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Arts-chipels.fr

Faraëkoto. Comprendre, à travers la danse, la différence et l’exclusion.

© Patrick Berger

© Patrick Berger

Entre Petit Poucet et Hansel et Gretel, ce conte malgache adopte ici la forme d’une chorégraphie hip hop mêlée de break dance. Il met en scène deux enfants perdus dans la forêt, lieu de toutes les peurs et de tous les fantasmes et symbole de l’isolement.

Ils se nomment Fara et Koto, les deux enfants qui apparaissent sur scène. Ils sont sœur et frère, mais cependant pas tout à fait comme les autres. Car Fara a les jambes toutes molles et Koto ne peut pas parler. Ils sont une charge pour leurs parents car ils ne peuvent aider aux travaux des champs. Aussi les emmènent-ils dans la forêt pour les abandonner. Voici les deux enfants livrés à eux-mêmes dans un milieu hanté par d’étranges figures et dont la part d’inconnu peut constituer une menace…

© Patrick Berger

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Entre conte, chorégraphie et vidéo

Hauts sont les arbres qui encadrent le chemin que prennent les enfants dans la forêt projetée en fond de scène, qui avance au fil de leurs pas sans déplacement. Sombre cet environnement où la lumière peine à se frayer un chemin. Les parents n’interviennent qu’en voix off, pour leur intimer l’ordre de rester où ils sont et de ne pas les suivre. Un conte de la misère comme la littérature sait en livrer. Mais ici point de paroles échangées entre les enfants, seulement le langage du corps qui les mêle et les relie. Car Fara a besoin des jambes de Koto pour marcher. Il la porte, l’accompagne, la protège, elle dont les jambes se dérobent sous elle, elle qui a l’air de se plier et de se disloquer dès lors qu’il lui faut tenter un pas.

© Patrick Berger

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Un conte initiatique

Ces enfants, c’est pour leurs différences qu'ils sont rejetés. La solidarité qui les lie, comme une forme de résistance, est elle-même matière fragile. Koto aura la tentation, à un moment, lui aussi, d’abandonner sa sœur au loup qui guette, passe et repasse, comme une icône emblématique, la figure de nos peurs et du dépassement du danger. C’est à travers l’épreuve que Fara et Koto parviendront à se trouver et, par là-même, à conquérir leur liberté, qui s’exprime à travers la capacité de leur corps à être autonome et à décider du mouvement qu’ils choisissent de lui imprimer. Fara remplacera ses malhabiles déplacements sur les fesses à base de petits sauts par une verticalité pour le moins acrobatique et déstructurée au départ qui s’affirmera au fil de son évolution. Koto retrouvera une liberté de mouvement dans l'espace à travers le saut et la prise de possession de l'espace.

© Patrick Berger

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Une proposition chorégraphique tendre, inventive et éclairante

Si la gestuelle de Fara passe par la cassure, la désarticulation des différentes parties du corps, comme pour traduire l’impossibilité de coordonner ses mouvements, celle de Koto est toute en enroulements autour de sa sœur, en contacts qui passent par le dos ou les portés mais aussi dans la présence d’une danse intime, visage contre visage, cou contre cou. À la saccade, au déséquilibre et à la décomposition heurtée s’oppose la liberté de grands enjambements, membres tendus. Les corps se heurtent, se mêlent, se soutiennent, se repoussent. Le hip hop que pratique Sandra Geco intègre l’alternance de tension et de détente du popping dans un ensemble où le dépassement de la contrainte physique renvoie au déblocage du corps, à sa libération. La forme de break dance que développe Giovanni Leocadie passe, elle, par la légèreté, le caractère aérien du mouvement, le glissement, la finesse et la fluidité. Une manière de parler sans les mots, immédiatement perceptible, qui s’adresse au corps et aux émotions.

Les enfants, majoritaires dans la salle, l’ont si bien saisi qu’ils sont demeurés silencieux, captivés par cet univers onirique traversé de papillons bavards et de loups qui ne mangent pas les petits enfants. Car il leur parle d’eux et des relations qu’ils entretiennent avec les autres au travers de métaphores qui traversent les corps et les décors. Le spectacle les rend lisibles dans une forme belle et poétique qui ajoute à l'intérêt du thème et de son traitement.

© Patrick Berger

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Faraëkoto

Une création de Séverine Bidaud Textes et conseils dramaturgiques Marion Aubert Aide à la chorégraphie Joëlle Ofrig Créé avec et interprété par Sandra Geco et Giovanni Leocadie Musique Natyve Lumière Esteban Loirat Vidéo Pascal Minet Costumes Alice Touvet Danse, dès 6 ans  Durée 40 min Remerciements pour les voix Delphine Lacouque, Flore Taguiev, Talila et Oumarou Bambara Regards complices Jane-Carole Bidaud, Natacha Balet, Cault Nzelo, Carlo Diaconale, Audrey Bottineau, Amélie Jousseaume, Isabelle Job et Madeline Création les 6 et 7 octobre 2020 au Sillon  de Petit-Couronne (76) Coproductions : La DRAC Normandie, La Région Normandie, Le Département de Seine-Maritime, Le Sillon de Petit-Couronne (76), Le Piaf de Bernay (27), Le Théâtre des Miroirs à La Glacerie – Cherbourg en Cotentin (50), L’Expansion artistique – Théâtre Charles Dullin à Grand-Quevilly (76), C3 – Le Cube à Douvres-la-Délivrande (14), Théâtre Jacques Prévert à Aulnay-sous-Bois (93), C’est Coisel ? de Saint-André-sur-Orne et Saint-Martin-de-Fontenay (61).Avec le soutien de (pour la mise à disposition de ses lieux de création et de recherche) L’Etincelle / Théâtre(s) de la ville de Rouen (76), Le Flow / le Centre Eurorégional des Cultures Urbaines à Lille (59), La Halle aux Cuirs – Etablissement du Parc et de la Grande Halle de la Villette-Paris (75), La Maison des Arts de Créteil – Scène Nationale (94), La Salle Gérard-Philipe à Bonneuil-sur-Marne (94), L’Entre-Pont à Nice (06), L’Espace Charles Vanel à Lagny-sur-Marne (77), La Salle JeanRenoir à Bois-Colombes (92). Autres soutiens (préachat) Le Sillon de Petit-Couronne (76), C3 – Le Cube à Douvres-la-Délivrande (14), Le Piaf de Bernay (27), L’Entre-deux à Lésigny (77), Le Sud-Est Théâtre à Villeneuve-Saint-Georges (94), L’Espace Charles Vanel à Lagny-sur-Marne (77), Le Centre Culturel Bienaimé à La Chapelle-Saint-Luc (10), La Courée à Collégien (77), Festival Mômes en Folie à Saumur (49), L’ECFM de Canteleu (76). Le Théâtre des Miroirs à la Glacerie – Cherbourg en Cotentin (50), L’Etincelle / Théâtre(s) de la ville de Rouen (Rouen). Avec le soutien de l’ODIA Normandie / Office de diffusion et d’information artistique de Normandie.

TOURNÉE

  • 8 Mars > Espace Beaumarchais – Maromme (76) – 10h et 14h30
  • 16 Mars 22 > Espace Didier Bienaimé – La Chapelle-Saint-Luc (10) - 15h
  • 27 mars 22 > Scène Mermoz– Bois-Colombes (92) - 15h
  • 1er et 2 Avril 2022 > Festival Mômes en folie – Dôme de Saumur (49) – 10h et 14h30, puis 15h
  • Du 27 au 29 Avril 2022 > Festival Curieux Printemps - Théâtre Louis Jouvet / L’Etincelle – Théâtre(s) de la Ville de Rouen (76) - 
  •  19h, puis 10h et 14h, puis 10h et 14h
  • 13 Mai 2022 > L'Entre-Deux - Lésigny (77) - 14h et 20h45
  • 16 et 17 Mai 2022 > ECFM – Canteleu (76) –14h30, puis 14h30 et 18h30
  • 01 Juin 22 > Les Vikings – Yvetot (76) - 18h30
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