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Arts-chipels.fr

Moon. La tête dans les étoiles, le corps en apesanteur.

© Marc Lahore

© Marc Lahore

Jouer avec l’apesanteur et avec le déséquilibre en oubliant, l’espace d’un spectacle, notre ancrage terrestre. C’est la démarche circassienne de la compagnie Barks, qui développe dans le même temps pour y parvenir des machines improbables.

L’atmosphère a un petit air de fête dans ce square parisien du 20e arrondissement. Les familles se sont rassemblées. Petits et grands, debout ou assis sur le sol, entourent le lieu du spectacle. Quelques drôles de machines ont été posées là et les enfants qui fréquentent le square aimeraient s’y frotter. Mais elles ne figurent pas parmi les toboggans, balançoires, tourniquets ou autres panoplies de jeux qu’on a le droit d’utiliser dans les jardins publics et leur usage est pour le moins particulier. Ces machineries qui rappellent – modestement – les installations animées de Tinguely ont un tout autre usage que celui dévolu aux sculptures de l’artiste. Leur mission, c’est d’instiller un peu de légèreté dans un monde de brutes, de nous décoller du trivial plancher des vaches pour nous projeter dans l’azur.

© Sarah Franck

© Sarah Franck

Des entités homme/femme – machines

Les interprètes sont acrobates. Ils savent s’enrouler les uns autour des autres, se porter mutuellement, développer dans l’espace des corps souples et déstructurés dans toutes les positions possibles. Mais ici il est question de quatrième dimension. Aux relations entre l’exploration de la surface plane du sol et de la verticalité, du haut et du bas, que le mouvement de l’acrobate combine, ils ajoutent l’instabilité du point de départ. Ils associent leur corps en mouvement avec une mobilité particulière produite par la machine, dont ils doivent tenir compte et avec laquelle ils vont devoir jouer. Au risque de l’acrobatie, ils ajoutent le risque du déséquilibre créé par l'instabilité mécanique.

© Sarah Franck

© Sarah Franck

Les drôles de machines de Moon

Quatre installations successives sont mises en place, qui induisent chacune un type de remise en cause de l’équilibre « naturel ». La première installe de manière fixe des éléments penchés dont la pente oblige l’acrobate à jouer avec les angles. La deuxième est comme un grand culbuto dont l’acrobate est l’axe qui s’incline et se redresse. La troisième réinvente le balancier, plaçant l’acrobate en rotation en même temps qu’il joue avec la verticalité et la possibilité de tremplin qu’offre le balancier. La dernière, la plus complexe, combine les précédentes. Elle installe sur un axe central une gigantesque structure en métal qui se plie en accordéon, comme un double mètre entrecroisé qui s'étale et se rétracte. C’est sur ce support qui s’allonge, se rétrécit, monte, descend et tourne dans l’espace que les acrobates évoluent.

Moon. La tête dans les étoiles, le corps en apesanteur.

S’affranchir de la pesanteur pour s’affranchir du réel

Déconnectés de la « normalité » des positions humaines, les évolutions des acrobates acquièrent, à travers la contrainte imposée par les machines, une liberté paradoxale. Affranchis partiellement de la pesanteur, ils empruntent aux oiseaux quelques formes de leurs envols, qu’ils combinent avec les recherches d’équilibre en même temps qu’ils explorent les possibilités acrobatiques de leur musculature. En résulte pour le public une sensation d’émerveillement et d’étrangeté, née de ce déni apporté à notre relation traditionnelle au monde extérieur. La poésie est au rendez-vous de ce dialogue entre l’homme et la machine. Ce cabinet de curiosités dans lequel interagissent le vivant et l’artificiel a tout d’une caverne d’Ali Baba renfermant le secret d’une relation au monde…

© Sarah Franck

© Sarah Franck

Lune

S Écriture, conception & chorégraphies Bastien Dausse S Regard extérieur Satchie Noro S Interprètes (en alternance) Bastien Dausse, Carla Farreny, Morgane Maret, Julieta Salz & Alvaro Valdès S Réalisation technique Pierre-Yves Aplincourt S Construction Pierre-Yves Aplincourt, Oliver Zimmerman & Association La Molette - Sébastien Leman S Costumes Raffaëlle Bloch S Production & diffusion Compagnie Barks - Clémence Tonfoni S Partenaires UP – Circus & Performing Arts [BE], Espace Périphérique (Mairie de Paris – Parc de la Villette), CCN de Créteil et du Val -de-Marne dans le cadre de l'Accueil Studio / Ministère de la Culture, La Verrerie d'Alès – Pôle National Cirque Occitanie, Le Plongeoir - Cité du Cirque, Pôle Cirque Le Mans, Animakt - Saulx-les-Chartreux, Les Noctambules – Lieu de Fabrique, Latitude 50 - Pôle des arts du cirque et de la rue [BE], Circ'uit [BE] & Vertical Détour / Le Vaisseau – fabrique artistique au Centre de Réadaptation de Coubert S Bastien Dausse est artiste associé à Circusnext - La Ferme Montsouris S La Compagnie Barks est en résidence permanente aux Noctambules S Spectacle tout public S Salle ou in situ S Forme longue 60 minutes

TOURNÉE

22-23 juin 2024 La Villette, Paris, Espace périphérique. Dans le cadre du festival Freestyle

5-7 juillet 2024 Festival RenaissanceS - Bar-le-Duc. Avec le service culturel de la ville. En extérieur

4 et 31 août 2024  Paris, dans le cadre des JOP

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