Portrait – un très beau moment de danse millimétrée et sensible.

Tout le spectacle se passe autour d’un rectangle noir dessiné sur la scène qui sert de table, de couloir, de piste de danse,  d’aire de jeux, bref c’est le centre vital de la chorégraphie. Neuf interprètes d’horizons divers, petits, grands, hommes, femmes, jeunes, âgée et bien sûr multidisciplinaires et multiculturels vont nous régaler pendant presque une heure avec une danse riche, chargée d’émotions et réglée au millimètre.

Mehdi Kerkouche nous invite à un portrait de famille contemporaine, au travers d’une mosaïque de tempéraments et d’énergies,  comme une sorte d’album de photos de famille que l’on regarderait ensemble et que chacun commenterait avec sa version des faits ou ses souvenirs et émotions. Ce sont les histoires de chacun et chacune qui vont et viennent et grandissent l’un par l’autre, avec les autres ou l’un sans l’autre. Bref chacune et chacun s’y retrouve et ces petites histoires de tous les jours parlent à tout le monde. C’est une série de mini-scènes d’interactions entre différents personnages. Les séquences s’enchainent avec une grande précision et mélangent les techniques de plusieurs danses hip hop, street jazz, contemporain, break. Désormais, toutes ces techniques des danses venues de la rue sont intégrées à l’alphabet des chorégraphes et ont toutes leur place sur scène. L’intelligence et la sensibilité de Mehdi Kerkouche est d’en faire un tout cohérent et sensible qui nous tient du début à la fin.

J’aurai cependant un petit bémol sur l’image de la « mama », cheveux gris et chemise de nuit car elle dénote au milieu des autres interprètes, non par sa danse car elle apparaît à chaque fois souriante et bienveillante mais par son allure. Les autres interprètes changent plusieurs fois de costumes mais jamais elle. Donc soit c’est une sorte de fantôme bienveillant et je préfère cette interprétation soit une caricature de la vieillesse qui m’a un peu agacé. Cependant il faut noter que faire danser des interprètes âgées fait aussi parti de l’inclusivité des spectacles et c’est donc une bonne chose.

Mehdi Kerkouche est un touche à tout génial avec un leitmotiv cependant qui est de faire travailler le collectif. Ainsi, il collabore sur de nombreuses émissions de télévision en France et en Europe, pour des défilés, ainsi que pour des publicités. Il joue et chante également dans des comédies musicales, accompagne des artistes comme Christine And The Queens et joue au cinéma le rôle de Karim dans le premier long métrage de Ladislas Chollat, LET’S DANCE. En 2017, il monte la compagnie EMKA avec l'envie de connecter les artistes rencontrés sur ses précédents projets dans des créations mêlant énergie et poésie.

Il reçoit le « Coup de cœur » du jury du défilé chorégraphique du Festival Karavel en 2018 avec son solo MUTE. Puis il monte DABKEH, pièce dans laquelle il revisite cette danse puissante et festive du Moyen-Orient avec un regard contemporain et la présente dans de nombreux festivals en France et en Europe. Pendant le confinement il a été très actif en montant différents projets tel que « on danse chez vous » qui a été un vrai succès en fédèrant sur les réseaux sociaux 70 danseurs et chorégraphes pour venir en aide au personnel soignant pendant la crise de la COVID-19.
Le 1er janvier 2023, Mehdi Kerkouche a pris la direction du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val de Marne. Sa posture est simple : tout le monde peut danser.

A voir ou à revoir donc puisque c’est une reprogrammation.

Distribution

Chorégraphie Mehdi Kerkouche
Assistante à la chorégraphie Alexandra Trovato
Musique Lucie Antunes
Lumières Judith Leray
Scénographie Mehdi Kerkouche et Judith Leray
Costumes Guillaume Boulez assisté de Patrick Cavalié et Céline Frécon
Maquillages Sabine Leib
Coaching vocal Nathalie Dupuy
Régie générale / son Frédéric Valtre
Danseurs Micheline Desguin, Matteo Gheza, Jaouen Gouevic, Lisa Ingrand Loustau, Shirwann Jeammes, Sacha Neel, Amy Swanson, Kilian Vernin, Titouan Wiener Durupt

Tournée

Février
Pully (CH) – L’Octogone : 02.02
Romans-sur-Isère (26) - Théâtre des Cordeliers : 06.02
Saint-Louis (67) – La Coupole : 10.02

Mars
Arcachon (33) – Théâtre Olympia : 05.03
Herblay (95) – Théâtre Roger Barrat : 15.03
Vannes (56) – Scènes du Golfe : 20 et 21.03
St Médard en Jalles (33), Carré Colonnes, Scène Nationale : 23.03
Le Vésinet (78) – Théâtre du Vésinet : 27.03

Avril
Vélizy-Villacoublay (78) – L’Onde Théâtre : 04.04
Niort (79) – Moulin du Roc, Scène Nationale : 11.04
Perpignan (66) – L’Archipel, Scène Nationale : 14.04
Cergy (95) – Points Communs, Nouvelle Scène Nationale : 25 et 26.04

Mai
Le Perreux (94) – Centre Des Bords de Marne : 14.05
Lyon (69) – Maison De la Danse : 22-23-24.05