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Arts-chipels.fr

Olympe et moi. Histoires de femmes, de trous et de têtes coupées.

Olympe et moi. Histoires de femmes, de trous et de têtes coupées.

Autour du personnage d’Olympe de Gouges, Véronique Ataly et Patrick Mons construisent un spectacle où se croisent et se recoupent les différentes facettes de la femme qui proposa, durant la Révolution française, une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et celles des femmes d’aujourd’hui. Un sympathique parcours en textes et en chansons où l’humour le dispute au féminisme.

Olympe de Gouges peine, encore aujourd’hui, à être réhabilitée et son entrée au Panthéon loin d’être acquise. Bien qu’il en eût été question depuis la commémoration du bicentenaire de la Révolution française, il y a plus de vingt ans, l’idée n’a pas reçu l’agrément de ceux qui, en majorité, composent les commissions et autres instances de décision. Et si elle a été recalée au Panthéon, il a fallu attendre 2016 pour qu’un buste d’elle soit admis à l’Assemblée Nationale. Il faut dire que la dame sent un peu le soufre, avec sa double guerre déclarée : contre les hommes en la personne de Robespierre, ce qui lui vaudra d’être guillotinée comme un danger pour la Révolution, mais aussi contre les femmes – ou une certaine catégorie de femmes – qui, par leur comportement, transportent et transmettent, constate-t-elle, la mauvaise graine qu’on a mise en elles. Cancanières et fourbes, elles ne sont pas un facteur de changement social et de progrès et Olympe la pasionaria les exhorte à faire leur propre révolution…

© DR

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La femme de tous les combats

Pas facile de faire le tri dans les déclarations d’Olympe de Gouges car elles changent au rythme de l’évolution rapide de l’esprit du temps. On retiendra cependant que dans la masse de ses combats exaltés, elle s’attaque à toutes les discriminations sociales et politiques, le genre y compris. Cette veuve de bonne heure qui dispose de son autonomie – elle refusera les propositions de mariage de ses compagnons – et quitte Montauban pour mener à Paris une vie luxueuse et galante, qui la fait considérer comme une courtisane et prostituée par Rétif de La Bretonne – le beau donneur de leçons que ce libertin, entre autres auteur de romans plus que lestes ! – se veut femme de lettres et fière de son indépendance. Elle se fait connaître dès l’Ancien Régime par ses combats pour la reconnaissance des droits des « nègres », comme on dit alors, dont l’esclavage dans les colonies fournissait la matière d'un commerce fructueux qui représentait alors la moitié du commerce extérieur français. Elle y consacrera deux pièces et un essai où elle dénonce les préjugés qui les ont conduits à l’esclavage et l’inanité de l’argument « naturel » pour justifier leur servitude. Elle défend les droits des mulâtres en rappelant sa naissance illégitime et plaide pour les droits des enfants naturels. Pour s’attaquer à un théâtre sous le contrôle étroit du pouvoir, elle crée sa propre troupe et devient l’une des pionnières du théâtre politique. À la Révolution, elle n’hésite pas, dans ses pièces, à critiquer ouvertement les hommes politiques de son temps avec lesquels elle est en désaccord. Plus tard, elle le fera à la tribune et dans ses écrits, traitera Marat d’« avorton de l’humanité » et, s’insurgeant contre la dictature de la Terreur, apposera à Robespierre les qualificatifs d’« opprobre et exécration de la Révolution. » Elle est, durant la Révolution, de tous combats sociaux, propose qu’un impôt sur les riches compense les aides apportées aux indigents, préconise une assistance aux sans emploi, la création d’ateliers nationaux pour donner du travail au plus pauvres et de foyers pour les mendiants. Enfin, elle réclame l’abolition de la peine de mort.

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La femme du combat des femmes

Olympe, née Gouze et devenue veuve Aubry avant de se choisir le patronyme aux allures nobles de « de Gouges » est la femme de toutes les indignations. Infatigable, elle rédige une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne calquée sur la Déclaration des droits de l’homme dans laquelle elle revendique l’égalité des droits civiques entre les deux sexes. Car dans la France révolutionnaire, si les femmes ont pris les armes, elles n’en ont pas moins que le droit de se taire et de ne pas se mêler de la vie publique. Elle écrira que « Si la femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » Elle obtient d’ailleurs que les femmes soient admises à la « fête de la loi » de juin 1792 et à la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet de la même année. Elle demande la suppression du mariage religieux et son remplacement par un contrat civil, plaide pour un mariage librement choisi et obtient que le divorce puisse être le fait de l’un ou l’autre des époux, se fait l’avocat des droits des enfants illégitimes. Elle préconise la mise en place d’un système de protection maternelle et infantile, analogue à celui que nous connaissons aujourd’hui, et demande la création de maternités.

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L’œuvre d’une femme dans la tête d’une femme d’aujourd’hui

C’est de ce personnage passionné, emporté et baroque que s’empare Véronique Ataly pour dire ce qui vit en elle – et en nous – du combat d’Olympe de Gouges. Elle, elle rencontre Olympe en tant que femme et en tant que « théâtreuse ». Avec le registre de l’art et de la création dans sa besace, la panière d’osier qui contient tous les grigris du comédien en même temps qu’elle recueille les têtes des décollés de la guillotine. Car Olympe de Gouges expérimente l’invention du bon docteur Guillotin à quarante-cinq ans sur ordre de Robespierre. Véronique devenue Florence nous conte, avec l’aide de Patrick Mons – parce que les hommes ont aussi leur part dans cette histoire –, l’histoire de cette tête coupée tombée dans un trou qui représente aussi bien les trous de mémoire de la comédienne qui peine parfois à retrouver son texte que les oubliettes de l’histoire où le personnage a été jeté. Discours politiques, expériences personnelles, dialogues avec des jeunes d’aujourd’hui, chansons populaires, en aparté ou à la tribune nous promènent entre présent et passé avec allant. C’est gai et plein d’humour et on passe un moment agréable et sympathique.

Olympe et moi - De Patrick Mons avec des textes d'Olympe de Gouges

S Sur une idée originale de Véronique Ataly S Mise en scène Patrick Mons S Jeu Véronique Ataly S Durée 1h10 S Production La lune et l’océan, avec le soutien de l’ADAMI DECLENCHEUR, Théâtre de Fontenay Le Fleury, du Fonpeps et proarti

Du 7 au 27 juillet à 11h25

Au Théâtre des Corps Saints, Avignon

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