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Arts-chipels.fr

La Tour des Miracles. Une abbaye « gré-du-vent » quelque part du côté de Thélème.

Illustration David Prudhomme

Illustration David Prudhomme

Brassens romancier, c’est un aspect méconnu du personnage qu’Ivan Morane entreprend de nous faire découvrir à travers ce spectacle pour Brassenssophiles impénitents.

Si Brassens est bien connu pour son œuvre de chanteur et poète, peu de gens savent qu’il a « commis » deux romans, le premier publié à compte d’auteur et jamais réédité, le second, paru chez Albin Michel, sympathique au demeurant mais qui sonna le glas des espérance romancières dudit Brassens. Il n’en demeure pas moins qu’on découvre avec un certain plaisir teinté de nostalgie une autre facette du personnage, sans être totalement surpris tant sa mythologie personnelle y reste présente.

© DR

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La Tour des miracles, un ramassis de laissés-pour-compte.

Un ameublement plus que disparate campe le décor. Un vieux lit défoncé, une malle en osier, des livres, un tonneau, une échelle double dont les barreaux ne cessent de céder… bienvenue à l’« abbaye du gré-du-vent » à Montmartre, ainsi nommée parce que les jours de grand vent, des sept étages de cette « maison miraclifique », il n’en reste que six alors que les personnages dont il va être question occupent, comme il se doit, le septième. L’étrange communauté qui s’y est installée compte un curieux échantillon d’humanité tels que Courtes-Pattes, le cul de jatte, Voirie Voirie, découvert dans une poubelle, Harpe Eolienne, le guetteur médiéval, Corne d’Auroch, Pile-Face, Annie Pan-Pan-Pan ou Passe-lacet, sans oublier les grands-mères et les centaines de chats. Deux comédiens, Ivan Morane et Alexandre Schorderet, interprètent tous les personnages avec verve et entrain.

© DR

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Direction : mythologie Brassens

Ils vont nous lancer à la poursuite de jambes qu’on ne retrouve plus aux objets trouvés parce qu’on les exporte à l’étranger, de chats qu’on a dans la gorge en même temps qu’ils encombrent les lieux, de grands-mères qui se joignent aux grammaires et de problèmes de pellicules dans les coiffures inexistantes des chauves. Ça sent le marché de Brive-la-Gaillarde avec ses femmes aux postérieurs conséquents qui n’y vont pas « de fesse morte » et on salue  au passage Corne d’Auroch, si bête qu’il ne peut accomplir son devoir conjugal. Jeux de mots, termes anciens, situations absurdes se succèdent dans cette maison où rien ne va en dépit des efforts cocasses, limite surréalistes, de nos deux acolytes qui essayent désespérément de retrouver une pierre perdue qui concerne aussi bien le pape Pie que celle qui roule ou la pierreuse des fortifs’. On y retrouve l’univers gentiment égrillard de Brassens, sa composante anarchiste forte et son goût du non-sens. Les deux acteurs s’engagent à corps perdu et avec talent dans ce champ langagier où Diogène fréquente Procuste et où les « jarnidieu » (je renie Dieu) et leurs semblables sont légion. C’est sympathique et mené avec brio. On verse une larme nostalgique au chansonnier génial dont on retrouve ici une part de la mythologie. On rit de ses incartades en tout genre. Mais on se dit aussi que Brassens a eu raison de mettre fin à sa carrière de romancier…

© Dimitri Menchikoff

© Dimitri Menchikoff

La Tour des miracles d’après Georges Brassens

Avec l’amicale autorisation et le soutien de Serge Cazzani, neveu et ayant droit de Georges Brassens

S Adaptation, scénographie, mise en lumière et mise en scène Ivan Morane S Avec Alexandre Schorderet et Ivan Morane S Régie Samuel Zucca et Claire Boynard S Musiques Georges Brassens, enregistrées par Jean-Philippe Vié, Grégory Daltin, Démis et Lorry Delatie, mixées par Fabien Augui S Diffusion en tournée Sea Art - Jean-Luc Grandrie - seaart@wanadoo.fr

Du 7 au 30 juillet 2022 au Petit Louvre - Avignon  à 21h (relâches les mardis)

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