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Arts-chipels.fr

Focus Afghanistan au Théâtre de la Ville de Paris. L’Exil en partage et le courage de l’art.

© DR

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Des débats, des performances, du théâtre, des marionnettes, des films, une exposition de photographies à l’Espace Cardin, du 8 au 25 mars 2023, pour ne pas oublier les Afghans qui se battent pour le droit d’exister. Et avant tout les femmes…

Dès le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan en 2021, le Théâtre de la Ville s’était engagé, lors d’une journée de solidarité organisée avec France Culture, à soutenir et accompagner les artistes en exil. La jeune création contemporaine afghane, malgré l’exil, continue de se réinventer. Tout au long du mois de mars, elle sera présente au Théâtre de la Ville à travers des performances, des récits de vie, des photographies et des films. Cette génération d’artistes afghans a choisi de ne pas se taire, refusant l’oppression et le contrôle des mœurs d’une société en décalage avec leur soif de liberté. Ils-elles témoignent de la mémoire d’un pays dévasté par les guerres et par l’extrémisme et transmettent la beauté et l’infinie richesse de leur terre d’origine. Permettre à ces voix, et en particulier celles de la résistance engagée par les femmes, d’être entendues  est le propos de ce Focus.

L'Afghanistan au-delà des frontières © DR

L'Afghanistan au-delà des frontières © DR

L’Afghanistan au-delà des frontières. 8 – 25 mars 1 h avant & après les représentations. Espace Cardin – Hall du Studio. EXPOSITION. Morteza Herati / Zahra Khodadadi / Naseer Turkmani Khoda Hafez

Tous trois photographes, Morteza Herati, Zahra Khodadadi et Naseer Turkmani habitent en France depuis la reprise du pouvoir en Afghanistan par les talibans en août 2021. À partir des années 2010, chacun de ces artistes avait contribué à l’émergence d’une scène artistique en Afghanistan. Ils continuent à travailler ici et à créer. Leurs œuvres racontent la séparation d'avec leurs proches, la mémoire de leur pays, du temps suspendu de leur départ aux premiers instants en France, interrogeant le devenir de l’Afghanistan au-delà des frontières. Aucun n’était prêt à partir…

MORTEZA HERATI Né à Hérat (1985), Morteza Herati prend ses premiers clichés dans le studio photo de son père – où ne sont permises par les talibans que les photos d’identité. Il se forme ensuite en autodidacte. En 2017, il expose à Téhéran et réalise son premier livre photo, Chaarsuo. En 2019, il ouvre son studio à Hérat. Depuis 2022, il est en résidence à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et à l’École supérieure des Beaux-Arts de Nîmes.

ZAHRA KHODADADI Née en Iran (1991), Zahra Khodadadi rentre en Afghanistan en 2002. Formée au Beaux-Arts de Kaboul, elle pratique la photographie de rue dès 2012. Chasseuse d’instants, elle intègre aussi le graphisme à ses œuvres. Elle expose en Afghanistan, Malaisie, Iran et au Kazakhstan, et travaille en 2019 avec le Collectif Fearless en Inde. Elle réalise des œuvres murales dédiées à la place de la femme à Kaboul et à Paris. Elle est actuellement en résidence à la Villa Arson.

NASEER TURKMANI Né à Parwan (1990), Naseer Turkmani se réfugie au Pakistan durant la période talibane et commence la photographie avec son frère. De retour à Kaboul en 2008, il rejoint le 3rd Eye Photojournalism Center et y développe son approche du réel avec Jan Grarup et David Bathgate. Il participe au Contemporary Art Prize en 2013, puis donne des cours à la faculté des Beaux-Arts en 2018. En France, il se forme aux Ateliers Varan et travaille sur une épopée retraçant le récent parcours d’artistes afghans venus en Europe.

S Une proposition de HdH – Hasards d’Hasards S Commissariat Guilda Chahverdi S Scénographie Anaïde Nayebzadeh S Remerciements Latif Eshraq, Mohsin Taasha, Sandra Calligaro, Agnès Devictor, Dominique Fiat, Fabienne Servan-Schreiber S Sélection d’œuvres d’une exposition collective dont une première édition a été présentée à la Galerie Dominique Fiat du 10 décembre 2022 au 14 janvier 2023.

Pain, Travail, Liberté © DR

Pain, Travail, Liberté © DR

« Pain, Travail, Liberté » Mercredi 8 mars 19h / durée 2h Espace Cardin – Studio. Projection en avant-première / débat. FILM & DÉBAT.

Après la prise de Kaboul par les talibans, deux jeunes afghanes, Raha et Marwa, enregistrent des notes vocales décrivant leur quotidien pour Caroline Gillet, journaliste à France Inter. Le podcast intitulé Inside Kaboul est devenu aujourd’hui un film documentaire, animé par l’artiste plasticienne Kubra Khademi. Trois épisodes projetés ici en avant-première servent d’introduction à cette soirée-débat dédiée au fantastique courage des femmes afghanes, à leur capacité de résistance et à leur lutte sans relâche. Pour garder présent à l’esprit les conditions de vie des femmes en Afghanistan, privées d’éducation, de travail et des droits les plus élémentaires, leur redonner voix et humanité alors qu’elles continuent d’occuper les rues de Kaboul en scandant « Pain, Travail, Liberté ».

S Projection de 3 épisodes, Inside Kaboul, suivie d’une discussion entre Kubra Khademi & Caroline Gillet S Réalisation Caroline Gillet, Denis Walgenwitz S Avec la collaboration de Marwa & Raha S D’après un podcast original France Inter S Produit par Estelle Fialon, Les Films du Poisson, Matthieu Liégeois, TCHACK (Aluma productions) S Auteur graphique Kubra Khademi S Directeur artistique Luciano Lepinay S Musique originale Théo Boulanger S En association avec BBC Storyville S Avec la participation de France télévisions, du Centre National du Cinéma et de l’image animée S Coproduction Radio France, Pictanovo, Région Hauts-de-France, Ström Pictures

Rencontre-débat proposée par Kubra Khademi Avec Lili, figure féministe afghane vivant à Kaboul, Khojesta Ebrahimi, journaliste, cheffe de service adjointe de la rédaction en persan de RFI, traductrice et chargée des cours de persan d’Afghanistan à l’Inalco. Coanimation Emmanuel Laurentin, créateur, producteur et animateur de l’émission Le Temps du débat sur France Culture, et Manoushak Fashahi, réalisatrice et productrice à France Culture.

KUBRA KHADEMI Née en Afghanistan (1989), Kubra Khademi a étudié aux Beaux-Arts de Kaboul avant de fréquenter l’Université de Beaconhouse à Lahore. Elle crée là-bas puis à Kaboul des performances dans l’espace public en réponse à l’extrémisme de la société patriarcale. Réfugiée en France depuis 2015, elle vit à Paris et expose son travail dans le monde entier. En 2016, elle reçoit le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Nominée aux Révélations Emerige en 2019, elle obtient un an de résidence à la Fondation Fiminco, puis à la Fondation Salomon à New York. En 2022, elle présente une grande exposition personnelle au Museum Pfalzgalerie Kaiserslautern en Allemagne.

Kubra Khademi © DR

Kubra Khademi © DR

The Golden Horizon Assembly of Remembering / Forgetting. 9 – 11 mars 20h / durée 45 min. / en persan, surtitré en français. Espace Cardin – Studio. PERFORMANCE Kubra Khademi

Obligée de fuir son pays en 2015 après avoir réalisé la performance Armor dans les rues de Kaboul, Kubra Khademi, performeuse, plasticienne et féministe, place au cœur de sa pratique sa vie en tant que femme et réfugiée. Elle convoque les femmes, projette les corps féminins qui peuplent ses dessins comme dans un grand livre où les femmes seraient à la fois guerrières et déesses. Par ce geste, elle tisse un lien riche et fort entre la poésie persane du XIIIe siècle et le monde d'aujourd’hui. Elle déroule, avec la complicité de Fatima Tawakkuli, sept tableaux représentant les sept portes de l’enfer. S'il y est question de l’imaginaire et de la beauté sacrifiés par la guerre dans son pays, et du statut des femmes dans une société où elles doivent se battre pour exister, Kubra y rêve aussi d'une autre place pour elles.

S Une performance de Kubra Khademi S Avec Kubra Khademi, Fatima Tawakkuli S Création musicale Omar Zubair S Création lumière et soutien à la scénographie Nicolas Boudier S Régie lumière Mélanie Duret S Régie vidéo Elliot Morsetti S Régie son François Lewyllie S Coproduction Théâtre de la Ville-Paris – TNG Théâtre Nouvelle Génération, Lyon. S Les projets artistiques et performatifs de Kubra Khademi sont accompagnés par Latitudes Prod, Lille. S Son travail plastique est représenté par la Galerie Éric Mouchet, Paris.

Le Silence du monde – Entretien avec l’artiste plasticienne et performeuse, Kubra Khademi

Vous créez The Golden Horizon depuis la France mais ne cessez de vous rappeler votre pays. Comment faites-vous le lien entre le « ici » et le « là-bas » dans votre spectacle ? J’essaie de dessiner un autre horizon. C’est un horizon absolument féministe. Tout le spectacle est féministe, à part le premier chapitre où je représente ce qui se passe aujourd’hui, où je suis habillée en noir, où tout est sombre. J’y pense l’amour comme extrême opposé de la guerre. Je mets en scène mon corps de femme, celui de la comédienne afghane Fatima Tawakkuli. J’y utilise les poèmes de Hafez et de Rumi mais aussi le poème de la poètesse contemporaine iranienne Forough Farrokhzad, « Gonah kardam, vali gonahé por lézat », qui dit « j’ai péché, mais péché avec délice ». C’est un acte de révolution extrêmement radical de la part de la femme.

Vous êtes une artiste en colère, contre la société afghane, mais aussi contre le monde entier… LE MONDE ENTIER ! « Soukouté donia », c’est le silence du monde, qui détourne le regard de l’Afghanistan qui me met en colère. Car les femmes afghanes, elles payent pour tout ! Pour les intérêts géopolitiques dans le monde, les pays qui font la guerre, qui vendent leurs armes, les pays qui ont mis l’Afghanistan à genoux, en disant « Oh là là, c’était la démocratie pendant 20 ans ». C’est faux ! Les États-Unis n’ont jamais été là pour sauver les femmes. On a tellement de femmes en Afghanistan qui se battent underground, qui risquent leur vie en restant là-bas et en œuvrant, en créant des écoles clandestines, mais on ne les connaît pas !

Quelle aide pouvons-nous apporter à ce réseau de résistance, à ces enseignements dans tout l’Afghanistan ? Il y a un exemple très fort dont il faut parler : celui de Lili [invitée de la rencontre-débat du 8 mars] qui a créé un institut clandestin pour les femmes. Elles y font de la joaillerie. […] L’Afghanistan, ce sont des siècles et des siècles de tradition joaillière. Mais aujourd’hui Lili les laisse libres de créer ce qu’elles veulent. […] Ces femmes veulent acquérir un savoir-faire, mais chacune est aussi soutien de famille […] Elles y gagnent une fierté. Rester elles-mêmes et produire.

Cela vous donne-t-il de l’espoir à distance ? Évidemment ! C’est énorme ce qui se passe là-bas. Notre pays est en guerre depuis des décennies. Du coup, qu’est-ce qu’on y trouve ? Des armes. Ce sont les hommes qui les possèdent, particulièrement les talibans. Les femmes elles, peuvent acheter les balles parce que ce n’est pas cher, il y en a partout, et elles, les transforment en bijoux. Les hommes font la guerre et les femmes, elles, font de l’art avec les résultats de cette guerre. Elles sont là pour construire alors que les hommes sont là pour détruire. Moi je veux donner la parole, tendre le micro à ces femmes qui sont là-bas, nos héroïnes. Propos recueillis par Emmanuel Laurentin et Manoushak Fashahi de France Culture

Daniel et Zobaïr. 15 – 17 mars 20h / durée 50 min. Espace Cardin – Studio. PERFORMANCE Cédric Cherdel

Daniel et Zobaïr, deux jeunes Afghans, se sont rencontrés en France. L’un habite à Paris, l’autre à Clermont-Ferrand. L’un veut être acteur, l’autre danseur. Ils vivent la culture française, la culture afghane et le mélange des deux. Le chorégraphe Cédric Cherdel découvre en eux une aisance scénique innée à l’occasion d’un projet avec des mineurs isolés. Il leur présente alors le texte de Simone Weil, L’Enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, à propos des déracinements politiques et de notre besoin vital d’appartenance, de vérité et de racines multiples. Depuis, Daniel et Zobaïr cheminent ensemble sur scène et questionnent ce qui les anime. Ils se présentent ici en mots, en musique et en mouvements, pour confier leurs envies, leur vision du monde et leurs futurs.

DANIEL NAYEBI « J’aimerais partager avec vous ce que je suis, ce que je fais, ce que j’aime. Alors dans ce spectacle, nous danserons, nous chanterons, nous parlerons aussi. D’Afghanistan, de France, de tradition, de quotidien, de nos rêves… […] Je voudrais vivre du spectacle et mon rêve serait d’être acteur de cinéma. »

ZOBAIR NOORI « On entend souvent qu’en Afghanistan, il y a la guerre. Oui, c’est vrai. En Afghanistan, il y a la guerre depuis 70 ans. Malgré tous les problèmes, les gens y vivent et y ont des bonheurs aussi. J’ai envie avec ce spectacle de parler un peu de ça. Je crois que par la danse, on peut montrer cela. »

S Conception, scénographie & lumières Cédric Cherdel S Création musicale & interprétation Daniel Nayebi, Zobaïr Noori S Production Association Uncanny S Avec le soutien de Danse à tous les étages, Rennes – Danse dese, Pantin – CCN de Nantes – Ville de Nantes S Accueil en résidence TU, Nantes – Sept Cent Quatre Vingt Trois, Nantes – Le Garage, Rennes – La Nef – Manufacture d’utopies, Pantin – Fabrique Bellevue, Chantenay-Nantes – Théâtre Paul Éluard, Bezons.

La Valise vide © DR

La Valise vide © DR

La Valise vide. 23 – 25 mars 20h / durée 1h50. Espace Cardin – Studio. THÉÂTRE Kaveh Ayreek / Guilda Chahverdi

Que se passe-t-il quand la terre d’origine, qui a nourri toutes les cellules d’un corps, soudainement se dérobe ? Dans les années 2010, un jeune couple afghan, Maryam et Hamid dont les parents avaient migré en Iran au début de la longue série des guerres afghanes, décide de retourner au pays qui, bien que le leur, est devenu un Afghanistan imaginé, fantasmé. L’histoire de La Valise vide est l’histoire de ce retour d’exil. Mis en scène avec une infinie délicatesse par Guilda Chahverdi, les mots de Kaveh Ayreek font entendre le lien intime d’un individu à sa terre jusque dans ses silences. Tableau après tableau, ils donnent à comprendre comment surgit la violence asservie à la logique d’un pouvoir arbitraire. Ici le pays est l’Afghanistan, la terre d’exil est l’Iran, mais l’histoire pourrait se dérouler ailleurs, elle pourrait être celle d’un autre couple meurtri par une autre guerre, déchiré entre deux autres frontières.

S Texte du dramaturge afghan Kaveh Ayreek S Mise en scène & traduction du dari Guilda Chahverdi S Avec Alice Rahimi & Shahriar Sadrolashrafi S Assistanat à la mise en scène Laurent Dimarino S Lumière & vidéo Camille Mauplot S Musique Julie Rousse S Scénographie & costumes Anaïde Nayebzadeh S Régie générale Loïs Simac S Dessin Latif Eshraq S Images prises en Afghanistan Aziz Hazara, Zakir Mandegar S Compagnie HdH - Hasards d’Hasards S Production déléguée Les Rencontres à l’échelle - B/P S Coproduction Pôle des arts de la scène - Friche Belle de Mai – Cie Se non è vero, Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence – Festival Sens Interdits, Lyon S Avec le soutien de la ville du Chambon-Feugerolles, Association Loire en scène S Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National S Le texte est édité aux éditions l’Espace d’un instant avec le soutien de la Maison Antoine Vitez et HdH - Hasards d’hasards S Remerciements Cécile Falcon, Jeff Bizieau, Mahmood Peshawa, Charlotte Candas, Simine Keramati, Célia Pistono S Captation des répétitions et photographie Colas-Bruno Isnard, Lois Simac, Naseer Turkmani S Répétitions à Paris Théâtre Thénardier, Le Carreau du Temple.

GUILDA CHAHVERDI Formée à l’école Jacques Lecoq, Guilda Chahverdi voyage en Asie centrale et y mène une recherche sur les formes spectaculaires et traditionnelles orales. En 2006, elle enseigne le théâtre à la faculté des Beaux-Arts de Kaboul et crée la compagnie Azdar. De 2010 à 2013, elle dirige l’Institut français d’Afghanistan. En 2019, elle est commissaire de l’exposition Kharmohra, l’Afghanistan au risque de l’art au Mucem à Marseille. En 2021, elle joue dans Les Forteresses de Gurshad Shaheman et met en scène L’Invité du miroir d’Atiq Rahimi. Elle enseigne actuellement le jeu de l’acteur à l’Université Aix-Marseille.

Le Dernier lion d'Afghanistan © DR

Le Dernier lion d'Afghanistan © DR

Le Dernier lion d’Afghanistan Vendredi 24 mars 19h / Samedi 25 mars 11h & 15h / durée 45 min. Espace Cardin – Petite salle MARIONNETTES – À partir de 8 ans Guilda Chahverdi / Abdul Haq Haqjoo / Farhad Yaqubi / Mélanie Depuiset Marjan

Inspirée d’une histoire vraie, la fable du lion Marjan symbolise le courage du peuple afghan. Ce conte évoque le destin tragique du lion Marjan, figure du zoo de Kaboul et symbole des souffrances endurées par le peuple sous l’occupation soviétique, durant la guerre civile puis sous les talibans. Malgré les épreuves de la vie et les bouleversements du pays, Marjan deviendra le lion le plus endurant et le plus aimant. Ses aventures sont une ode à la justice. Un sujet grave tout autant qu’une belle histoire d’amour et de bravoure contée par les marionnettes d’Abdul Haq Haqjoo et de Farhad Yaqubi, tout en humour et en poésie.

S Fabrication des marionnettes et interprétation Abdul Haq Haqjoo, Farhad Yaqubi S Mise en scène Mélanie Depuiset S Texte Guilda Chahverdi S Création sonore / musique Julie Rousse S Scénographie Anaïde Nayebzadeh S Production Compagnie HdH – Hasards d’Hasards S Coproduction Le Théâtre Thénardier S Avec le soutien de la Région SUD Provence-Alpes-Côte d’Azur S Soutien et accueil en résidence Théâtre de Cuisine, Marseille S Soutien et mise à disposition d’un atelier pour la construction des marionnettes Théâtre Désaccordé – dispositif POACEAE – Anima Théâtre – Le Théâtre Thénardier S Remerciements Émilie Robert pour ses conseils, Laurent Dimarino pour le soutien aux interprètes en langue française.

Les Passeurs de mémoire Entretien avec l'autrice, Guilda Chahverdi

Vous êtes un témoin privilégié de l’évolution de la scène artistique dans la société afghane. Comment les liens que vous avez construits depuis 2006, vous ont-ils permis d’aider concrètement tous ces gens à quitter l’Afghanistan en août 2021 ? De 2006 à 2021, les guerres continuaient contre les insurgés talibans qui gagnaient en pouvoir. Les artistes étaient confrontés au risque sécuritaire et aux menaces. Les espaces de création fermaient. Malgré tout, ils continuaient. Le public et les médias suivaient. Créer, c’était raconter et résister. L’exposition que nous avons réalisée avec les artistes et Agnès Devictor, Kharmohra, l’Afghanistan au risque de l’art en 2019 évoquait le risque sécuritaire et la manipulation des croyances. Deux ans après, […] au mois de juin, la situation s’est aggravée. Avec le soutien du Mucem, on a soumis une « liste » à l’Ambassade de France, et les structures culturelles du Sud nous ont soutenus. Cet engagement-là a été essentiel. Beaucoup de personnes ont œuvré dans l’ombre. […] Je n’étais ni activiste ni artiste, j’ai fait. C’est primordial que des événements comme le Focus Afghanistan marquent une continuité et qu’on n’oublie pas.

Dans ce contexte, comment continuer à exposer la richesse culturelle du pays dont témoignent les œuvres que vous défendez ici : la Valise vide, l’exposition Khoda Hafez et Marjan, le Dernier lion d’Afghanistan ? Pour moi, il était fondamental que ces personnes soient reconnues comme des artistes plus que comme des réfugiés. Ce ne sont pas des artistes en devenir, ce sont des artistes qui ont une place dans le monde et qui ont quelque chose à dire, et qui nous concerne tous. Ils nous racontent la complexité de l’Afghanistan, son histoire, de guerre en guerre. Nous avons des informations, mais eux, nous donnent le sensible. […] Aujourd’hui tout s’est refermé mais l’émotion théâtrale reste dans la mémoire des corps. Comme une braise qui n’attend qu’un second souffle pour que la flamme reprenne. (Propos recueillis par Emmanuel Laurentin et Manoushak Fashahi de France Culture)

Osama. L’Afghanistan est tombé aux mains des talibans. Samedi 25 mars 17h30 / durée 2h Espace Cardin – Petite salle FILM Siddiq Barmak

Une fillette de douze ans vit seule avec sa mère et sa grand-mère. Pour survivre, elle doit se travestir et devenir un petit garçon. Premier long métrage produit en Afghanistan après la chute des talibans, Osama a retenu l’attention du public et des médias du monde entier dès sa sortie en 2003. Il a reçu notamment le Golden Globe du meilleur film étranger. Ce témoignage choc sur la terreur du régime taliban n’a malheureusement rien perdu de sa tragique réalité et donne à voir le mécanisme de répression et de négation des droits des femmes encore en œuvre dans le pays aujourd’hui. Inspiré d’une histoire vraie et tourné uniquement avec des non-professionnels, Osama a la puissance d’un documentaire pris sur le vif. Son réalisateur, Siddiq Barmak, sera présent pour une rencontre exceptionnelle à la suite de la projection.

S Projection suivie d’une rencontre avec Siddiq Barmak animée par Manoushak Fashahi réalisatrice et productrice à France Culture S FILM Réalisation, scénario et montage Siddiq Barmak S Photo Ebrahim Ghafuri S Son Behrouz Shahamat, Farokh Fadai S Musique Mohammad Reza Darwishi Avec Marina Golbahari, Khwaja Nader, Arif Herati, Zubaida Sahar, Hamida Refah, Gol Rahman Ghorbandi S Production Barmak Film, NHK (Japon), LeBrocquyFraser Ltd. (Irlande)

SIDDIQ BARMAK Né en Afghanistan (1962), Siddiq Barmak étudie le cinéma à l’université de Moscou. À l’arrivée des talibans au pouvoir, il se réfugie au Pakistan. Il retrouve son pays en 2001. Il y dirige l’Afghan Children’s Education Movement qui défend l’éducation, la culture et les arts, et devient membre de l’Academy of Motion Picture Arts and Science et du Network for the Promotion of Asian Cinema. En 2008, il réalise Opium War. Vivant désormais en France, il est une personnalité de premier plan dans la cause des artistes afghans menacés dans leur pays, aux côtés du cinéaste franco-afghan Atiq Rahimi et de son confrère iranien Mohsen Makhmalbahf.

https://www.theatredelaville-paris.com/fr/spectacles/saison-2022-2023/focus-afghanistan/focus-afghanistan

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