24 Mars 2022
Cette pièce, tirée d’une histoire vraie qui a donné lieu à un livre-témoignage, alerte sur les dangers et les conséquences parfois tragiques du harcèlement à l'école et sur la mobilisation nécessaire pour contribuer à l’éradiquer.
Une jeune fille, fantôme silencieux sur bruit de fond de cour de récréation et de voix d’enfants, apparaît sur scène, bientôt rejointe par ses parents. Ils s’adressent à leur fille mais on comprend bien vite que Marion est décédée. Harcelée par ses camarades d’école, elle s’est suicidée en se jetant du haut d’un bâtiment. La pièce reconstitue son calvaire et pose la question du « Que faire ».
Le harcèlement, un fléau pour les jeunes enfants
Le harcèlement des enfants entre eux a de tout temps existé mais il prend aujourd’hui, avec le durcissement global des réactions face à l’école, un relief particulier, accentué encore davantage par le développement des réseaux sociaux. La morphologie de l’enfant – petit, gros, etc. –, les vêtements qu’il porte – marques et style – ou sa qualité de bon élève, entre autres, peuvent le transformer en cible potentielle sur laquelle pleuvent railleries et insultes. C’est ce qui arrive à Marion, une petite fille sans histoire. Elle décrit sa descente aux enfers, les SMS dont on l’abreuve, sa meilleure copine qui lui tourne le dos, sa solitude et le silence qu’elle oppose à sa famille quand on lui demande si quelque chose ne va pas. Quand ses parents, pourtant alertés par de petits signes anormaux dans le comportement de leur fille, découvrent la vérité, il est trop tard. Marion s’est suicidée. Cette histoire, c’est celle de Nora Fraisse et de sa fille. Dans son livre, Marion 13 ans pour toujours, déjà traduit dans une vingtaine de langues, ce qui révèle la résonnance du thème partout dans le monde, Nora Fraisse décide d’apporter son témoignage. Décrire pour éviter que l’histoire ne se reproduise. Expliquer qu’il est nécessaire de prendre le problème à bras-le-corps et de se mobiliser pour le combattre. La pièce s’en fait le corollaire théâtral.
Une réponse de l’institution inexistante
Résultats scolaires en chute libre, mensonges à répétition, imitation de la signature des parents pour cacher la vérité… À l’aveuglement des parents répond le silence de l’institution quand les parents la sollicitent. Les demandes répétées faites par la mère de Marion restent lettre morte. Le professeur principal, d’éducation physique et sportive, semble plus préoccupé par le match qu’il regarde à la télévision que par les parents qui l’alertent. Le proviseur reste évasif face à des mesures qu’il conviendrait de prendre. À chaque niveau, c’est l’impuissance qui frappe. Rechercher les responsables est compliqué et l’institution pas préparée à cette traque. Et puis, allègue-t-elle, les parents sont peut-être aussi, pour une part, responsables de la non-résistance de leur fille au harcèlement. Devant l’absence de réaction et les atermoiements, la mère décide de se mobiliser…
Un véritable phénomène de société
Aujourd’hui en France, le harcèlement touche un élève sur dix. Il a cessé d’être un phénomène marginal. Malgré toutes les avancées en matière de prévention contre le harcèlement, malgré le combat sans relâche de Nora et de son association « Marion la main tendue », le harcèlement a pris des proportions alarmantes. Valérie Da Mota, coach et actrice sur le tournage du téléfilm éponyme tiré du témoignage de Nora Fraisse, décide, sur la proposition de l’auteure, de porter le texte au théâtre. Adressé aux parents comme à leurs enfants, il montre le processus et met en garde. En souhaitant que les adolescents prennent conscience de ce qu’ils manipulent et des dommages qu’ils causent – car les extraits des messages retrouvés sur le portable de Marion ressemblent à de nombreux autres.
Marion, 13 ans pour toujours – tiré du roman éponyme de Nora Fraisse (éd. Albin Michel)
S Texte Nora Fraisse et Jacqueline Rémy S Adaptation Frédéric Andrau et Valérie Da Mota S Mise en scène Frédéric Andrau S Avec Valérie Da Mota, Renaud Le Bas, Nina Thiéblemont S Durée 1h15 S Production Va Sano S En partenariat avec La Main gauche
Du 30 mars au 23 avril 2022, du mercredi au samedi à 21h15
Les Déchargeurs - 3, rue des Déchargeurs 75001 Paris