin qui, pour inclure la présence de disciplines artistiques, se fend d’une Ode au sport aux JO de Stockholm en 1912, publiée sous un double pseudonyme emprunté à deux villages de la région alsacienne de sa femme. Il montre comment l’olympisme se fait miroir du monde et dresse la liste des disciplines qui apparaissent ou disparaissent selon les époques. C’est ainsi que des « sports » savoureux, tels le jeu de croquet ou le polo-bicyclette, tombent aux oubliettes.
Le marathon et ses succédanés
Frédéric Ferrer ne procède pas autrement avec le marathon, qui ouvre les Jeux Olympiques. Il en souligne les différentes origines possibles, qui mettent en scène le pauvre soldat Philippidès. Chargé dans un premier cas d’annoncer la victoire des Grecs contre les Perses à Marathon, il meurt d’épuisement à son arrivée à Athènes après avoir accompli la tâche dont on l'avait chargé. Mais Hérodote le transforme en véritable forçat de la course en lui confiant la mission de rechercher l'aide de Sparte sollicitée par les Athéniens. Entre les 42 km de Marathon-Athènes et les 246 km qui séparent Athènes de Sparte, c’est plus qu’un petit écart, et les deux trajets donneront naissance à deux disciplines : le marathon et le spartathlon, une course d’ultrafond. Le conférencier s’interrogera sur le fait que le marathon n’a pas exactement la distance qu’il devrait voir, sur les raisons médicales de la mort du soldat ou sur les conditions de ravitaillement des coureurs tout en se référant à un autre conférencier, antique celui-là, Lucien de Samosate, aussi fantaisiste et ironique que satirique, inventant de toutes pièces une course inexistante.
Roland Vuillemenot, un champion au long cours
C’est un personnage hors du commun qui s’installe ensuite sur scène pour parler de sa carrière de coureur d’ultrafond. Un homme de près de 80 ans qui accomplit encore, chaque semaine, ses 80 km, sans compter les sorties à vélo. Un grand bonhomme tout simple avec une légère pointe d’accent, originaire de Haute-Savoie, multi champion du monde sur des distances fréquentes de 100 km, voire davantage. Roland Vuillemenot raconte et son récit a une saveur que ne pourrait rendre aucun témoignage rapporté. Comment il est passé par le plus grand des hasards du vélo à la course, son impossibilité de descendre les escaliers autrement qu’à reculons après avoir fait son premier 100 km, qu’il est malade quand il ne court pas, qu’il a la compétition dans le sang, qu’il continue, à son âge, à vouloir enchaîner les records. Il raconte comment, lui, le mauvais à l’école qui n’aimait pas le sport, a fait pour s’entraîner de manière intensive alors que la course ne pouvait le faire vivre. Et celui qui estime avoir fait deux fois le tour du monde en courant, qui a le cœur à 40 (battements par minutes) au repos et qui « r’garde pas trop » l’état de ses pieds et encore moins le paysage – « Ceux qui r’gardent, y z’avancent moins vite » – nous donne une belle leçon d’opiniâtreté et de passion.
Olympicorama, le final
S De et avec Frédéric Ferrer S Recherchiste et dramaturge Clarice Boyriven S Régie générale Paco Galan S Avec, selon les spectacles, invité·e·s Roland Vuillemenot (multi-marathonien), Mélanie Skotnik (saut en hauteur), Rakia Rezgui (handball), Ayodele Ikuesan (sprinteuse), Sofia Nabet (boxe anglaise), Christophe Legoût (tennis de table) S Production du cycle Olympicorama Production Vertical Détour S Coproduction La Villette, Paris (75) dans le cadre du programme de soutien à la création Initiatives d’Artistes et Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne (CH) pour les épreuves 10 (Le quatre de couple sans barreur-se) et 13 (le pistolet tir rapide 25 mètres et la carabine) S Avec le soutien du Vaisseau – fabrique artistique au Centre de Réadaptation de Coubert (77) S Autres soutiens Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry et de la Savoie (73) dans le cadre du projet Corpo Links Cluster programme de coopération Territoriale Transfrontalière INTERREG V A - France - Italie (ALCOTRA) pour l’épreuve 5 (Le handball) S La compagnie Vertical Détour est conventionnée par le Département de la Seine et Marne, la Région et la DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication. Elle est en résidence au Centre de Réadaptation de Coubert – établissement de l’UGECAM Île-de-France S Durée 2h S À partir de 14 ans
Olympicorama - le Final c’est 6 jours avec 6 épreuves pour célébrer 6 années !
Grande Halle de La Villette, salle Boris Vian - 211 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris
Du 25 juin au 6 juillet 2024
> Mardi 25 juin 2024 à 20h Le Marathon
> Jeudi 27 juin 2024 à 20h Le Saut en hauteur
> Samedi 29 juin 2024 à 18h Le Handball - représentation en LSF
> Mardi 2 juillet 2024 à 20h Le 100 mètres
> Jeudi 4 juillet 2024 à 20h La Mouche et le super-lourd
> Samedi 6 juillet 2024 à 18h Le Tennis de table
Le Marathon. Mardi 25 juin 2024 à 20h
Avec en invité Roland Vuillemenot multi-marathonien et champion du monde du 100 km. Où il sera question notamment d’Athènes et de Philippidès, d’Hérodote et de la bataille de Marathon, de 42,195 km et du temps qu’il faut pour les parcourir, de tradition et de modernité, de course de fond et de foulée, des hauts plateaux et des mythes, du Kenya et de l’Éthiopie, d’histoires d’hommes et de femmes, avec héros, triches, exploits, dépassements de soi et des autres, records et tragédies.
Le Saut en hauteur. Jeudi 27 juin 2024 à 20h
Avec en invité·e·s Mélanie Skotnik, championne et recordwoman française, Dominique Hernandez, Conseiller Technique National etc., coresponsable hauteur Elite France, et Dorian Hugonnet, finaliste des Championnats de France Infor Cadets et Junior, avec la participation de Serge Garcin. Où il sera question notamment de la barre, de courses d’élan et de pied d’appel, de franchissements, de ciseaux et de rouleaux, du costal et du ventral, de Fosbury et de records imbattables.
Le Handball. Samedi 29 juin 2024 à 18h
Avec en invité·e·s Rakia Rezgui, Capitaine de l’équipe nationale de Tunisie et Kevin Decaux, entraîneur de la Fédération Guinéenne de Handball. Où il sera question notamment d’un ballon, joué à la main, dans une aire de jeu, avec des lignes, des zones, deux buts et deux équipes de 7 joueurs / joueuses qui s’affrontent, afin de défendre et marquer des buts justement, en utilisant pour ce faire différentes techniques qu’il nous faudra analyser, dont par exemple – et non-exhaustivement – le tir dans le dos, le tir à la hanche, le chabala, le kung-fu, la roucoulette, le schwenker et la Yago. Représentation en LSF
Le 100 mètres. Mardi 2 juillet 2024 à 20h
Avec en invitée Ayodele Ikuesan, sprinteuse française, spécialiste du 60m et du 100m, qui se prépare actuellement aux JO 2024. Où il sera question notamment de starting blocks et de faux départ, de la Jamaïque, de l’éclair Usain, de la Reine Merlène et de la Reine Christine, de Jesse Owens et d’Hitler, et d’autres sprints encore sans doute, comme le 200 mètres, les haies et le relais, avec poings levés sur podium et métabolisme anaérobie alactique.
La Mouche et le super-lourd. Jeudi 4 juillet 2024 à 20h
Avec en invité·e·s Sofia Nabet (boxe anglaise), championne de France de boxe professionnelle en 2022 et Adji Sangaré (boxe anglaise), ancien boxeur olympique, médaillé à l’international et boxeur professionnel depuis 2019. Où il sera question notamment de ring et de cordes, de combat et de round, de gants et de bandages, de coups de poing direct et de crochet, d’uppercut et de swing, d’attaque et de contre-attaque, de défense et de garde, avec dégagement, couverture, parade, opposition, riposte, jeux de jambe et KO, et pourquoi pas du pugilat aussi, et de Cassius Clay à coup sûr, le champion olympique devenu « The Greatest », la légende Mohamed Ali.
Le Tennis de table. Samedi 6 juillet 2024 à 18h
Avec en invité Christophe Legoût, multiple champion de France en simple et en double, champion d’Europe par équipe, vainqueur de la ligue des champions et vice-champion du monde par équipe. Où il sera question notamment du ping et du pong, de table et de raquette, de balle et de filet, de celluloïd et de caoutchouc, de plastique et de picots, de colle et de mousse, de la Chine et encore de la Chine, du marteau et de la bombe, de top, de flip, de sidespin et de contretop, et d’autres effets encore sans doute, avec Mao Zedong, Richard Nixon et la diplomatie du ping-pong en ligne de mire.
TOURNÉE
28 juin 2024 à 20h30 - Le 100 mètres - Dammarie-les-Lys (77)
10 juillet à 19h - Le Breaking et tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur d’autres choses - Lille (59)
11 juillet à 19h - La Mouche et le super-lourd - Lille (59)
12 juillet à 20h30 - Le Saut en hauteur - Plessis-Feu-Aussoux (77)
13 juillet à 19h30 - Le Handball - La Ferté-sous-Jouarre (77)
16 juillet à 20h30 - Le 400 mètres - Nangis (77)
17 juillet à 20h - Le Quatre de couple sans barreur·se - Jaulnes (77)
18 juillet - La Mouche et le super lourd - Buthiers (77)
19 juillet à 20h - L’Haltérophilie - Rebais (77)
22 juillet à 20h - Le Disque - Courtry (77)
23 juillet à 20h30 - Le Tennis de table - Villemer (77)
24 juillet à 20h30 - La Voie de la souplesse - Ocquerre (77)
10 septembre à 20h - Le Marathon - Coubert (77)
11 septembre à 20h - Le Fleuret, le sabre et l’épée - Saint-Fargeau-Ponthierry (77)
12 septembre à 20h - Le Sol, le parallèle et l’asymétrique - Meaux (77)
13 septembre à 20h - Le Tennis de table - Provins (77)
24 septembre à 19h - Le Quatre de couple sans barreur·se - Marseille (13)
18 octobre à 20h - La Mouche et le super-lourd - Pont-Audemer (27)
19 octobre à 20h - La Voie de la souplesse - Pont-Audemer (27)
20 octobre à 16h - Le Marathon - Pont-Audemer (27)
21 janvier 2025 - Le Breaking et tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur d’autres choses - Mont-Saint-Aignan (76)