25 Janvier 2024
Cela commence comme un feu dans la nuit, une lumière dans le noir, des silhouettes qui passent et un cercle qui se forme petit à petit. Les dix danseuses commencent à tourner et ne s’arrêteront qu’une heure plus tard.
C’est une course folle, une cérémonie joyeuse et intense à la vie, à la féminité, à l’énergie vitale. Les danseuses tournent en cercle parfois sur deux cercles concentriques dans le même sens, parfois en sens inverse, parfois à l’unisson, parfois déstructuré. Cet élan incroyable, cette ode à la femme est la nouvelle création de Fouad Boussouf.
C’est un spectacle qui revivifie car il est tourné vers l’énergie brute, vers l’élan vital qui vient de nos origines. C’est un spectacle qui parle à nos corps, qui parle de notre histoire, de notre passé mais aussi de notre présent et de la joie de vivre et de bouger. Se sentir vivante dans son corps, bouger pour exister, danser pour vivre. On se reconnecte avec les forces telluriques de la nature dans un épanouissement primaire de nos sens. La musique le mouvement et la joie. C’est un spectacle qui est profondément joyeux, tourné vers la vie et la dynamique de vie, ce qui n’est pas forcément toujours le cas dans les spectacle en ce moment.
Le feu, le cercle autour du feu est l’élément central du spectacle. Cette image nous remonte loin à nos origines et nous entraîne dans un passé mythique, un passé dont nous ignorons tout mais que nous pensons connaitre intuitivement.
C’est une incroyable performance qu’il faut souligner. Les dix danseuses tiennent un rythme infernal pendant une heure, avec une dextérité puissante elles enchainent les mouvements à l’unisson lorsqu’il faut l’être, chacune à son rythme parfois, toujours juste et précises. Bravo à elles.
Le chorégraphe Fouad Boussouf a passé ses premières années dans un village marocain, isolé de la région de Moulay Idriss. Cette enfance dans cet environnement naturel, ponctué de fêtes familiales a forgé son imaginaire et ses racines, qu’il nous restitue inconsciemment ou non d’ailleurs dans ses spectacles. On est loin, on est dans un ailleurs mais qui cependant nous parle « à l’oreille », de nous et de nos sentiments. On est fasciné, comme hypnotisé par ces mouvements circulaires. C’est intense et envoutant.
À l’âge de sept ans, il s’installe en France à Romilly-sur-Seine près de Troyes. Il s’initie au hip hop, il suit des cours d’arts circassiens à Châlons-en-Champagne (célèbre école). Il arrive à Paris en 2000 et entame un cursus en sciences sociales à l’université de Paris XII Créteil tout en donnant des cours de Street dance. Dans ces années-là, Il est notamment interprète pour Farid Berki et Pierre Doussaint. Après avoir soutenu un DESS sur la danse hip hop, il part pour un road trip de sept mois en Australie, début d’un cycle mariant voyages et activité de pédagogue qui le conduira également en Égypte et en Russie. Au retour, il fonde à 27 ans la Cie Massala. Et en en 2010 sa première pièce de groupe, Déviations.
Il utilise le vocabulaire hip hop au service de ses différents projets, mais il va chercher une structure et des figures aussi dans la danse contemporaine et dans diverses sources d’inspiration. Au fil des années, il affirme une écriture basée sur la spontanéité du geste et sur un mouvement continu, une sorte de boucle sans fin qui ne s’arrête jamais comme dans Fêu justement où les danseuses tournent et tournent inlassablement. Ces deux dernières pièces Näss (Les Gens) en 2018, puis Oüm (2020), en hommage à Oum Kalthoum, imposent le chorégraphe sur la scène internationale. Depuis il explore aussi d’autres univers tel que des installations Arts plastiques avec le sculpteur Ugo Rondinone pour l’installation vidéo Burn to shine (2022) au Petit Palais à Paris et pour la pièce Vïa (2023) avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève, sur une commande de Sidi Larbi Cherkaoui.
Dans ce spectacle Fêu, on est invité à une célébration joyeuse et bouillonnante, pleine d’exubérance et d’émotion.
C’est envoutant et fascinant un peu hypnotisant mais très revitalisant. Eclatant !
Distribution :
Direction artistique et chorégraphie : Fouad Boussouf
Direction artistique et chorégraphie : — Le Phare – CCN du Havre Normandie
Avec : Serena Bottet
Avec : Filipa Correia Lescuyer, Léa Deschaintres, Rose Edjaga, Lola Lefevre, Fiona Pitz, Charlène Pons
Avec : Manon Prapotnich
Avec : Justine Tourillon
Avec : Valentina Rigo
Composition : François Caffenne
Assistanat à la chorégraphie : Natacha Balet
Costumes : Gwladys Duthil
Scénographie : Aurélie Thomas
Création lumière : Lucas Baccini Production Le Phare, centre chorégraphique national du Havre Normandie
Coproductions La Biennale de la danse de Lyon / Le Quartz scène nationale de Brest / Le Volcan, scène nationale du Havre / Maison de la musique de Nanterre – Scène conventionnée d’intérêt national – art et création – pour la musique / Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines - scène nationale / Equinoxe, Scène nationale de Châteauroux
Soutien en résidence Le Volcan, scène nationale du Havre
Tournée :
du 18 au 21 octobre au Théâtre du Rond-Point et en tournée nationale !
vendredi 10.11.2023 — Le Figuier Blanc - Argenteuil (92)
mardi 21 + mercredi 22.11.2023 — Le Volcan - Scène Nationale du Havre (76) dans le cadre du Festival Plein Phare
vendredi 15.12.2023 — Scène de Bayssan - Bézier (34)
mercredi 20 + vendredi 22.12.2023 — Le Quartz - Scène Nationale de Brest (29)
vendredi 02 → samedi 03.02.2024 — Théâtre de St-Quentin-en-Yvelines (92)
mercredi 07.02.2024 — Le Cratère - Scène Nationale d'Alès (30)
vendredi 09.02.2024 — Théâtre de Nîmes (30)
vendredi 08.03.2024 — Théâtre Jean-Vilar - Vitry-sur-Seine (94)
vendredi 12.04.2024 — Festspielhaus - St-Pölten [Autriche]
samedi 20.04.2024 — La Passerelle - Scène Nationale St-Brieuc (22)
vendredi 26.04.2024 — Concertgebouw - Brugge [Belgique]
mercredi 29.05.2024 — Théâtre d'Orléans - Scène Nationale (45)
vendredi 31.05.2024 — Équinoxe - Scène Nationale de Châteauroux (36)