9 Avril 2021
Qui l’eût dit ? Qui l’eût cru ? Qu’un beau désespoir alors le secourût ?
Appeler Corneille à la rescousse, c’est dire le désarroi dans lequel nous plongent les nouvelles. Foin d’imagination et de rêves fous ! C’est au cœur de l’angoisse – j’exagère, mais bon… – qu’il faut puiser l’énergie de rebondir, encore et encore. Tous les artistes qui travaillent actuellement aux jours prochains où la vie devrait reprendre son cours nous donnent une belle leçon, avec le grain à moudre qu’ils apportent sans se lasser. Alors, prenons-en de la graine et rendons-leur une belle farine qui fera du bon pain…
À la Comédie française : Feydeau
Cette semaine, le vaudeville fait son entrée dans le programme du Théâtre à la table ! Gilles David propose sa lecture du Système Ribadier de Georges Feydeau et Maurice Hennequin. Montée pour la première fois à la Comédie-Française en 2013, cette pièce met en scène les péripéties de Monsieur Ribadier, un coureur de jupon invétéré qui hypnotise et endort sa femme pour aller rejoindre ses maîtresses…
SAM 10 AVR Théâtre à la table
► direct à 20h30 sur YouTube et le site Internet
► replay sur YouTube et podcast sur Soundcloud
En savoir plus sur Le Système Ribadier
Programme du spectacle joué en 2013-2014 au Théâtre du Vieux-Colombier dans la mise en scène de Zabou Breitman
Êtes-vous toujours à la Recherche du temps perdu ? Si oui, le voyage de la Comédie française se poursuit cette semaine avec quatre comédiennes.
MAR 6 AVR Élise Lhomeau
MER 7 AVR Claire de La Rüe du Can
JEU 8 AVR Dominique Blanc
VEN 9 AVR Marina Hands
► direct à 19h sur Facebook
► replay sur Facebook, YouTube et podcast sur Soundcloud
L’université théâtrale : une plateforme de transmission sur Facebook
Les savoirs théoriques et pratiques autour du spectacle vivant à destination des étudiants. Des sessions gratuites deux jeudis après-midi par mois avec des intervenants internes à la Comédie française mais aussi des professionnels extérieurs et un dialogue en direct avec les étudiants en visioconférence et des enregistrements disponibles sur les réseaux sociaux (compte Facebook et chaîne YouTube de la Comédie française)… https://www.comedie-francaise.fr/fr/public-etudiant?utm_source=email&utm_campaign=TOUT_PUBLIC__CARTES__Mais_regarde-moi_donc_dans_les_yeux_&utm_medium=email#
Un printemps musical à l’Espace Cardin, en ligne évidemment
Les prochaines diffusions de concerts proposées par l’équipe du Théâtre de la Ville
S Quintette Mosalini le dimanche 11 avril à 19h. Bandonéoniste de talent, Juanjo Mosalini rend hommage à Astor Piazzolla, qui aurait cent ans cette année. Mosalini n’est pas qu’un interprète de talent avec un style de jeu remarquable. Il est aussi compositeur et propose une musique extrêmement passionnante… Seulement en direct au jour et à l’heure dits sur www.theatredelaville-paris.com (sur la page d’accueil, cliquez sur « voir le direct ») & sur facebook live
Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat. Une vision militante pour lutter contre l’oubli
Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Paris au musée du Luxembourg (jusqu’au 4 juillet 2021)
Parcours du demi-siècle qui s’étend des années prérévolutionnaires jusqu’à la Restauration, l’exposition Peintres femmes 1780-1830. Naissance d’un combat comprend environ 70 œuvres provenant de collections publiques et privées françaises et internationales. L’exposition s’attache à montrer comment le phénomène alors inédit de la féminisation de l’espace des beaux-arts s’articule à cette époque avec la transformation de l’organisation de l’espace de production artistique (administration, formation, exposition, critique) et une mutation du goût comme des pratiques sociales relatives à l’art. Entre le XVIIIe, siècle des Lumières et le second XIXe siècle, celui du Romantisme puis de l’Impressionnisme, la perception de la période est phagocytée par les figures de David et celles des « trois G. » (Gérard, Gros, Girodet). En ce qui concerne les peintres femmes, après le « coup de théâtre » de la réception à l’Académie royale de peinture d’Elisabeth Vigée-Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard en 1783, les noms le plus souvent cités sont ceux de Marie-Guillemine Benoît (et son célèbre Portrait d’une négresse — c’est le titre original), Angélique Mongez pour ses grandes machines historiques davidiennes, Marguerite Gérard qui a survécu stylistiquement au goût rococo et à la renommée de Fragonard dont elle fut l’élève puis la collaboratrice ou bien encore Constance Mayer dont le suicide semble l’avoir sauvée de l’oubli davantage que son œuvre souvent réattribuée à Prud’hon, son compagnon de vie et d’atelier.
Dans les silences de l’Histoire
Un des enjeux majeurs de l’exposition est d’écrire et de mettre en scène une histoire qui n’a pas été racontée (celle des peintres femmes). Pour cela, il apparaît essentiel de se doter de moyens nouveaux et d’interroger ceux qui ont été mobilisés jusque-là pour écrire une histoire de l’art « sans femmes ». On a souvent allégué, pour expliquer l’absence des « grandes » femmes artistes une réponse historique : l’interdiction faite aux femmes de pratiquer le nu et donc la peinture d’histoire, leur niveau moindre de formation, le numerus clausus à l’Académie royale, la vocation matrimoniale, maternelle et domestique que leur attribuent les critères de genre, leur minorisation sociale et politique, la limitation de leur pratique à des genres « mineurs ». Ces arguments sont documentés, il n’est pas question de le nier. Mais ils sont ceux-là même (arguments et documents) et seulement ceux que fournissent l’histoire de l’art traditionnelle et le récit historique dominant. Dans ce récit, on ne parle pas des peintres femmes parce qu’il n’y en a pas ou peu qui sont « grandes ». Parce que le « grand » (grand homme, grand genre, grande œuvre, grande Histoire) y est un présupposé tout autant qu’une intention esthétique et politique qui détermine des choix, des omissions et des exclusions dans la recherche documentaire. Un des intérêts de l’exposition est de déplacer l’origine du point de vue sur les productions des artistes femmes. Les livrets des salons (avec les commentaires des œuvres, les noms des exposant-e-s), les articles de la presse en pleine expansion à cette époque, les œuvres elles-mêmes (par qui ont elles été commandées ? achetées ? etc.), les témoignages contemporains constituent un paysage totalement différent de celui que l’histoire de l’art traditionnelle nous a transmis. Il est beaucoup plus complexe, et le sort des artistes femmes y apparaît moins tributaire qu’on a voulu le dire du schéma manichéen opprimées / oppresseurs, empêchées / favorisés, féminin / masculin. Il s’est donc agi de redonner toute sa place aux témoins et aux acteurs de l’époque dont la parole avait été occultée mais aussi aux œuvres, à la démarche artistique. Car à ne considérer les œuvres des artistes femmes qu’à la lumière de leur statut de femme, qu’il s’agisse de démontrer comment elles en pâtirent, comment elles le transgressèrent ou comment elles le revendiquèrent, on ne fait que corroborer et maintenir les présupposés et les valeurs qui ont conduit le modèle historiographique dominant à oublier leur rôle, leur apport et leur place dans l’espace des beaux–arts entre 1780 et 1830 comme dans les importantes mutations que celui-ci enregistre alors — mutations déterminantes pour la seconde moitié du XIXe siècle. L’exposition est aussi un combat contre l’oubli.
Mise en ligne de visites virtuelles de l’exposition à partir du 8 avril. Suite à l’impossibilité d’ouvrir actuellement l’exposition, des visites virtuelles afin de permettre au public de profiter malgré tout de l’exposition en attendant son ouverture : S une visite virtuelle autonome avec audioguide où le visiteur circule à son rythme, de salle en salle, à travers près de 70 œuvres dont 25 bénéficiant de contenus audioguide. Pour chacune, un visionnage en HD ainsi que le commentaire de l’audioguide en audio et en texte. Pour 11 autres œuvres, il est possible d’ouvrir une image en HD et de zoomer en profondeur pour en apprécier la subtilité. Le lien acheté est unique et nécessite un mot de passe valable pendant une semaine : du mercredi au mardi suivant. S une offre couplée avec visio-conférence et visite virtuelle autonome. La visio-conférence en ligne permet d’explorer un ensemble de tirages d’œuvres de l’exposition accompagnés d’un conférencier. Les séances se déroulent en direct. Elles durent 1 heure et comprennent un temps d’échange via le chat. Le lien vers la visite virtuelle autonome, visible pendant 7 jours, accompagne la visio-conférence. La visite virtuelle s’appuie sur une technologie de pointe basée sur de multiples prises de vues photographiques à 360° et des relevés lasers. Le modèle 3D ainsi constitué offre au visiteur un sentiment d’immersion dans les espaces scénographiques et lui permet de s’approcher au plus près des œuvres exposées. S tarifs : 5 € la visite autonome avec audioguide, 9 € la visite guidée avec un conférencier de la Rmn - GP (tarif réduit pour les Sésames 5 €) à partir du 8 avril 2021 sur www.grandpalais.fr
Sur France Musique, Stravinsky dans tous ses états
S À lire : tout ce que vous avez voulu savoir sur le Sacre du printemps
https://www.francemusique.fr/musique-classique/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-sacre-du-printemps-de-stravinsky-34830?actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13Oqt6qh2NsICqeszo-HIQMQT&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=649917#xtor=EPR-11-[meilleur]-20210408[pos1] et Stravinsky après le Sacre : https://www.francemusique.fr/culture-musicale/tabula-rasa-ou-stravinsky-apres-le-sacre-94347?actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13Oqt6qh2NsICqeszo-HIQMQT&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=649917#xtor=EPR-11-[meilleur]-20210408[pos2]
S À écouter : Stravinsky et l’orchestre
S À regarder : l’Oiseau de feu, avec l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck. https://www.francemusique.fr/concert/interpretation/l-oiseau-de-feu?actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13Oqt6qh2NsICqeszo-HIQMQT&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=649917#xtor=EPR-11-[meilleur]-20210408[pos4]
Cinéma : toujours la plateforme VOD HENRI de la Cinémathèque française
De nombreux films sont disponibles sur la plateforme et il y a de quoi satisfaire toutes les curiosités. S Le cycle actuel consacré au cinéma thaïlandais, avec, cette semaine Dark Heaven, un drame musical romantique qui met en scène une jeune orpheline contrainte de voler de la nourriture pour chiens pour subsister, tombe amoureuse et est finalement adoptée par une femme riche – happy end et femme « libre », toutes proportions gardées – mais aussi bien d’autres… S Du côté de chez Langlois, évidemment, en allant de la présentation de la Cinémathèque aux portraits de peintres (Chagall, Matisse) et des visites de Chaplin ou Buster Keaton à une sélection de films muets. S Un détour vers les séries avec 10 épisodes de la Maison du mystère d’Alexandre Volkoff (1922). Des focus sur les réalisateurs et certains de leurs films, de court ou long métrage : Jean-Claude Biette, Jean-Claude Brisseau, Raul Ruiz (5 films dont Dialogue d’exilés, 1974 et Bérénice, 1983), Otar Iosseliani, Jean Epstein (de Mauprat, 1920, aux Berceaux, 1930) ou Jacques Rozier, le plus mystérieux des cinéastes de la Nouvelle Vague. S Des focus thématiques : un regard sur le cinéma américain contemporain, à la marge du cinéma indépendant ; des engagements, combats, débats, de la Commune à la guerre d’Algérie en passant par les femmes ; le western muet, de la Camargue à la West Coast ; les films noirs, tragiques du muet dont la Femme de nulle part de Louis Delluc (1913) ; un catalogue de films d’avant-garde et d’incunables (Buñuel, Delluc, Méliès, Marey, Nadar, Gance…). S Des plongées historiques : les années 1950 avec Henri-Georges Clouzot, François Reichenbach et Douglas Sirk ; la France sous Giscard, avec des films irrévérencieux où s’étale la post-déprime 1968… www.cinematheque.fr/henri
Hommage à Bertrand Tavernier et Jean-Claude Carrière sur france.tv
Des films et des documentaires. En hommage à Jean-Claude Carrière : Syngué sabour – Pierre de patience ; le Retour de Martin Guerre ; le Soupirant ; la Pince à ongles. Et pour Bertrand Tavernier, les passionnants Voyages à travers le cinéma français, une série de huit films où il évoque de manière très personnelle l’histoire du cinéma français, les œuvres et les réalisateurs qui ont compté pour lui.
Cinéma associatif : courts métrages livrés à domicile
Le Kerfany est un petit cinéma associatif breton dont la programmation est souvent intéressante. Il suggère, en cette période de disette de cinéma, quelques courts métrages. À suivre…
Du 7 au 21 avril : S Cyclistes (de Veljo Popovic, 7’23, Croatie-France, animation pour adultes). Une curiosité. En Croatie, dans une petite ville du bord de mer, la saison des compétitions cyclistes bat son plein. Les deux leaders s’affrontent pour remporter la victoire, mais également pour conquérir une femme. C’est sans compter sur l’arrivée au port du plus grand navire de croisière et de son mystérieux capitaine. https://www.youtube.com/watch?v=xVRySubeEeA
S Joséphine Arthus (Zoé Gabillet, 11’55). Une fiction pleine d’humour noir. Joséphine Arthus, jeune journaliste, est convoquée au 36 quai des Orfèvres pour une raison qui lui est inconnue. https://www.youtube.com/watch?v=sRud_oVYZPg
S Un obus partout (Zaven Najjar, 9’, animation-ordinateur 2D-3D). Art et essai. Beyrouth, 1982. C’est le jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde de football. Pour rejoindre sa fiancée, un jeune Libanais doit traverser un pont contrôlé par l’armée. https://www.youtube.com/watch?v=5NGfukUMM-w
Des dessins animés pour tous jusqu’au 14 avril : S Fresh Hare (Fritz Freleng, 7’28, dessin sur cellulos). Bugs Bunny. Elmer, membre de la police montée, chasse Bugs Bunny, dont la tête est mise à prix. Comme toujours, Bugs fait tourner en bourrique son poursuivant, mais le voyant désespéré, il se constitue prisonnier.
https://www.youtube.com/watch?v=gn9nKzCfu2w
S Acoustic Kitty (Ron Dyens, 12’, ordinateur 2D-3D). L’aventure haletante et humoristique d’un espion aux pattes de velours. Washington, dans les années 1950, les Américains décident de surveiller l’ambassade russe à l’aide d’un chat espion truffé de micros. Encore faut-il pouvoir faire entrer tout ce matériel dans le corps de l’animal… Basé sur des faits réels. https://www.youtube.com/watch?v=u-fl6ZrMAhw
S La Queue (Yacine Sersar, 10’). Une fiction humoristique avec un Jean-Paul Rouve impayable… Dans un supermarché bondé, un homme attend tranquillement son passage à la caisse. Pour avoir laissé passer une jeune femme avec un seul article, il s’attire les foudres d’autres clients. https://www.youtube.com/watch?v=mPkpH8CEZ4I
À l’Institut culturel italien
La dramaturgie italienne des trente dernières années à travers des vidéo-portraits d'auteur.e.s contemporain.e.s. Cette semaine, Oscar De Summa, auteur, acteur et metteur en scène originaire du sud de l'Italie. Il parle de son travail en cours au théâtre Metastasio à Prato, et de sa pièce La Sœur de Jésus Christ, qui sera créée pour la première fois en France par Charlotte Rondelez. Cliquez ici pour voir l’interview. Les autres entretiens du cycle « Théâtre en résistance » et la présentation du projet ici. D’autres propositions (Sur Dante Alighieri ou des documentaires) ont été annoncées dans les Journaux précédents du « coronavirus ».
Au Goethe Institut : Homosexuels et lesbiennes dans l’Allemagne nazie
Un cycle de conférences, lectures et projection en ligne. Durant l’entre-deux-guerres, on assiste en Europe à un essor de la vie homosexuelle qui, sortant de la sphère privée, se manifeste sur la scène publique. En Allemagne, l'article 175 criminalise l’homosexualité depuis 1871 mais la création, en 1897, notamment par Magnus Hirschfeld, de la première organisation au monde ayant pour but la dépénalisation de l’homosexualité favorise la mise en place d’un mouvement revendicatif. La liberté de circuler dans une Europe démocratique favorise la diffusion d’idées et d’expériences qui croisent également les différents mouvements féministes. En 1933, la mise en place du régime national-socialiste marque violemment la rupture. Le premier volet de débats et de projections de film de cycle de rencontres en ligne propose d’explorer les années de l’entre-deux-guerres jusqu’à l’arrivée au pouvoir des nazis. Une deuxième partie, se déroulant en septembre et octobre 2021, se concentrera sur les années de guerre et sur les politiques mémorielles à compter de 1945.
Programme conçu par Suzanne Robichon, essayiste et militante féministe, et l’équipe de l’auditorium du Mémorial de la Shoah : Julie Maeck, Pauline Dubuisson, Sandrine Morvan et Mathilde Bretz. En coopération avec le Mémorial de la Shoah, l’Institut historique allemand de Paris et la Fondation Magnus Hirschfeld. En ligne du jeudi 15 avril 2021 au mardi 1er février 2022. Entrée libre. Inscription obligatoire.
https://www.goethe.de/ins/fr/fr/sta/par/ver.cfm?fuseaction=events.detail&event_id=22168557. Et un festival de courts métrages, présenté dans un Journal précédent. Inscription sur : film-paris@goethe.de.
L’Opéra chez soi, des spectacles à la demande
Des spectacles, avec les grandes œuvres du répertoire lyrique et chorégraphique, à louer, mais aussi des concerts, des documentaires et des courts-métrages de la 3e scène, disponibles gratuitement. Sur la plateforme vidéo de l’Opéra de Paris (Bastille et Garnier) : https://chezsoi.operadeparis.fr/
Au revoir...