5 Avril 2021
Un petit florilège de dessins humoristiques pour Pâques, histoire de faire fonctionner des zygomatiques en berne… et un anniversaire...
On s’amuse comme on peut…
On signalera cependant l’anniversaire du Manifeste des 343 « salopes ».
C’était il y a tout juste 50 ans. Des femmes, s’exposant à des poursuites pénales, signaient un manifeste affirmant « Je me suis fait avorter ». Christine Delphy, sociologue et ancienne chercheuse au CNRS et l’une des fondatrices du Mouvement de libération des femmes (MLF) qui militait déjà pour le droit à l’avortement et à la libre disposition par les femmes de leur corps se souvient. « L’idée est venue de deux journalistes du Nouvel Observateur : Nicole Muchnik et Jean Moreau. Lorsqu’ils nous ont suggéré, autour d’un café, l’idée du manifeste, nous avons tout de suite accepté. […] Avec l’aide de Simone de Beauvoir, nous avons ensuite réuni les 343 signataires. L’objectif était de rallier le plus de femmes possible à notre cause, tant des anonymes que des femmes connues que la notoriété protégeait d’une attaque en justice » Marguerite Duras, Jeanne Moreau, Françoise Sagan ou Gisèle Halimi, entre autres, ont finalement signé. Si les personnalités les plus connues, protégées par leur notoriété, n’ont pas été inquiétées, il n’en a pas été de même pour certaines inconnues ou anonymes, inculpées à cette époque. Ce qui semble aujourd’hui une évidence et un droit représenta en 1970 un coup de tonnerre dans la société de l’époque. Avorter était un « péché » et les avortements clandestins, parfois mortels, dans des conditions d’hygiène souvent épouvantables, ou à l’étranger étaient la règle. C’est au gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing et à l’obstination courageuse de Simone Veil qu’on doit la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. Un demi-siècle plus tard cependant, l’avortement n’est toujours pas considéré comme un acte médical et si certaines avancées concernant le droit des femmes sont notoires, il reste encore beaucoup à faire. Mais cela doit-il être la seule affaire des femmes et un combat qui exclut l’autre sexe ? Faut-il prôner la séparation genrée, comme on avance aujourd’hui la discrimination « positive » entre les couleurs de peau ? N’est-ce pas plutôt dans une mise à plat commune qu’on peut faire avancer les choses ? En tout cas, chapeau bas à ces femmes qui, dans les années 1970, ont fait avancer la cause des femmes…