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Arts-chipels.fr

Là-haut. Un p’tit détour par l’Paradis

© Les Frivolités parisiennes

© Les Frivolités parisiennes

Ce délicieux opéra bouffe, impertinent et enlevé, pur produit des Années folles, est à (re)découvrir et à déguster avec un plaisir gourmand. On rit beaucoup, mais pas seulement car paroles et musique sont un vrai régal.

Évariste mène la vie dorée d’un jeune bourgeois fortuné. Tout lui réussit. Séducteur impénitent, il a une jolie femme qu’il trompe, évidemment. Il aime profiter de la vie et de ses plaisirs. Ce soir-là c’est son anniversaire. Il vient d’avoir trente-trois ans, l’âge du Christ. Ses amis sont rassemblés pour fêter avec lui l’événement. On boit, on rit, on plaisante, on flirte… Mais soudain, catastrophe, Évariste s’effondre. Le voilà parti vers l’au-delà, où saint Pierre, décidément très indulgent et laxiste, l’accueille au Paradis…

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Une opérette de l’après-guerre

Là-haut, présenté au public en 1923, s’inscrit dans le renouveau de l’opérette française qui se dessine après la Première Guerre mondiale. Dans un monde pacifié, le public retrouve le goût de la fête et un nouveau genre d’opérette voit le jour, dès 1918, avec Phi-Phi. Avec un ensemble orchestral retreint, quelques choristes-danseuses, souvent un seul décor permettant une adaptation aux petites scènes, et une musique composée de chansons et de quelques ensembles très simples, ces opérettes, très populaires, adoptent aussi les danses à la mode venues d’Outre-Atlantique : fox-trot, one-step… Destiné à remplacer Dédé, le successeur de Phi-Phi, Là-haut, qui compte dans sa distribution Maurice Chevalier dans le rôle d’Évariste et Dranem, le chanteur et fantaisiste coqueluche du moment du café-concert, dans celui de Frisotin, ne déroge pas à la règle, mais il apporte sa patte propre au genre en introduisant une véritable composition musicale et un travail sur le texte particulièrement riche.

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Chassés-croisés amoureux

Évariste, arrivé au Paradis, trouve bien vite la vie monotone. Tout y est parfait mais on s’y ennuie. Que faire quand tout est posé pour l’éternité des temps et que rien n’évolue ? Quant à l’amour, on n’en parle pas. Alors, il jette un coup d’œil en bas, sur la Terre, pour découvrir sa femme, qu’il a si abondamment trompée, en butte aux avances d’un cousin. Son sang ne fait qu’un tour et le voilà obtenant de saint Pierre l’autorisation de redescendre sur Terre, accompagné de son ange gardien, Frisotin, pour y reconquérir sa femme. Mais voici que Frisotin à son tour découvre les charmes de l’amour et tente de séduire l’épouse d’Évariste tandis que d’autres idylles se dessinent. Comme Cendrillon, ils devront revenir à minuit tapantes – on se doute que ce ne sera pas vraiment aussi simple et que le retour ne sera pas exempt de péripéties, d'autant qu'Évariste veut y entraîner sa femme... 

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Un voyage initiatique

Au-delà du caractère vaudevillesque de la fable, et sur le mode désopilant, Évariste, à travers son séjour au paradis et le retour qu’il effectue sur Terre, accomplit un voyage initiatique à la découverte de lui-même. Son expérience qui s’apparente aux récits de mort imminente, bien que traitée sur le mode burlesque, le conduit à découvrir et à comprendre ce qui importe pour lui : l’honnêteté, l’amour et l’amitié. Avec une candeur, une naïveté et un naturel confondants, il met au jour des valeurs intimes, masquées par l’exercice de la vie en société. En même temps, et avec une légèreté dépourvue de prise de tête, le spectacle propose une recette simple de la vie : profiter de ce qu’on a sans chercher à courir tous les lièvres à la fois et goûter le moment présent sans chercher à lui en substituer un autre. Écartant la seule références aux Années folles, les choix opérés par la mise en scène donnent au spectacle un caractère atemporel. Détachés du contexte des années 1920, ils montrent des personnages en costumes contemporains, contrastant avec la musique qui, elle, n’échappe pas à la datation. Les anges, qui sont aussi les convives de l’anniversaire d'Évariste – puisqu’en fait celui-ci rêve cette admission au Paradis –, revêtent une tenue de plastique blanc sur des robes habillées dans un décor de chaises de jardin de plastique blanc et saint Pierre, fatigué, permissif et un peu dépressif face aux revendications de ses « pensionnaires », se traîne en chemise de nuit…

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Burlesque et inspiré

Aux situations cocasses s’ajoutent des lyrics particulièrement réussis. La partition, faite de trente-cinq numéros, alterne fox-trots dansants – avec le délicieux « C’est Paris » qui préfère au bleu du Ciel, à son odeur de sainteté et à sa propreté, le paradis parisien –, one-steps au rythme entraînant sur les thèmes de « L’ange gardien », de « C’est la vie » ou de « Là-haut », mais aussi blues et valse. Elle joue sur des effets d’accélération et de ralentissement symétriques sur un texte qui est un vrai bonheur, où jeux de mots et rimes hilarantes sont de la partie. Entre les jeux syllabiques et les sous-entendus tels que « Ose Anna » et « Aime-moi, Emma », les couplets et les duos forment une partition bouffe authentique et de qualité. La dérision est de sortie. Les chœurs entonnent « Sous prétexte qu’on est des chœurs, on nous fait chanter n’importe quoi ». Et l’Ange gardien, d’Évariste, chaud-bouillant amoureux, fait des à-la-manière-de Verlaine, Houellebecque ou Marc Lévy. Des musiciens pleins d’entrain, des comédiens-chanteurs-danseurs qui ne leur cèdent pas le pas, une comédie particulièrement déjantée, tous les éléments sont réunis pour une super soirée !

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Là-haut

S Musique Maurice Yvain S Lyrics Albert Willemetz S Livret Yves Mirande, Gustave Quinson S Direction musicale Nicolas Chesneau S Mise en scène Pascal Neyron S Les Frivolités Parisiennes Mathieu Dubroca (Evariste Chanterelle), Richard Delestre (Frisotin), Jean-Baptiste Dumora (Saint Pierre), Olivier Podesta (Martel), Judith Fa (Emma), Clarisse Dalles ou Anne-Aurore Cochet (Maud), Faustine de Monès, Stéphanie Guérin, Mathilde Ortscheidt, Marion Vergez-Pascal (Les élues), Jean-Sébastien Boucher, Florence Graeve, Béatrice Schwob, Hugo Tranchant (Figurants) S Collaboratrice artistique Elisabeth de Ereno S Scénographie Caroline Ginet S Assistantes scénographie Ingrid Buffeteau, Laura Kerharo S Chorégraphies Aure Wachter S Création costumes Sabine Schlemmer S Réalisation costumes Julia Brochier, Charlotte Le Gal S Accessoires Amélie Kiritzé-Topor S Maquillage et coiffure Elisabeth Pilarski, Rebecca Mignot S Assistants maquillage et coiffure Amélie Hascoët, Tony Fache S Création lumières Philippe Albaric S Fabrication des éléments Evelyne Mettot S Ateliers de construction du Théâtre de la Colline Didier Jaconelli, Didier Kuhn, Grégoire de Lorgeril, Yannick Loyzance, Louis Kralj, Mickaël Franki, Pippa S Chef de chant Delphine Dussaux S Surtitrage Jean-Yves Aizic S Production Les Frivolités Parisiennes S Coproduction Théâtre Impérial – Opéra de Compiègne S Coréalisation Athénée Théâtre Louis- Jouvet S Avec le soutien de la Drac Île-de-France, la Région Hauts-de-France, la Ville de Paris, la Caisse des dépôts, l’Adami, la Spedidam et le Centre national de la musique. S Création le 22 février 2022 au Théâtre Impérial - Opéra De Compiègne S La compagnie est en résidence au Théâtre Impérial - Opéra de Compiègne et est artiste associé de la Fondation Singer-Polignac.

18 - 31mars 2022, 20h, 16h le dimanche

Athénée Théâtre Louis-Jouvet - Square de l’Opéra Louis-Jouvet,                                          7 rue Boudreau | 75 009 Paris

Réservations 01 53 05 19 19 www.athenee-theatre.com

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