19 Septembre 2023
Le spectacle paradoxalement commence par une fin. La fin de la promenade que la chorégraphe et les danseurs et danseuses et des spectateurs/ trices ont fait ensemble pendant trois heures dans les rues de Paris. Ils arrivent par la porte du fond de scène, un peu rouge et très calmes. Lisbeh Gruber parle de ces promenades avant spectacle comme faisant partie de la préparation des interprètes , marcher ensemble prépare au spectacle. Cette marche permet une connexion, « c’est une préparation pour recevoir quelque chose » … Les interprètes sont dans un état plus calme plus réceptif. Et ainsi, elle dit qu’après ils et elles dansent beaucoup mieux.
Et c’est tout doucement que le spectacle se met en place. C’est fluide et léger. Cela commence par une danse immobile, un mouvement perpétuel initié par deux danseuses, piliers en somme de cette entrée en matière si je puis m’exprimer ainsi. Tous les autres reprennent petit à petit ce mouvement qui devient le rythme, la base de tous les mouvements. De ce mouvement « socle » petit à petit le rythme s’accélère, les interactions avec les autres danseurs et danseuses deviennent plus frénétiques. On se cherche et on se bouscule. On se retrouve et on se quitte. On se heurte et on s’enlace. Des alliances se font et se défont jusqu’au point culminant où tous et toutes se retrouvent mélée.es , mélangé.es, interconnecté.es, ensembles dans un grand amoncellement de corps.
La deuxième partie, pour moi est vraiment magnifique. Cette scène est un moment de paix, où les corps trempés de sueur, se frôlent et se lovent avec une langoureuse tendresse. Les corps s’effleurent, se caressent. C’est une ode à la tendresse, une ode à l’amour entre deux êtres, qui s’aiment en toute confiance. Les danseurs et danseuses deux par deux s’enlacent et s’étreignent puis se quittent et vont vers d’autres. C’est la rencontre universelle des êtres vivants.
Lisbeth Gruwez dit de son spectacle qu’elle essaie de donner une voix à la nature, aux éléments naturels … On se cherche , on se frôle , on se trouve on se chasse, on se fuit. C’est parfois très intense jusqu’à la violence mais c’est aussi particulièrement tendre et langoureux. C’est un peu comme un immense acte sexuel avec la nature… Les interprètes cherchent le côté organique des choses, au fond d’eux- même mais aussi dans leur imagination et dans leurs représentations. Ce spectacle est en symbiose avec nos émotions quelles qu’elles soient.
Et puis, il y a la musique de son partenaire de toujours Maarten Van Cauwenberghe. C’est un duo depuis de nombreuses années inséparables sur de nombreux spectacles. Elle parle d’une construction ensemble. La musique est une organisation du temps donc un vrai partenaire pour la chorégraphe. La musique est le premier art qui fait bouger, qui joue avec les émotions. Et c’est ce qu’est aussi la danse et particulièrement cette chorégraphie qui va chercher une résonnance au fond de nous.
La musique a était créée avec des bruits extérieurs, déformés, travaillés et réinterprètes. La base du travail de Lisbeth Gruwez est bien l’intégration pour mieux transfigurer presque. Elle digère les choses pour mieux les restituer dans sa danse. Elle dit de son travail « Apprendre les gestes, les intégrer et les ressortir. Les répéter et les répéter encore et encore et ensuite seulement ils ressortent à ma façon… Je fais cela aussi avec les danseurs. C’est long, ils doivent exécuter avec leur sens et avoir beaucoup de patience.
Lisbeth Gruwez commence la danse par une formation classique dès l'âge de six ans . Puis elle intègre pour un an seulement le P.A.R.T.S. d'Anne Teresa De Keersmaeker pour son cycle de formation. Ensuite elle débute comme danseuse au sein de la compagnie de Wim Vandekeybus. Après seulement une année encore elle décide de travailler avec Jan Fabre. avec lequel elle interprètera deux pièces importantes, Tant que le monde a besoin d'une âme de guerrier et Je suis sang créé au Festival d'Avignon. Elle travaille ensuite pour d'autres chorégraphes flamands ou de la scène flamande.
En 2006, elle crée avec le musicien et compositeur Maarten Van Cauwenberghe la compagnie Voetvolk.
Distribution
Avec Lisbeth Gruwez, Maarten Van Cauwenberghe / Et les danseurs Antoni Androulakis, Artemis Stavridis, Francesca Chiodi Latini, Lucie Domenach, Raoul Riva, Simon Arson,Victoria Rose Roy, Valeria Saija, Tim Bogaerts
Théâtre de la Ville les 16 et 17 septembre