6 Juillet 2022
La Maison de la Radio et de la Musique propose en décembre et janvier une fiction originale et attachante à découvrir dans le désordre et à recombiner à la manière d’un puzzle au cours d’une promenade aléatoire et en zigzag.
Dans le hall de la Maison de la Radio trône une vieille Panhard. Un peu plus loin, six cabines aux parois miroitantes sont disposées. C’est dans l’une de ces six cabines qu’on commence le parcours. On le poursuivra en pénétrant dans les autres avant de prendre place dans la voiture. À l’intérieur de chacune des cabines, un petit théâtre en miniature à regarder en réglant la hauteur de son tabouret, et un casque audio. Il ne reste plus qu’à mettre la machine en route pour que s'anime le décor et que soit lancée une aventure, éclatée en séquences qui nous projettent tour à tour dans l’étrangeté d’une cabine téléphonique plantée en plein désert, dans un studio d’enregistrement, au bar du Splendid à Dax, au milieu d’un drive-in en plein cœur de l’Amérique, dans une cuisine parisienne ou dans l’exotisme d’une rue de Shanghai.
Une scénographie en version réduite
Chacun des décors qui s’éclaire au fil du parcours s’apparente à un décor de théâtre dont la maquette nous serait proposée. La lumière y joue sa partition. Le jour se lève, la journée passe, la nuit vient. Les nuages prennent des teintes différentes selon les heures. Des phares de voiture trouent l’obscurité. Une projection apparaît sur l’écran géant devant lequel la voiture est disposée. Une lampe de bureau s’éclaire, une fenêtre, qu’on contemple depuis une cuisine, s’illumine de l’autre côté, à l’arrière-plan. Parfois même les niveaux se superposent. Derrière le bureau où trône une machine à écrire apparaît le décor d’un bar et d’un salon de style chinois on passe à l’espace de la rue qui devient visible derrière la vitre. Des espaces dépourvus de présence humaine, mais pas inhabités. Chacun a sa personnalité propre, chacun raconte une histoire où l’insolite a sa place, tels cette cabine au milieu de nulle part ou le punching-ball planté au milieu d’un salon chinois. Élément récurrent, une vieille radio y ajoute son tremblotement lumineux…
Le fil rouge du son
La présence humaine n’est « visible » qu’à travers le son, dans une transmutation qui laisse à l’auditeur la faculté de recréer la scène, de l’animer par la seule force de son imaginaire. Un tintement de verres et un brouhaha de conversations évoquent le bar que fréquentait Hemingway tandis que retentit, à la radio, le fameux discours où Pétain « fait don de [sa] personne » à la France avant d’accepter une capitulation dont on connaît aujourd’hui les tenants et les aboutissants. En fond sonore, les cornes de brume, au loin, évoquent le bord de mer tandis que les trains qui transportent ceux qui fuient passent d’une oreille à l’autre. Dans chacune des cabines, le son est présent. L’orage gronde, la pluie tombe, la radio résonne. Elle est l’accompagnement quotidien de nos vies, nous escorte dans l’intimité de nos appartements, de nos maisons, de nos voitures. Elle diffuse des extraits de dramatiques, des actualités, de la musique. On reconnaît Lucien Jeunesse, Marguerite Duras, Macha Béranger. Les bruits du quotidien se mêlent au message que diffusent les ondes. Bruits de vaisselle, rumeur de la rue, chiens qui aboient au loin contribuent à dessiner une atmosphère.
La composition d’un puzzle et son point d’orgue
Tandis qu’on chemine au hasard du choix des cabines dans le temps et l’espace, des embryons d’une autre histoire se mettent en place. Il est question l’une lettre mystérieuse laissée à une trapéziste par sa mère défunte, d’un boxeur à la dérive dans une chambre chinoise, d’un animateur de radio américain qui prépare son invité à la prise d’antenne, d’un couple installé dans sa voiture au drive-in, de la disparition soudaine et sans laisser de trace d’une trapéziste. Installé à l’arrière de la vieille Panhard qui clôt son parcours, le spectateur-auditeur découvre la clé qui lui permet de relier tous ces fragments. Tandis qu’il regarde défiler le paysage nocturne balayé par la pluie, le chauffeur de taxi qui le conduit – dont on ne note que la présence sonore – met en relation les morceaux épars. Il tisse le lien qui relie toutes ces histoires et retrace une histoire d’amour fou, une fable multiforme dont d’autres développements ont été présentés dans d’autres lieux, d’autres théâtres, en adoptant un principe similaire. Ici, au croisement entre scénographie et son et à travers la présence de la radio, en cette année de centenaire de Radio Tour Eiffel, s’établit une passerelle entre petite et grande histoire, réel et fiction, mémoire collective et approche individuelle. Un propos fascinant dans une forme plus que séduisante…
Radio Daisy
S Création et réalisation Cécile Léna S Collaborateur artistique et construction Marc Valladon S Création sonore Xavier Jolly S Création lumière Jean-Pascal Pracht S Création vidéo Carl Carniato S Composition musicale Christophe Menassier S Multimédias Emerick Hervé S Régie technique Raphaël Quillard, Lucie Gautier, Denis Vernet S Serrurerie Frédéric Cloerec S 3D - prise de son Frédéric Bruneaux S Prise de son Antoine Muel S Spatialisation de la Panhard - ingénieur du son au service Innovation et qualité de Radio France Frédéric Changenet S Avec les voix de Thibault de Montalembert, Hélène Babu, Yilin Yang / traduction chinois, Pablo Pinasco, Rodolphe Martinez, Christian Loustau, Isabelle Loubère, Guy Ricard, Stéphanie Moussu, Christophe Brioul, Anne-Laurence Loubignac S Avec la participation de Jean Lebrun - Radio France S Film Le Boxeur et la Trapéziste - Carlos Martins, comédien - Coretta Assié, trapéziste - Enzo Pain, boxeur - Sanae Maehara, comédienne - Julien Raynaud, étalonnage S Collaborateurs artistiques Etienne Saglio, conseil en magie - Sébastien Hondelatte, réalisateur - Orbital VKL, objets numériques - Jérémie Samaoyault, mapping - Michel Basly, guitariste - Cécile Lisbonis, graphiste - Marthe Lemut, production - diffusion - Pierre Duprat, administration – Coline Soubieux, chargée de production de l’exposition à la Maison de la Radio et de la Musique - Studio d’enregistrement Quali’Sons (Paris) - Tapisserie Panhard À chacun son fauteuil (Bordeaux) S Durée totale estimée 45 minutes S À partir de 8 ans S Production : Léna d’Azy S En coproduction avec Radio France - Maison de la Radio et de la Musique, Tandem - Scène nationale Arras - Douai, La Passerelle - Scène nationale de Saint-Brieuc, l’Espace des Arts - Scène nationale de Chalon-sur-Saône, l’OARA - Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine S L’équipe artistique est conventionnée par la DRAC Nouvelle-Aquitaine - Ministère de la Culture. Léna d’Azy est subventionnée par le Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine et le Conseil départemental de la Gironde.S Remerciements à l’Opéra national de Bordeaux, les ateliers du TnBA, Myriam Delgado, Guillaume Léna Soto, Marius Léna, Clément Léna, Kevin Laussu S CRÉATION du 14 décembre 2021 au 16 janvier 2022 à la Maison de la Radio et de la Musique - 116, avenue du Président Kennedy - 75016 Paris
Du 13 au 30 juillet 2022, dans le cadre de Paris l’été
Au lycée Jacques Decour – 12, avenue Trudaine, 75009 Paris
Entrée libre
CRÉATION
Du 14 décembre 2021 au 16 janvier 2022
Maison de la Radio et de la Musique - 116, avenue du Président Kennedy - 75016 Paris
Du mardi au samedi de 11 h à 20 h, le dimanche de 11 h à 18 h (entrée libre)
Radio Daisy a sa propre dramaturgie indépendante, mais fait partie d’un ensemble de 5 créations reprenant des personnages et des motifs récurrents. L’expérience de spectateur peut être augmentée et enrichie en découvrant l’ensemble des cheminements des différents protagonistes, déjà présents dans FreeTicket, Kilomètre Zéro et Columbia Circus.
Les 2, 5, 8, 9 et 12 mars 2022 au Tandem, Douai, en même temps que le Boxeur et la trapéziste, du 26 février au 12 mars 2022