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Arts-chipels.fr

Histoire(s) de France. Nos ancêtres : les Gaulois ?

© Géraldine Aresteanu

© Géraldine Aresteanu

Potache et rieuse, cette traversée de l’histoire de France à travers trois moments-clés de la culture populaire révèle le formatage de notre histoire « nationale » et ce qu’il cache.

Ils sont trois, avec, en fond de scène le fameux cheval blanc d’Henri IV, objet d’une blague bien connue, un cheval qui, en fait, était gris… Côté cour, un immeuble façon tour des années 1970. Ils vont remonter loin, très loin, dans la préhistoire, au moment où les mammouths existaient encore et où l’homme vivait au milieu des animaux. D’ailleurs, comme eux, il était couvert de poils. – Mais mon père aussi, il est couvert de poils ! – C’est chelou ! Le ton est donné. Notre découverte de l’histoire de France va avoir une drôle d’allure… et utiliser une drôle de langue. Foin de langage choisi et châtié ! le spectacle parlera la France dans la métalangue des ados d’aujourd’hui.

Un argument un peu cousu de fil blanc, mais un propos sympathique

Une professeure d’histoire qui tente d’impliquer ses élèves davantage dans les cours leur propose de travailler en groupe pour reconstituer trois moments de l’histoire de France. Arthur propose à deux de ses camarades, un garçon et une fille qu’il kiffe pas mal sans avoir osé le manifester – « J’aime trop les filles rebelles », confie-t-il –, de s’associer avec lui pour aller voir du côté des Gaulois. Chacun proposera la séquence de l’histoire qui lui parle le plus. Aux Gaulois succèderont la Révolution et, plus insolite, la Coupe du monde de football 1998 où pour la première fois les Français furent champions du monde. Pour Arthur comme pour Ibrahim et leur camarade, placer cette histoire de l'Histoire à l'école est naturel. L'école est au centre. Elle est leur histoire du moment.

© Géraldine Aresteanu

© Géraldine Aresteanu

C’était qui « nos ancêtres » les Gaulois ?

Voilà nos trois pré-ados ou ados en herbe lancés dans leurs recherches « historiques ». Un Gaulois, c’est forcément blond avec une grosse moustache, non ? et un Romain brun avec une peau mate... Un chaudron descend des cintres et nous voici embarqués sur les terres d’Astérix. Mais d’abord, qu’est-ce qu’on connaît de l’histoire des Gaulois ? C’est César qui a raconté l’histoire, on peut pas dire qu’il est vraiment objectif. Une djellabah en guise de robe de druide et nos Gaulois utilisent « Salam » pour se dire bonjour parce qu’il n’y a pas tant de différence que ça entre Arabes et Gaulois… Et d’ailleurs, y avait-il une Gaule une et indivisible et la France a-t-elle toujours ressemblé à celle qu'on connaît ?

Dans le capharnaüm de l’Histoire

Les poncifs sont scrutés à la loupe et détournés. Marie-Antoinette est accro aux pâtisseries et Louis XVI à nos beaux fromages, et si le peuple meurt de faim il n’a qu’à se gaver de camembert ! Quant à la Révolution, elle est à nos portes et voici nos trois collégiens lancés dans un mouvement revendicatif pour conquérir le droit de modifier leurs enseignements. Assemblée constituante à la clé, les voici qui réclament un temps de respiration, un travail en plein air dès que c’est possible, des activités qui associeraient physique ou maths et éducation physique… On aborde en passant, presque sans y toucher, les silences de cette même histoire à travers le père algérien qui refuse de se souvenir et ne parle jamais du passé. Quant à la Coupe du monde 1998, elle n’est pas importante parce que la France a gagné mais parce que, d’un coup, une même fraternité a uni tous ces gens qui, spontanément, sont descendus dans la rue, sans distinction de race ou d’origine, pour faire la fête ensemble.

© Géraldine Aresteanu

© Géraldine Aresteanu

Histoires de France, identités plurielles

Avec un humour bon enfant en même temps que caustique et un enthousiasme communicatif dans un décor qui se déstructure au fil de la pièce et vire au chaos joyeux, nous voici amenés à reconsidérer une vision imposée et à y voir, à travers les dérives rigolardes des ados qui se lâchent sur les projections d’interviews faites en milieu scolaire, un point de vue alors qu’une multitude d’autres est possible. Si on n’apprend rien sur l’« histoire » de France proprement dite, l’essentiel est ailleurs. Franco-Algérien, Amine Adjina nous livre deux messages : ne pas considérer comme argent comptant l’information qu’on nous propose et questionner d’où elle vient, mais également comprendre que l’Histoire n’est pas extérieure à notre vie, que nous en sommes partie prenante et que nous pouvons la modifier, en infléchir le cours. Une belle leçon de civisme en même temps qu’un réjouissant moment de spectacle.

© Géraldine Aresteanu

© Géraldine Aresteanu

Histoire(s) de France d’Amine Adjina (éd. Actes Sud Papiers)

S Mise en scène Amine Adjina S Collaboration artistique Émilie Prévosteau S Avec Mathias Bentahar, Romain Dutheil et Émilie Prévosteau S Voix Kader Kada S Création lumière Bruno Brinas et Azéline Cornut S Création sonore Fabien Aléa Nicol S Scénographie Cécile Trémolières S Costumes Majan Pochard S Régie générale Azéline Cornut S Régie son Pierre Carré et Fany Schweitzer S Régie lumière Azéline Cornut, Bruno Brinas, Zoé Dada S Assistant à la mise en scène Julien Breda S Création vidéo Guillaume Mika S Construction décor Frédéric Fruchart S Habilleuse Manon Allégatière S À partir de 10 ans S Résidences d’écriture à La Passerelle, scène nationale de Gap, au Gallia Théâtre, Saintes Répétitions au Centre Dramatique National du Val de Marne, à l’Atelier à Spectacle, scène conventionnée d’intérêt national art et création de l’Agglo du Pays de Dreux, à La Passerelle, Scène nationale de Gap, au Théâtre d’Angoulême, Scène nationale, à La Halle aux grains, Scène nationale de Blois S Création à la Halle aux Grains, Scène nationale de Blois le 5 octobre 2021 S Coproductions La Halle aux Grains, scène nationale de Blois / Le Théâtre d’Angoulême, scène nationale / Scène nationale de l’Essonne, Agora-Desnos / Équinoxe, scène nationale de Châteauroux / Le Trident, scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin / Le Tangram, scène nationale d’Évreux-Louviers / Théâtre La Passerelle, scène nationale de Gap et des Alpes du Sud / Le Grand R, scène nationale de la Roche-sur-Yon / Le Théâtre de Chartres, Scène conventionnée d’intérêt national art et création / Gallia Théâtre, Scène conventionnée d’intérêt national - Art et création de Saintes S Soutiens : Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre Dramatique National du Val de Marne / Atelier à Spectacle, scène conventionnée d’intérêt national art et création de l’Agglo du Pays de Dreux / Mairie d’Orléans / Conseil Départemental de l’Essonne / Fonds SACD Théâtre. Depuis janvier 2018, Amine Adjina et Émilie Prévosteau sont artistes associés au projet de la Scène nationale de l’Essonne, Agora-Desnos et depuis 2020, artistes associés de la Halle aux Grains, scène nationale de Blois et artistes complices de la scène nationale d’Angoulême. S La Compagnie du Double fait partie de la fabrique pluridisciplinaire CAP Étoile financée par la Région Île-de-France, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, et la ville de Montreuil. Elle est membre du 108, lieu collectif d’expérimentation artistique et culturel financé par la Ville d’Orléans, la Région Centre-Val de Loire, le Ministère de la Culture et la préfecture du Loiret. Depuis 2019, la Compagnie du Double est conventionnée avec la Région Centre-Val de Loire et avec la DRAC Centre-Val de Loire depuis 2021. S 85 représentations ont eu lieu ou sont en préparation.

Tournée

6 au 16 avril 2022 l Théâtre 13 / Bibliothèque, 30, rue du Chevaleret, Paris (75), du mardi au samedi 20h, dimanche 16h

28, 29 avril 2022 l Le Grand Bleu, scène conventionnée d’intérêt national Art, Enfance et Jeunesse, Lille (59)

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