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Arts-chipels.fr

My Dead Bird. Quand le nonsense et le cinéma partent à la rencontre du clown.

My Dead Bird. Quand le nonsense et le cinéma partent à la rencontre du clown.

Peut-on apprivoiser un oiseau mort et le faire voler ? C’est la grave question qui agite Little Frida, cette fille cachée, colorée, naïve et un peu trash de la grande Frida – Kahlo – qui entreprend un voyage de plus en plus délirant sur les terres de l’absurde.

Remisez toute rationalité au vestiaire et mettez vos références cinéphiliques en ordre de bataille si vous voulez goûter au plaisir de ce spectacle où il n’y a rien à comprendre, où on ne propose pas de message et encore moins de texte. Car que faire d’une petite fille sans âge à l’air ravi qui se trimballe avec un paquet de plumes dans une cage à oiseaux avec la ferme intention de faire comme si l’oiseau était vivant et qui, en plus, parle l’anglais comme un Basque l’espagnol, avec un accent français à couper au couteau ?

© Jean-Jacques Brumachon

© Jean-Jacques Brumachon

Une histoire ? Quelle histoire ?

Little Frida apparaît sur scène, éclatante de couleurs dans son ciré rouge vif et ses bottes jaunes. L’oiseau imaginaire qu’elle sort de sa cage n’est qu’un paquet de plumes. Le petit compagnon est un « dead bird », un oiseau mort. Bon, il est mort, mais il peut quand même voler ! Voilà qu’elle substitue à cet oiseau imaginaire un véritable oiseau, mais sous la forme d’un cadavre déplumé de caille. Celui-là, est-il capable, lui aussi, de voler ? De fil en aiguille et de cage en micro-ondes, ça se met à déraper. Voilà Little Frida qui trouve un poisson sous forme de bâtonnet à frire et le place dans un aquarium, mange son oiseau mort et donne sa carcasse pour compagnon à son poisson qui s’ennuie… Commencé sur le mode doucement innocent, la plaisanterie tourne au jeu de massacre un peu trash mais très réjouissant.

© Jean-Jacques Brumachon

© Jean-Jacques Brumachon

De clown, de théâtre et de cinéma

Avec sa face de ravie de la crèche qui s’étonne des conséquences de ses entreprises, Little Frida s’aventure sur les terres du cinéma. Le film noir est à l’honneur avec la musique d’Ascenseur pour l’échafaud et la trompette si caractéristique de Miles Davis. La caille, éventrée par un couteau se transforme en revolver tandis qu’en voix off retentit le dialogue entre Humphrey Bogart et Ingrid Bergman dans Casablanca, où celle-ci le menace pour récupérer les sauf-conduits qui leur permettront, avec son mari, d’échapper aux nazis. Des sacs poubelle devenus fous se transforment en corbeaux qui s’attaquent à Little Frida au son des Oiseaux d’Hitchcock. Ces clins d’œil qu’on voit passer avec bonheur ajoutent au caractère quelque peu foutraque de ce monde complètement détraqué où chaque chose n’est pas ce qu’elle devrait être et où tout se télescope et change de rôle. L’auguste circassien est devenu un ange exterminateur qui dynamite le réel et en révèle l’inanité, et c’est très drôle…

My Dead Bird

S Texte Victoire Bélizy, Marion Guerrero S Mise en scène Marion Guerrero S Jeu Victoire Bélizy

Aux Déchargeurs – 3, rue des Déchargeurs – 75001 Paris

Du 1er au 23 décembre 2021 à 21h, du mercredi au samedi

www.lesdechargeurs.fr Tél. 01 42 36 00 50

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