27 Mars 2021
Alors que la propagation de l’épidémie s’intensifie et que la douceur du climat et l’allongement des jours poussent tout un chacun à prendre l’air, quelques résistants, encore et toujours, continuent de proposer de quoi faire fonctionner nos perceptions sensibles…
Mais avant toutes ces brèves d’échappées belles possibles, une pensée émue pour Bertrand Tavernier qui vient de nous quitter…
Décès de Bertrand Tavernier – La disparition d’un grand cinéphile
Le réalisateur, scénariste et producteur est mort le 25 mars. Il avait 79 ans. Éminente personnalité du cinéma français, artiste engagé à l’œuvre éclectique et reconnue à l’étranger, Bertrand Tavernier a réalisé des films d’époque et contemporains, avec une prédilection pour les sujets sociétaux. On lui doit notamment L’Horloger de Saint-Paul, le truculent Coup de torchon, La vie et rien d’autre avec toujours Philippe Noiret ou plus récemment Quai d’Orsay et une adaptation très réussie du roman de Mme de La Fayette, la Princesse de Montpensier. Grand cinéphile, mû par le souci de défendre un cinéma français indépendant et la passion pour le cinéma américain du XXe siècle, il fut investi dans la préservation et la transmission des films.
Ses films ont été largement récompensés : prix 1974 Louis-Delluc pour L’horloger de Saint-Paul, nomination aux Oscars 1983 pour Coup de torchon, prix de la mise en scène à Cannes en 1984 pour Un dimanche à la campagne, BAFTA 1990 du meilleur film étranger pour La vie et rien d’autre, Ours d’Or 1995 à Berlin pour L’Appât, Lion d’Or à Venise pour l’ensemble de sa carrière. Bertrand Tavernier était aussi le président de l’Institut Lumière.
THÉÂTRE
Les podcasts du Théâtre du Rond-Point
Théâtre de la Ville – La Vie invisible
Une version radiophonique de la pièce de Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan qui offre une méditation fascinante sur les paradoxes de la perception et de la mémoire.
Direct le samedi 27 mars à 21h : www.franceculture.fr et www.theatredelaville-paris.com
Une soirée dans l’univers d’Alice le lundi 29 mars à 21h
Le personnage fétiche du Théâtre de la Ville inspiré par Lewis Carroll dans une version réinventée par Fabrice Melquiot et Emmanuel Demarcy-Mota. Une soirée avec les deux épisodes : Alice et autres merveilles suivi d'Alice traverse le miroir, captés au Théâtre de la Ville-Espace Cardin en janvier 2021 à l'occasion des représentations en direct des spectacles. Voyageuse et aventurière sans limite, Alice est une enfant à la charnière de l’adolescence, capable d’allers-retours entre ces deux âges de la vie. L’incroyable récit de ses aventures éblouit inlassablement adultes et enfants, chercheurs et savants depuis qu’elle est née il y 156 ans. Sans doute même pourrait-on prouver que plus les jours passent, plus les sciences progressent, plus les technologies bouleversent notre rapport au temps et à l’espace, plus ces aventures-là nous sont nécessaires et semblent étonnamment plausibles. Pour en savoir plus : ici
Diffusion le 29 mars, sur Culturebox (canal 19 de la TNT) & en replay
Comédie française - Ce que j’appelle oubli, de Laurent Mauvignier
Ce texte part d’un fait divers réel, survenu en 2009 à Lyon. Dans un supermarché, un homme vole une canette de bière et la boit sur place. Des vigiles surviennent, le conduisent dans la réserve et là, le tabassent. Il en meurt. Le narrateur s’adresse,au frère de la victime. « Dans l'effort d'écrire au plus près de l'insensé, à même le désastre insignifiant, page après page, mot après mot, la langue de Mauvignier […] parvient, il me semble, à redonner souffle — et non pas visage ou sens —, au pauvre mort anonyme, et peut-être, à consoler son frère, ou nous-mêmes, un tant soit peu. » (Denis Podalydès). Le samedi 27 mars à 20h30 dans Seul à la table.
► direct à 20h30 sur YouTube et le site Internet de la Comédie française
… et la suite de À la recherche du temps perdu : Sodome et Gomorrhe
Les premières pages
► direct à 19h sur Facebook
► replay sur Facebook, YouTube et podcast sur Soundcloud
Sur Culture Box, Camus et Stravinski
On peut voir les Justes, d’Albert Camus, mis en scène par Abd al Malik, dans une version associant hip hop, électro et musique instrumentale (voir la vidéo) et l’Oiseau de feu de Stravinski à la Philharmonie de Paris (voir la vidéo).
Et sur france.tv, des programmes à emporter
Il n’y a pas de communications internet là où vous vous trouvez ? Vous pouvez télécharger des centaines de programmes avec l’application france.tv
CINÉMA
À la cinémathèque, jusqu’au 15 juin, le 1er long métrage thaïlandais
Santi-Vina - สันติ-วีณา de Thavi Na Bangchang (Thaïlande / 1954 / 1:56:28 / VOSTF)
Avec Wirachay Newbuyneiyr, Poonpan Rangkhavorn, Anuchat Tosayananda, Rayavadi Sriwilai.
Santi-Vina est le premier long métrage thaïlandais tourné en 35 mm et en couleur. C'est également le premier long métrage thaïlandais à avoir obtenu une reconnaissance internationale. Pourtant, pendant plus de soixante ans, le matériel original de ce film a été considéré comme perdu. Il ne restait qu'une seule copie 16 mm en mauvais état conservée au Thai Film Archive. En 2014, du matériel original a été retrouvé au BFI, au China Film Archive et au Gosfilmofond en Russie.
Santi et Vina s'aiment depuis l'enfance. Santi est aveugle. Un autre jeune homme, Krai, amoureux également de Vina, fait tout pour les séparer. « Le ciel s'ouvre à eux. Filmé en contre-plongée dans un instant où les orbes emmaillotent une pétulance mystique, le couple Santi et Vina s'unit dans un azur céleste débarrassé de l'oppression de la société paysanne. La flûte enchantée thaï de l'aveugle Santi, aspirant moine bouddhiste, agit comme un sortilège qui envoûte […]. Un jeu d'ombres intense et trouble lacère le film traversé par la douceur des blés nourrissants, soleils terriens labourés par l'obscurité qui trouble Santi en permanence, bhikṣu vivant dans une angoisseuse grotte sombre et bleutée, symbole de son âme égarée, tandis que Vina pleure derrière les barreaux d'une chambre dont elle est prisonnière. […] D'une beauté saisissante, électrisée par une caméra fixe et un montage des plus sobres, portant la grâce d'une nature sauvage, de forêts verdoyantes et humides emplies de sylphes, Santi Vina impose une innocence de cinéma exaltant les cœurs purs tout autant qu'il égrène une poésie enfantine et rieuse. Cette jeunesse du propos, de la mise en image, c'est aussi celle d'un cinéma naissant, sublimé par la comédie musicale traditionnelle, et l'on ressent une grande émotion au visionnage de ce métrage enchanteur. »- Gérald Duchaussoy (Cannes Classics)
Santi-Vina est réalisé par Marut (dont le vrai nom était Thavee Na Bangchang), un réalisateur, metteur en scène et auteur-compositeur bien connu, actif pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Marut réalise une vingtaine de films entre le début des années 1950 et les années 1970, en 16 mm et 35 mm. Après-guerre, les films thaïlandais sont produits presque entièrement en 16 mm, sans son – une anomalie, alors que le reste du monde utilise le 35 mm. Un doublage en direct est alors nécessaire pendant la projection. Marut collabore avec R. D. Pestonji, le producteur et directeur de la photographie de Santi-Vina, l'un des pionniers du cinéma thaïlandais dans les années 1950, et dont la mission, toute sa vie, a été d'améliorer le niveau de la production cinématographique thaïlandaise, pour concurrencer les importations étrangères. Thaï d'origine persane, Pestonji étudie l'ingénierie en Angleterre, mais, passionné par le cinéma et la réalisation, rentre en Thaïlande où il fonde la société de production Hanuman Pappayon au début des années 1950. Il s'efforce de faire des films en 35 mm sonores, afin d'améliorer la qualité des productions locales et d'atteindre une reconnaissance internationale. Le scénario est écrit par Robert G. Noth, un agent secret américain en poste en Thaïlande, impliqué dans l'industrie cinématographique. Le film remporte un grand succès en Thaïlande, mais certains critiques de l'époque reprochent à Pestonji et Marut de ne pas livrer une image authentique du pays : leur film embellit et exotise les cérémonies traditionnelles, comme le festival des bateaux, pour plaire au public étranger. Après la perte des négatifs du film, Marut tente de faire un remake de son propre film en 1976, sans rencontrer la même popularité que pour l'original. - Kong Rithdee (Thai Film Archive)
https://www.cinematheque.fr/henri/film/148319-santi-vina-thavi-na-bangchang-1954/
Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient à l’IMA
La 16e édition du Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (PCMMO) se tient en ligne du 23 mars au 11 avril 2021, sur la plateforme Festival Scope. L’Institut du monde arabe a souhaité s’y associer pour proposer une fenêtre sur le cinéma. Les séances en ligne sont gratuites. Il suffit de créer un compte sur la plateforme Festival Scope en allant sur la page du festival et en réservant le film qui vous intéresse. Les films sont disponibles à partir de leur mise en ligne jusqu’au 11 avril, dans la limite des places disponibles. Les réservations seront ouvertes deux heures avant la mise en ligne des films. L’occasion de voir des inédits ou de revoir des films marquants. Programme de cette 16e édition ici ainsi que la bande-annonce.
... et regards italiens sur le Moyen-Orient
Derniers rendez-vous du cycle de documentaires dédiés au Moyen-Orient proposé par l’Institut culturel italien et organisé en partenariat avec l'iReMMO - Institut de Recherche et d'Études Méditerranée Moyen-Orient, suivis par la rencontre vidéo-enregistrée avec le.a réalisat.eur.rice.
*Jusqu’au 31 mars, Striplife (Italie, 2013, 64’), documentaire de Nicola Grignani, Alberto Mussolini, Luca Scaffidi, Valeria Testagrossa et Andrea Zambelli. Striplife est un film choral qui parle de la bande de Gaza. Dans l’arc narratif d’une journée, les histoires des personnages se mélangent à la description du contexte environnemental. Hommes et femmes qui résistent, capables de tendresse et de sourires, déterminés à ne pas succomber à des conditions de vie qui semblent impossibles. Ce n’est pas un film sur Gaza, mais avec Gaza. Toutes les infos ici .
*Jusqu’ au 22 avril, The Black Sheep (Italie, 2016, 72'), documentaire de Antonio Martino. Ausman a combattu pour la révolution libyenne, bien qu'il soit pacifiste, convaincu qu'il se battait pour la liberté et la démocratie. Rien ne s'est passé comme il le pensait : la violence et l'extrémisme religieux sont de plus en plus répandus. Aujourd'hui, il se sent comme un étranger dans son propre pays. Pour voir le film cliquez ici
Littérature et arts plastiques : le Prix Montluc Résistance et Liberté
Depuis le jeudi 18 mars, une conversation croisée entre deux artistes engagés à suivre en ligne : l’écrivain Erri de Luca, finaliste prix littéraire 2021 (Impossible, éd. Gallimard) et l’artiste plasticien Ernest Pignon-Ernest, membre du jury.
Le prix Montluc Résistance et Liberté récompense depuis 2018 un écrivain et un artiste qui interrogent les pratiques contemporaines de résistance à l’oppression sous toutes ses formes ou dont l’œuvre constitue en elle-même un acte de résistance. Découvrez qui a remporté le prix littéraire de la 4e édition ici : FB@PrixMontlucResistanceetLiberte
Ce prix doit son nom à la prison de Montluc, haut lieu lyonnais de la résistance où furent internés Jean Moulin, les enfants d’Izieu et des milliers de Juifs, résistants, Tsiganes.
Plus d’infos sur http://www.memorial-montluc.fr/, http://www.prix-montluc.fr et Facebook @PrixMontlucResistanceetLiberte). Pour voir la rencontre c’est ici
MUSIQUE
La musique italienne du XIXe siècle à l’Institut culturel italien
La musique italienne pour piano de la fin du XIXe siècle n'a pas eu l'attention qu'elle mérite. C'est dans ce patrimoine musical qu'Umberto Jacopo Laureti a choisi de puiser, en consacrant son premier CD, Piano Renaissance, à Frescobaldi, Respighi, Casella et Busoni. Le 26 février dernier, le jeune pianiste était à Paris pour un concert à France Musique. Performance – à huis clos – de quelques extraits de son CD enregistrés à l’Institut culturel italien, ici. Jusqu’au 31 mars
Faust de Gounod créé par l’Opéra de Paris à voir chez vous
Les premières représentations de ce spectacle étaient initialement prévues du 12 mars au 21 avril à l'Opéra Bastille, mais ne peuvent être données devant un public. Ce chef d'œuvre de Charles Gounod, mis en scène par Tobias Kratzer pour la première fois à l'Opéra national de Paris, sera donc retransmis sur France 5 le vendredi 26 mars à 20h55 et disponible en replay sur Culturebox, puis diffusé sur France Musique le 3 avril à 20h. Le spectacle sera retransmis ultérieurement, avec le concours de Fra Cinema, dans les cinémas UGC dans le cadre de leur saison Viva l’Opéra !, dans les cinémas CGR et des cinémas indépendants en France et dans le monde entier.
Les pianos du XVIIIe siècle à la Nouvelle Athènes
Le dimanche 28 mars à 18h, sur Zoom, la factrice Kerstin Schwarz présentera trois pianos des origines qu'elle a étudiés et copiés :
Aline Zylberjach, Aurélien Delage, Edoardo Torbianelli, Philippe Grisvard et Pablo Gomez Ablado partageront leurs pratiques de ces instruments raffinés sur les répertoires XVIIIe de Alessandro Scarlatti, Bononcini, J.-S. Bach, Fasch, CPE Bach...
Les pianos anciens : un monde à découvrir
- Communication Clavecin Roïal /CPE Bach Pablo Gomez-Ablado : Zoom 28 mars
- Programme Cristofori live : le 9 avril 20h30 Récithall/Salle Cortot
- Programme Silbermann, 4 mini-concerts vidéo : 6 mai sur okast
(https://lanouvelleathenes.okast.tv/)
6 jeunes pianistes modernes – lauréats de concours internationaux, de la Fondation Royaumont… – sont partis à la recherche de l'esprit romantique avec pour guide le piano Streicher 1847 de La Nouvelle Athènes et l'écoute des enregistrements des derniers romantiques. Ces mini-concerts suivis de courts échanges reflètent leurs visions et leurs aspirations à poursuivre l'aventure. Une attention particulière y est faite aux compositrices. Fanny Hensel (Mendelssohn), Clara Schumann (Wieck) et Pauline Viardot (Garcia) qui y ont une place égale à Frédéric Chopin, Robert Schumann, Franz Liszt, Karl Loewe ou Edvard Grieg. Avec :
Just for fun. « Culturez-vous » en vous amusant
En musique, les tableaux vous aiment sur : https://www.youtube.com/watch?v=U92M5jIscGU
Quand les musées vont rouvrir https://www.youtube.com/watch?v=sYYrKZM_xp0
Il y en a qui rêvent déjà de réouverture
C’est le cas du Théâtre des Champs-Élysées qui ouvre ses réservations pour les mois de mai et juin :
Samedi 8 et lundi 17 mai, Grigory Sokolov.Un monstre sacré du piano et un programme Schumann & Chopin (reports de novembre 2020).
Lundi 10 mai, Alexander Melnikov. Cet héritier de Sviatoslav Richter se livrera dans les Préludes de Debussy & la Symphonie fantastique de Berlioz-Liszt (report du 15 janvier 2021)
Vendredi 21 mai, Sumi Jo & ses amis. La diva de la paix propose un voyage mélodique fait de Puccini, de mélodies françaises et d'airs de son pays natal (report du 8 décembre 2020).
Mardi 25 mai, Simon Ghraichy. El amor y la muerte. Un programme original autour de l'amour et la mort pour un prince du piano (report du 26 mars et du 11 mai 2021).
Lundi 14 juin, Oreste de Haendel. Franco Fagioli sera un Oreste captivant : son timbre, son expressivité, sa technique virtuose, chez lui, tout fascine ! (report du 13 novembre 2020)
Samedi 19 juin : Nikolaï Lugansky. Une âme vibrante qui retrouve chez Beethoven, Debussy et Rachmaninov une humeur mélancolique proche de la sienne (report des 10 décembre 2020 et du 1er avril 2021)
Lundi 28 et mardi 29 juin, Jakub Józef Orliński. Un jeune contre-ténor au timbre chaud et ambré, puissant et charismatique (report des 12 & 20 décembre 2020)
Et pour finir, un enrichissement de la langue dont il n’y a pas lieu de se réjouir…
La langue de la cybercriminalité ou la triste épopée des pirates du numérique
On vit une époque formidable ! Alors que le recours à internet est devenu une nécessité en période de pandémie, une nouvelle épidémie, touchant des établissements publics, des institutions ou encore des entreprises de différents secteurs, a frappé le pays ces dernières semaines : celle des (logiciels) rançonneurs (ransomware). Il ne s’agit pas ici de virus, mais d’un autre type de logiciel malveillant (malware), qui crypte des données de la victime de la cyberattaque . Celle-ci ne peut les récupérer que moyennant le paiement d’une rançon. Le rançonneur peut être introduit par un cheval de Troie : tels des Ulysse malfaisants, les fouineurs (hackers) dissimulent leur arme dans un logiciel en apparence inoffensif, et s’introduisent dans le système informatique par filoutage (hameçonnage, phishing, une technique qui vise à obtenir des informations confidentielles telles que mots de passe et numéros de cartes de crédit au moyen de messages usurpant l’identité d’institutions financières et d’entreprises commercailes) grâce à un courriel piégé ou bien en profitant d’une faille non corrigée ou d’une porte dérobée. Et hélas pour les données des utilisateurs, les mesures de cyberprotection et de cyberdéfense mises en place ne parviennent pas toujours à empêcher ou à endiguer cette néfaste odyssée du cyberespace et à assurer la cybersécurité des systèmes. Un joli florilège de mots pour une activité qui l’est nettement moins…