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Arts-chipels.fr

Le Cirque invisible. Entre cocasserie et poésie, prestidigitation et clownerie, une traversée pleine de fantaisie.

© Stéphane Trapier

© Stéphane Trapier

Facétieux et pleins de surprises, Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée nous baladent dans un univers peuplé d’animaux en pleine métamorphose et de magiciens volontairement plus très habiles dans une débauche de changements de costumes.

Deux personnages sans quête d’auteur

Assis sur un coffre, en costume de velours rouge éclatant, les jambes en évidence, il débarque sur scène. Mais voici que le coffre s’éloigne avec les pieds et que le personnage part dans l’autre sens. Le ton est donné. Il va devant nous manger une bougie qui, avalée, se met à illuminer son ventre ou sortir un bouquet de plumes multicolores d’un objet improbable. Clown fantasque, en costume toujours extravagant aux manches arc-en ciel ou en tenue de magicien et chapeau pointu, jongleur obstinément raté qui fait tomber les quilles ou transforme les oranges en grosses balles, il joue avec nous au prestidigitateur. D’un cercle jaune, il fait une lune qu’il retourne, face noire pour nous indiquer une éclipse ou nous annonce l’apparition miraculeuse d’un chien dont la seule présence est un étron. Il invoque un lapin imaginaire qui finira par se multiplier sur la scène, dans une prolifération sans fin.

© Giovanni Cittadini Cesi

© Giovanni Cittadini Cesi

Une valise magique et des accessoires de prestidigitateur

Voyageur avec bagage, il trimballe le plus souvent une valise peinte – jamais la même. Quand elle montre un vase, il en tire le col ou le remplace par un bouchon. Quand elle est paysage, il voyage. Il en tire, bien sûr, toutes sortes d’objets incongrus, joue avec des foulards qui font un bruit de tonnerre. La reine Élisabeth ou le président chinois sortent de la valise, tout comme ces lapins d'opérette en peluche qui font comme des vrais. Elle se recouvre de toile de Jouy quand le maître de cérémonie apparaît vêtu de la même toile et qu’il en tire un métier à broder avec les mêmes motifs. Il a les mêmes petites tables recouvertes d’un tissu à franges qu’on connaît aux membres de sa profession, joue avec les foulards qui apparaissent et disparaissent, les longs cierges qui s’escamotent et les bouquets qui surgissent. On est en terrain connu et inconnu parce qu’il joue en permanence avec les codes et nous amuse d’objets invisibles ou inattendus. Il n’y manquera pas même le grand classique de la femme découpée…

© Giovanni Cittadini Cesi

© Giovanni Cittadini Cesi

Ces animaux qui sont en nous

Quant à Victoria Chaplin, elle porte la part d’héritage que son père lui a léguée. En robe à cerceaux, avec ruchés de rigueur, bouillons et falbalas, elle se transforme en culbuto lancé dans une série de rotations sur l’espace circulaire d’une piste de cirque dessinée par la lumière sur la scène, où la tête et les bras apparaissent et disparaissent et où l’envers de la robe dessine un coquillage. Elle se transmute en toutes sortes de créatures au gré d’une fantaisie faunesque qui voit chaque costume devenir autruche tendant le cou dans une démarche balancée de volatile, centaure fougueux ou crocodile ouvrant la gueule pour engloutir une improbable proie. Contorsionniste d’une souplesse remarquable, elle emprunte à tous les genres, à toutes les époques et à tous les continents pour faire surgir, non de son chapeau mais de son costume, un bestiaire de créatures surprenantes et pleines de vie.

© Giovanni Cittadini Cesi

© Giovanni Cittadini Cesi

Un monde en pleine métamorphose

Les bouteilles se font caoutchouteuses, les tables se mettent à tourner, les rocking-chairs se transforment en attelage tirés par un cheval au galop dont les naseaux émettent de la fumée comme pour souligner l’effort. La bicyclette devient un motif inépuisable d’inspiration. Sous forme de monocycle en perpétuelle transformation, elle devient aussi tandem chevauché par Jean-Baptiste Thierrée avec un squelette. Les roues de bicyclettes se transforment en chapeau vietnamien ou en dragon à roulettes. Quant à Victoria Chaplin, elle sait se faire toute petite pour devenir une caisse à pattes pleine d’activité. On s’amuse beaucoup devant l’accumulation successive de ces « entrées » courtes où se mêlent l’art du clown et celui du magicien et où s'épanouit une imagination débordante et pleine de poésie. Les enfant s’excitent, les adultes retrouvent leur âme d’enfant et c’est rafraîchissant…

Le Cirque invisible - de et avec Victoria Chaplin & Jean-Baptiste Thierrée

S Lumières Nasser Hammadi S Son Christian Leemans S Habillage et régie plateau Georges Garcia, Véronique Grand-Lambert, Judith Seither S Production Jean-René Pouilly pour Karavane, S Coréalisation Théâtre du Rond-Point

Théâtre du Rond-Point - 2bis av. Franklin D. Roosevelt Paris 8e  

29 juin – 11 juillet 2021, 18h30 . Relâche les lundis et jeudis

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