21 Septembre 2022
Dans ce spectacle chargé d’émotion, le théâtre raconte la vie, une vie d’exil, tandis que la vie alimente le théâtre. Voyage en équilibre instable sur un fil entre fiction et réalité.
Ils sont Marocains, tous deux exilés à Paris où ils doivent s’inventer une nouvelle réalité. Ils se rapprochent, deviennent inséparables dans un rapport amour-amitié qui n’empêche pas l’une de regarder les autres garçons, l’autre de faire de même, pour les mêmes raisons. Un lien étroit que rien ne semble pouvoir briser. Pourtant, un jour, sans un mot, sans justification, Boutaïna disparaît totalement du paysage. Près de vingt ans après, ils se croisent dans une rue. Abdellah suit Boutaïna. Voici venue l’heure des réponses aux innombrables questions qu’il s’est posées sur sa disparition… Elle se dérobe d’abord, avant de livrer peu à peu sa vérité.
Une écriture à quatre mains sur une histoire commune.
L’un est déjà écrivain, l’autre a approché l’écriture par le théâtre. Elle est comédienne et elle fait du théâtre depuis plus de vingt ans. Se revoir, c’est réassembler les pièces d’un puzzle, retisser des liens défaits dans l’absence, reprendre pied à deux. Un exercice difficile que le filtre du théâtre rend plus accessible. Deux versions d’une même histoire qui s’interrogent mutuellement et se complètent. Deux écritures qui s’élaborent séparément et ensemble dans l’improvisation qui les rassemble tout au long des résidences successives qui se succèdent deux années durant.
Écrire sur sa propre vie.
À travers leur relation, ils dressent le bilan touchant d’une vie d’exilés qui les a rapprochés et de ce qui diffère d’hier à aujourd’hui. Il y a vingt ans, au théâtre, il fallait gommer son accent, parler comme les Français de souche – et parmi eux, ceux de la capitale. Aujourd’hui, la mixité des populations a modifié la donne. Il y avait ces rêves qui ne pouvaient se dire qu’entre deux personnes venues du même endroit, qui rencontraient les mêmes difficultés, une communauté à deux de la mise à nu. Il y avait un passé à partager, un présent à construire dans l’entraide, un futur à imaginer à partir de ce « deux ». Le résultat en est prenant. De vérité, d’émotion contenue, d’enthousiasme aussi. On se laisse happer par cette histoire hors du commun, par l’intensité de la relation de ce jeune homme homosexuel et de cette amie-amante avec laquelle il partage tout sauf le sexe. L’un comme l’autre se livrent à ce déshabillage avec honnêteté, elle avec plus de retenue et de pudeur, lui sans interdit et avec passion.
Quelle relation pour le théâtre et la vie ?
Pour émotionnante que soit leur évocation commune de cette vie, ce flirt du théâtre avec la vie pose question. Les spectateurs ne deviennent-ils pas les voyeurs d’une cérémonie – faite pour eux, il est vrai, mais seulement en partie – dont le contenu se rapproche d’une catharsis à deux qui exclut tous les autres ? Le phénomène des « confessions » encombre la littérature à l’heure actuelle. Sa projection sur scène n’entre-t-elle pas dans le même processus que celui des réseaux sociaux : le désir de se faire entendre, d’accéder à la reconnaissance ? Sous cet angle de vue, la nature des rapports entre le théâtre et la vie qu'entretient le spectacle interroge sur le sens du théâtre...
Comme la mer mon amour Écriture et interprétation Boutaïna El Fekkak, Abdellah Taïa
S Mise en scène Boutaïna El Fekkak, Abdellah Taïa et Jérémie Scheidler S Vidéo et dramaturgie Jérémie Scheidler S Création et régie lumière Jean-Gabriel Valot S Création et régie son Loïc Le Roux S Collaboration artistique Noémie Develay-Ressiguier S Costumes Benjamin Moreau S Regard scénographique Lisa Navarro S Production La compagnie d’Un pays lointain S Coproduction Théâtre Ouvert - Centre National des Dramaturgies Contemporaines, Théâtre Central / La Louvière S Résidences de création Théâtre Ouvert - Centre National des Dramaturgies Contemporaines, Théâtre des Quartiers d’Ivry - Centre Dramatique National, Théâtre de Chelles, Théâtre Central / La Louvière, Lilas en scène S Avec le soutien de l’Institut Français à Paris, du T2G-Théâtre de Gennevilliers, et de la DRAC Île-de-France dans le cadre de l’aide au projet 2021 S Création le 15 janvier 2021 à la Filature – Scène nationale de Mulhouse dans le cadre du Festival les Vagamondes S Durée 1h S À partir de 14 ans
12 septembre - 1er octobre (lun., mar., mer. 19h30, jeu.-ven. 20h30 sam. 24 sept. 20h30, 1er oct. 18h, relâche 15 au 20 sept. & lun. 26)
Théâtre ouvert – 159, avenue Gambetta – 75020 Paris
01 42 55 55 50 www.theatreouvert.com