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Arts-chipels.fr

Les Ailes du Désir – Un beau moment de danse, alliée à une puissance poétique étrange et magnifique.

Les Ailes du Désir – Un beau moment de danse, alliée à une puissance poétique étrange et magnifique.

Je dois avouer que j’ai vu le film il y a très longtemps et je n’en avais plus un net souvenir… Tant mieux ainsi j’ai pu me laisser porter par les mouvements du ballet sans me préoccuper de la ressemblance ou pas au film, de la vraisemblance ou pas du récit. Dans le film « les Ailes du Désir », Wim Wenders imagine qu’un ange quitte sa condition, immatérielle et éternelle pour devenir homme pour l’amour d’une femme.
C’est ce propos qui est l’objet principal du ballet, c’est bien l’incarnation et la représentation de la condition humaine qui est le défi que s’est lancé Bruno Boucher, directeur artistique du Ballet de l’Opéra national du Rhin. Comment représenter l’idée du choix ultime qui est celui de devenir mortel et d’abandonner son éternité ? Et comment décrire la qualité d’être vivant et mortel ?

Le premier acte est très gris, on imagine Berlin dans le froid et la pluie, une ville atrophiée, le mur n’est pas encore tombé. L’ambiance est oppressante, triste presque désespérée.  On est dans un univers opaque. Les anges errent au milieu des humains sans pouvoir interagir avec eux, La scène est parsemée de blocs plus ou moins gros, représentant la ville. Des personnages désincarnés errent dans ce décor. Quelques humains apparaissent, prétexte à de beaux passages avec tout le ballet à l’unisson sur la scène.
Avec Bruno Bouché, la danse est toujours impeccable, très technique, très inspirée du classique et toujours magnifique. Et dans ce spectacle, il reste fidèle à ses postulats avec des nouveautés créatives ; beaucoup de portés exceptionnels, beaucoup de diagonales, des pas de deux masculins, masculins féminin mais aussi des portés en groupe très originaux. Un vrai beau moment de danse.

 

Les Ailes du Désir – Un beau moment de danse, alliée à une puissance poétique étrange et magnifique.

Dans la deuxième partie, les danseuses étaient en pointes ce qui leur donnaient cette verticalité gracieuses et fragiles des postures classiques. Cette partie est beaucoup plus rythmée et presque gaie. C’est la vie incarnée avec son énergie, son bouillonnement et sa légèreté. Les couleurs des costumes sont très claires. Pour faire un parallèle avec le film, la deuxième partie c’est la vie en couleur par rapport à l’univers en noir et blanc de la première partie.  La scène est dépouillée pour laisser toute la place à la danse qui incarne la joie de vivre. Le rythme est beaucoup plus rapide comme pour nous rappeler la fin inévitable, notre destin d’humain mortel. D’ailleurs le dernier tableau est un très beau clin d’œil au film.
La ville est toujours présente grâce à la scénographie de
Aurélie Maestre qui l’a dessinée sur le fond de scène comme un plan vu de dessus, comme une vue du ciel, comme une vue aérienne, une carte de Berlin avec le tracé de l’ancien mur.

C’est étrange d’ailleurs, dans la première partie, les anges sont dans la ville avec les humains et dans la deuxième partie, pour donner à voir la version incarnée de l’ange, la ville est métaphorique, représentée par cette carte, cette vue aérienne. D’ailleurs cette deuxième partie commence par des suspensions comme si nous aussi, nous nous élevions dans l’espace et visualisions les humains depuis le ciel. Ce passage a une puissance poétique étrange et magnifique.

Les Ailes du Désir – Un beau moment de danse, alliée à une puissance poétique étrange et magnifique.

La musique est aussi très présente bien sûr comme dans tout spectacle de danse. C’est un melting pot de musiques enregistrées allant des compositions originales faite pour ce ballet par Jamie Man à Jean Sibelius et Bach en passant par Olivier Messiaen, Steve Reich et pour la partie chantée John Adams et  Antony and the Johnsons.

Avec cette chorégraphie, Bruno Boucher s’attaque à un monument, un mythe cinématographique. Le fait de transférer l’idée des « ailes du Désir » en ballet sans vraiment vouloir retranscrire ni l’histoire ni le film mais juste s’en inspirer comme un fil conducteur et une dramaturgie est une bonne approche. On assiste ainsi, à une très belle partition de danse, avec de beaux moments d’inspiration classique.

Distribution

Chorégraphie : Bruno Bouché

Dramaturgie musicale : Jamie Man, Bruno Bouché

Dramaturgie : Christian Longchamp

Scénographie : Aurélie Maestre

Assistante scénographie : Clara Cohen

Costumes : Thibaut Welchlin

Lumières : David Debrinay

Vidéo : Étienne Guiol

Accompagnement artistique suspensions : Fabrice Guillot

Danse : le Ballet de l’Opéra national du Rhin

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