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Arts-chipels.fr

Oiseau. Des mots sur les morts.

Phot. © Isol Buffy

Phot. © Isol Buffy

Dans ce spectacle malicieux et plein de vie, les enfants se font les guides des adultes sur le chemin des morts. La mort en ce jardin prend des couleurs inusitées, mâtinées d’humour, pour apprivoiser la peur et l’angoisse.

Ni univers enfantin ni décor suggérant l’enfance pour ce spectacle familial ouvert aux enfants à partir de neuf ans. Juste une table et deux comédiennes plus dans leur prime jeunesse qui s’emparent du plateau. Les enfants, tout de même, on les verra apparaître sur un écran dans le cours de la pièce, témoins insouciants et inspirateurs du spectacle qui leur est proposé. Il faut dire que le sujet a de quoi susciter une certaine appréhension, voire un peu de peur. Car il ne s’agit de rien moins que de parler de la mort. Un thème on ne peut plus d’actualité quand la longue litanie des décédés qu’on consultait chaque soir en surveillant les courbes de mortalité pendant l’épidémie de covid reste présente dans les mémoires. Un traumatisme rémanent, parfois non exprimé. Parce qu’en Europe, la mort reste un sujet tabou, qu’on évacue le plus souvent et sur laquelle règne un silence embarrassé.

Phot. © Christophe Raynaud de Lage

Phot. © Christophe Raynaud de Lage

Face à la mort, établir le contact

Le spectacle met d’emblée les pieds dans le plat. « Comme Mustafa, vous avez perdu votre papa ? Ou votre chien, comme Paméla ? » Puisque les adultes ne fournissent pas de réponse vraie à ce qui se passe après, les enfants s’en chargeront. Il suffit de se laisser guider par la petite Françou, six ans, qui rend visite aux morts tous les mercredis. La bonde est ouverte et, pour revoir ses proches disparus, humains comme animaux, même si ce n’est pas franchement sécurisant  et qu’on a un peu d’appréhension, on y va ! Au grand dam des adultes, effarés par la tournure des événements. Et ils se liguent tous pour rétablir la « vérité ». Parents et enseignants réunis, instances scolaires comprises… Parce que les adultes, c’est bien connu, ça croit savoir mais ça sait pas.

Au jeu de rôles du « si j’étais »

Alternant chansons et jeux scéniques, les deux comédiennes passent d’un rôle à l’autre, parfois même intervertissent leurs rôles sur un air de « Moi, je fais tel personnage », tout en continuant à s’exprimer comme les grandes personnes qu’elles sont. Elles jouent à jouer comme les enfants ont coutume de le faire en appliquant le principe aux rôles d’adultes, sans toutefois chercher à imiter les attitudes enfantines ou à travestir leur voix. Elles parlent en anglais, en pure perte, pour éviter que les enfants comprennent, elles trimballent des véhicules-jouets pour fabriquer un enterrement sur fond de paysage filmé, elles se métamorphosent en inversant leurs rôles sans cesser d’être ce qu’elles sont : des conteuses.

Phot. © Christophe Raynaud de Lage

Phot. © Christophe Raynaud de Lage

Désacraliser la mort pour l’apprivoiser

Le hiatus entre ces dames respectables et le discours qu’elles tiennent engendre inévitablement le rire. Car sur la sellette, les adultes en prennent pour leur grade ! Dirigistes comme tout bon enseignant, un peu paumés comme ces parents qui ne savent comment traiter ces dialogues d’outre-tombe, ils auront en plus à faire face à une initiative des enfants plutôt décoiffante : partager avec les morts une fête dans le cimetière, avec kermesse et saucisses grillées… et comme ils ont, ces enfants, de l’enthousiasme à revendre et une conviction ancrée en eux, qui sait s’ils ne pourront pas contaminer les adultes ?

Toutes générations confondues, les spectateurs s’amusent beaucoup de ce portrait gentiment ironique du monde des adultes, interprété aux deuxième degré par des représentantes éminentes de cette classe d’âge. Mais on n'oublie pas que dédramatiser sans évacuer ni faire silence et mettre des mots sur les maux sont les règles qui régissent la pièce et auxquelles tous sont sensibles. Le message de cette fable joyeuse et pleine de fantaisie, c'est, finalement, que la mort c'est aussi la vie...

Phot. © Christophe Raynaud de Lage

Phot. © Christophe Raynaud de Lage

Oiseau d' Anna Nozière (éd. Théâtrales Jeunesse)

S Écriture et mise en scène Anna Nozière S Avec Kate France et Sofia Hisborn S Voix de Loubna Dupuis Putelat et Samuel Simon et à l'image Walid Riad et les enfants du Centre socioculturel Courteline S Assistants à la mise en scène Steve Brohon et Yohanna Fuchs S Scénographie Alban Ho Van S Assistante scénographie, vêtements et objets Emma Depoid S Régie générale et plateau Louisa Mercier S S on Nicolas De Gélis S Lumière Mathilde Domarle S Conseil artistique Patrick Haggiag S Régie son en tournée Aoife O' Connel S Régie lumière en tournée Benjo Trottier S Régie générale et plateau en tournée Julien Bouvier S Conseil en stratégie et développement Anne de Amézaga S Administration Audrey Gendre S Logistique de tournée Floriane Brault S Équipe du petit film - Réalisation Anna Nozière , assistante réalisation et régie de tournage Heiremu Pinson , images et montage Yannis Pachaud , avec Walid Riad, et des enfants de l'association socioculturelle Courteline et des ateliers du Théâtre des 3 Clous encadrés par leurs animateurs et parents, en collaboration avec Romain Dugast , responsable de l'association socioculturelle Courteline, et le Théâtre des 3 Clous  S  Avec la participation de l'Alliance Funéraire de Touraine – Annabelle Cazé S Remerciements à Ali Larbi et le Centre social Pluriel(le)s,Ted Toulet, Steve Brohon, Geneviève Thomas, Audrey Gendre, Clarisse Pajot, Brigitte Cousin et à la Ville de Tours S Production la POLKa S Coproductions  (en cours) l 'Espal - Scène nationale du Mans et le CRPJ72 Réseau Jeune Public en Sarthe, l'Olympia - CDN de Tours, le Théâtre d'Arles, La Mégisserie - scène conventionnée de Saint Junien, le ThéâtredelaCité - CDN de Toulouse Occitanie, Le Lieu - Saint Paul de Serre, le TNBA - CDN de Bordeaux, l'OARA - Office artistique pour la région Nouvelle Aquitaine, l'IDDAC, avec l'Aide à la création Artcena et l'Aide au projet DRAC Nouvelle Aquitaine S Résidences SACD, Le Carroi - Théâtre municipal de La Flèche, L'Azimut - Scène conventionnée de Chatenay-Malabry, Le Lieu - Saint Paul de Serre, L'Espal - Scène nationale du Mans, le ThéâtredelaCité - CDN de Toulouse Occitanie, Le Théâtre au Fil de l'eau - Pantin S Avec la participation artistique du JTN et de l'ENSATT et le soutien de La Chartreuse – CNES S Oiseau est lauréat de la Bourse de création du CNL (avec Esprits , les deux formant un diptyque), de l'Aide à la Création de textes dramatiques Artcena, du Prix PLatO 2021 pour les écritures de jeunesse, du Prix Text'Enjeu Etudiants S Création 2023 au ThéâtredelaCité - CDN Toulouse Occitanie S Dès 9 ans S Durée 1h15

TOURNÉE

Du 18 octobre au 3 novembre 2024 PARIS (75019) , Théâtre Paris-Villette

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