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Arts-chipels.fr

Où est passé l’Homme à la moto ? Nostalgie, quand tu nous tiens…

Où est passé l’Homme à la moto ? Nostalgie, quand tu nous tiens…

Céline Caussimon convoque ces refrains qu’on fredonne encore et toujours et qui nous parlent d’un Paris disparu ou en voie de l’être, de l’appel des terres lointaines et de l’amour, toujours.

Un chapeau mou placé sur un accordéon trônant sur un tabouret haut, un imperméable qui viendra coiffer un pied de micro : nous sommes dans l’univers du polar et de la musique, pas façon hard rock mais plutôt style Marlowe, nonchalance teintée d’humour. Et justement, cette histoire, elle commence avec les années 1950 (1956 très exactement) quand Édith Piaf enfourche une machine infernale dont le vrombissement finira tragiquement, sur les traces d’un mauvais garçon qui porte tatoué sur le bras « Maman je t’aime ». L’inspecteur.trice Mélodie enquête sur les affaires classées, les CCCF, les Cold-Cases de la Chanson Française. Car enfin, si la chanson de l'Homme à la moto nous parle bien, à la fin, d’une culotte, d’une paire de bottes et d’un blouson de cuir noir retrouvés, elle mentionne l'absence de trace de la moto et de son propriétaire. Il n’en faut pas plus pour que notre inspectrice de la BAC (la Brigade d’Action de la Chanson) se lance à la recherche du disparu, aidée par son fidèle adjoint Léon l’accordéon.

© Xavier Cantat

© Xavier Cantat

Une investigation-exploration de la chanson française

De l’Homme à la moto jusqu’à la Californie en passant par les Champs-Élysées, le bar-tabac de la rue des Martyrs, une errance le long des voies ou une visite à la serveuse qui « essuie des verres au fond du café », notre inspecteur.trice se lance sur les traces du disparu, aidée en cela par Édith Piaf, Joe Dassin, Serge Gainsbourg, Hugues Aufray, Alain Souchon et Nino Ferrer. Car ce sont les chansons qui guideront l’investigation de Mélodie. Elles la pousseront à retrouver Marie-Lou, « la pauvre fille » amoureuse du motard. Est-elle, comme l’affirme la serveuse du café triste, morte avec son compagnon dans cet ensoleillement de leur amour ? « Impossible, pense Mélodie, on ne réchappe pas à la locomotive pour se suicider ». Et qui est cette fille indifférente à tout ce qui n’est pas sa moto et qui se balade en Harley-Davidson ? De fausses pistes en voies sans issue, l’inspectrice, mise en échec, se voit déjà acculée à l’échec et à la relégation, tout juste bonne à retrouver les Mirza égarées. Mais d’un bistrot à l’autre et d’une chanson à l’autre, Mélodie finira par trouver la vérité

© Xavier Cantat

© Xavier Cantat

Une actrice-chanteuse à facettes et un accordéon qui parle

Céline Caussimon joue de son talent de comédienne pour camper tour à tour une serveuse à la voix rogue, une simili Brigitte Bardot à la voix non placée qui quitte par moment un ton mièvre et faussement nunuche pour une ascension dans les aigus, ou la voix chaude de Joe Dassin qui évoque « l’orchestre à mille cordes » qui célèbre l’amour. Elle retrouve les accents populaires, un brin canailles, des goualeuses des rues. Avec un art consommé, elle passe du texte à la musique, l’un répondant à l’autre. L’accordéon n’est pas qu’un accessoire. Il commente, illustre, ponctue la recherche de l’inspectrice. Il bruite le sifflet de la locomotive et la violence du choc. Il rend l’errance au long des rues et l’épuisement perceptibles par le ralentissement du thème musical qui finit par se réduire au silence, incapable de reprendre son souffle comme la narratrice-enquêtrice. Les chansons qu’elle chante, le public les fredonne d’abord dans sa tête avant d’en reprendre les refrains. Chacun se retrouve pris au piège de ses propres souvenirs, où la nostalgie le dispute au plaisir et au bonheur que font naître ces chansons car, sans être grandioses, elles sont seulement devenues inoubliables. Sans doute est-ce là l’un des ressorts de ce spectacle populaire que l’humour traverse de part en part.

Où est passé l’Homme à la moto ? Une enquête musicale conçue et interprétée par Céline Caussimon

S Voix et accordéon Céline Caussimon S Chansons d’Édith Piaf, Joe Dassin, Serge Gainsbourg, Hugues Auffray, Alain Souchon, Nino Ferrer, Pigalle… S Regard complice Yves Javault Lumières Marie--‐Hélène Pinon Dessin Jacques Tardi

Création au Festival Chansons de Paroles, à Barjac, le 2 août 2021

Au Guichet Montparnasse – 15, rue du Maine – 75014 Paris

Tous les jeudis à 19h, du 9 sept au 25 nov

Rés. 01 43 27 88 61. Site : www.guichetmontparnasse.com

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