11 Mars 2021
Depuis le temps qu’on l’attend, on se dit que la sortie se rapproche peut-être et qu’on va enfin pouvoir, pourquoi pas, se gorger de visites de musées et d’expositions, se remplir les oreilles de musique en direct, se retrouver, enfin, au théâtre. Raison de plus pour démarrer cette chronique par des considérations sur l’espoir. Même si ce n’est encore qu’un vœu pieux…
Je n’avais pas « commis » de news, ni rédigé de papier d’humeur depuis un petit moment. L’usure, sans doute, comme pour tout un chacun, et le désir d’échapper à la valse pas hésitante du tout des pourcentages et du nombre de cas de contagion, et autres messages catastrophistes. Parallèlement, pour préparer la sortie du confinement, certains spectacles ont été présentés à des programmateurs et à la presse en petit comité et les comptes rendus se sont intercalés… Bref, je me suis morigénée de cette paresse mal venue car durant tout ce temps, j’avais continué à accumuler des informations sur les propositions diverses arrivant en ligne. Aussi, tout en écoutant les interprétations de Bach et Couperin au clavecin par Scott Ross, décidément un musicien hors du commun – je fournirai dans cette chronique quelques références d’écoute – je réparerai, partiellement mon indolence quant aux distractions de l’après-18 heures nécessaires en raison du confinement-du-soir-pas-espoir. L’espoir, justement, constituera mon thème de clôture puisque la vie continue et qu’on espère voir le bout du tunnel au moins dans quelques mois… Entretemps, on parlera aussi bien du sexisme chez les algorithmes que de l’état de l’univers…
Zoom zoom zoom, gratuits et payants
L’un des phénomènes créés par le confinement a été la multiplication d’une nouvelle catégorie de spectacles diffusés exclusivement en ligne. Si certains sont proposés gratuitement – on ne remerciera jamais assez les théâtres, opéras, salles de concerts radios et télévisions qui les proposent – d’autres, s’appuyant sur le fait que les spectateurs de ces événements auraient payé leur place demandent une contribution – modique le plus souvent. Certains sites en on même fait une spécialité. Dans le domaine du théâtre, c’est le cas de « directautheatre » ; pour la musique, on a citer « recithall » où l’on peut voir des concerts de la salle Cortot, des sites en abonnement tels que « medici.tv » et l’Opéra de Paris. Que restera-t-il de ces sites une fois le confinement levé ? Ont-ils créé un nouveau besoin, une nouvelle manière de voir les spectacles vivants ? Tout comme Netflix ou Starzplay dans un autre registre, ils ont développé une pratique du chez soi dont une partie, sans doute, demeurera une fois le confinement levé. Ils proposent en tout cas parfois comme chez « directautheatre » des initiatives intéressantes, spécialement imaginées pour une mise en ligne (voir ci-dessous).
Le théâtre en Zoom : la Femme de ma vie, à partir du 16 mars
On connaissait l’expérience du théâtre à domicile, où des comédiens proposaient des représentations chez des particuliers pour une assemblée réduite. Place maintenant, mesures anti-Covid obligent, à des propositions théâtrales conçues pour une mise en ligne en direct, qui vont au-delà des captations de théâtre. Robert Plagnol, qui a inventé la formule, propose, dans ce cadre, depuis l’hôtel le Kube à Paris, des représentations de la Femme de ma vie à partir du 16 mars.
Franck, chauffeur dans un service de conciergerie de luxe pour les nantis, attend, à trois heures du matin, après une soirée épique, sa femme. Sa confession, d’une noirceur et d’un humour décalé très britanniques, n’en est pas moins forte et pleine de tendresse. Cet amoureux de la littérature et des costards sur mesure, allergique à l’autorité et au mauvais goût trouve dans cet hôtel atypique, un « abri chic et végétalisé, recouvert d’un filet de camouflage pour se protéger de la faune parisienne. » (Marie-France), le temps d’une respiration, le luxe, le calme et la volupté dont il a toujours rêvé. La première lecture du monologue de Payne avait eu lieu chez Paul Smith au cœur du Marais. Les nouveaux directs de La Femme de ma vie se feront depuis Le Kube à Paris, un hôtel design situé au cœur du quartier de La Chapelle dans le 18e arrondissement. Investir le Kube Hôtel, se nourrir de sa scénographie naturelle, rendre compte de sa localisation et présenter une des facettes de la diversité et de la complexité de Paris, a aussi permis d’enrichir la mise en scène de cet instant suspendu au cœur de la nuit. La création, qui s’était déroulée à l’hôtel d’Europe à Avignon, en 2018, dans une mise en scène de Gilles Bannier, avait été qualifiée par le Masque et la Plume comme l’un des meilleurs spectacles du festival Off. Robert Plagnol, qui avait décidé de reprendre le texte de Payne à Paris en septembre 2020, avait, lors du premier confinement, répété avec Patrice Kerbrat via FaceTime. Le confinement lui inspire de jouer en direct et online La Femme de ma vie. Les journalistes saluent cette initiative comme « une des plus inspirées nées pendant le confinement » et pointent « la présence réelle de l’acteur » alors même que le support de la transmission est virtuel. Ces captations-créations recréent l’intimité spectateur-acteur, notamment grâce aux gros plans que permet l’utilisation de Zoom, et les acteurs y retrouvent une proximité avec le public analogue à celle des représentations théâtrales. Encouragé par le nombre croissant de personnes qui se connectent, Robert Plagnol crée le site « directautheatre.com » qui a pour vocation d’accueillir d’autres propositions d’acteurs.trices et de permettre aux personnes qui le désirent d’acheter leur place et, ainsi, de soutenir l’art vivant. Une autre manière de faire du théâtre coûte que coûte.
La Femme de ma vie Andrew Payne / Robert Plagnol
En direct sur Zoom à partir du 16 mars depuis le Kube Hôtel Paris les mardis, mercredis et jeudis à 21h. durée : 1h15. Prix 10 €. Réservations : www.directautheatre.com
Et, parmi les podcasts payants
Captation du Voyage au bout de la Nuit en direct du Lucernaire
La captation du spectacle avec Franck Desmedt est disponible à partir du vendredi 12 février à 19h00 sur Opsis TV. Achat en ligne (10 €) sur réservation sur https://bit.ly/3oHso9l
THÉÂTRE
Les actions solidaires du Théâtre de la Ville
Le Théâtre de la Ville mobilise plus de 100 comédiens, danseurs, musiciens et auteurs depuis le début de la pandémie.
Un ensemble d'actions artistiques en milieu hospitalier. Fondé sur une alliance entre la Culture et la Santé, cet engagement collectif et pluridisciplinaire permet de mettre en œuvre une pensée solidaire et des échanges entre les êtres et les générations. Un engagement humain, authentique, une attention portée à l’autre par le biais de la musique, la danse, le théâtre, la poésie, l’écriture au travers d’un programme pilote pour les hôpitaux de l'AP-HP.
La Troupe de l’Imaginaire, née pendant le premier confinement, intervient 3 fois par semaine auprès des patients de 6 services de l’Hôpital Charles-Foix (AP-HP) à Ivry-sur-Seine dans une expérience pilote. Les artistes proposent des Consultations poétiques, musicales ou dansées « au chevet » dans les chambres ou à distance en visioconférence, mais aussi des petites formes théâtrales et musicales pour petits groupes. Les actions artistiques ont été établies en dialogue avec les soignants et adaptées aux pathologies de chaque patient.
Une résidence d'artistes en milieu de santé est en projet. La première étape, menée en lien avec la fondation Les Ailes déployées, dans huit de ses maisons d’aide à la santé mentale à Paris, aboutira fin février. Les derniers ateliers réalisés avec la metteuse en scène Estelle Savasta, la comédienne Gaëlle Guillou (troupe du Théâtre de la Ville) et l’auteure, comédienne et musicienne Emmanuelle Destremeau ont permis la création de capsules sonores radiophoniques qui seront disponibles à l'écoute sur le site internet du Théâtre de la Ville.
Théâtre du Rond-Point : Noire sur France 5 le vendredi 19 mars 2021
Cette plongée dans un temps où la ségrégation raciale était la norme aux États-Unis et le refus de Claudette Colvin, une adolescente de quinze ans en Alabama.
Lire la présentation dans : http://www.arts-chipels.fr/2020/09/noire.au-temps-ou-la-segregation-raciale-sevissait.html
Les podcasts du Théâtre de Belleville
Depuis fin octobre, le Théâtre de Belleville a imaginé, avec les compagnies, une série de podcasts sur leurs spectacles. Il a évoqué avec elles les pièces qu'elles auraient dû montrer au public ces derniers mois : processus de création, anecdotes, focus sur des thématiques particulières... Mêlant entretien et lectures, leur travail est ainsi mis en lumière en montrant l'envers du décor, et offre un peu de théâtre malgré les circonstances. Six épisodes sont sortis à ce jour, retrouvez les ci-dessous ou plongez-vous dans la chaîne Soundcloud du théâtre.
S2E1 - Point Cardinal, lectures et interviews croisées autour de la création de Sébastien Desjours ! Entre deux lectures de textes choisis par ses soins, le metteur en scène et interprète Sébastien Desjours, accompagné de Léonore de Récondo, autrice du roman ici adapté sur scène, nous partagent leurs réflexions menées autour du spectacle Point Cardinal. https://soundcloud.com/user-447016192/s2e1-point-cardinal?utm_source=email&utm_campaign=NL_Podcasts&utm_medium=email
S2E3 - Métropole, présentation et lectures par l'équipe artistique ! Sophie Cusset - autrice, metteuse en scène et interprète évoque avec nous sa dernière création, Wonder Woman enterre son papa, comédie satirique et pop autour d'un petit monde drôle, touchant et parfois cruel... celui des EHPAD !
https://soundcloud.com/user-447016192/metropole?utm_source=email&utm_campaign=NL_Podcasts&utm_medium=email
S2E4 - Point Cardinal, lectures et interviews croisées autour de la création de Sébastien Desjours ! Deuxième épisode en compagnie de Sébastien Desjours, metteur en scène et interprète de Point Cardinal - cette fois, évoqué sous l’angle de l’espace, des décors et des lumières. Il est pour cette nouvelle rencontre accompagné de Ann Lezervant, scénographe du spectacle. https://soundcloud.com/user-447016192/s2e4-point-cardinal-lectures-et-rencontre-autour-de-la-scenographie-du-spectacle?utm_source=email&utm_campaign=NL_Podcasts&utm_medium=email
S2E5 - Morphine, lectures et rencontre avec la Cie Troupuscule Le premier podcast de 2021 est dédié à Morphine, adapté de textes de Mikaïl Boulgakov et mis en scène par Mariana Lézin du Troupuscule Théâtre ! Elle est ici accompagnée de la dramaturge Adèle Chaniolleau pour cet épisode consacré notamment à l'auteur Boulgakov et au travail d'adaptation de ses textes au plateau. https://soundcloud.com/user-447016192/s2e5-morphine?utm_source=email&utm_campaign=NL_Podcasts&utm_medium=email
S2E6 - Morphine, rencontre avec Mariana Lézin et l'addictologue Denis Rambour Deuxième épisode en compagnie de Mariana Lézin pour son spectacle Morphine, cette fois consacré à l'une des thématiques centrales de la pièce : les drogues, l'addiction et leur représentation au plateau. Elle est accompagnée ici de l’addictologue Denis Rambour, qui lui a apporté son expertise et l'a accompagnée tout au long du processus de création. https://soundcloud.com/user-447016192/s2e6-morphine?utm_source=email&utm_campaign=NL_Podcasts&utm_medium=email
BEAUX-ARTS
FIAC en ligne ce printemps
La FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) rassemble collectionneurs, institutions, amateurs et galeries françaises et internationales Avec Art Paris et Art Basel décalés en septembre prochain, Art Brussel annulée et Artgenève reportée à juin après avoir parié sur mars-avril, la FIAC OVR s’annonce comme la seule alternative pour les collectionneurs en Europe ce printemps. Avec le lancement de FIAC Online Viewing Rooms (OVR), sa plateforme en ligne, l’objectif est de créer de nouvelles connexions entre les publics, les galeries du monde entier et les artistes qu’elles représentent, et d’enrichir les dialogues existants pour ses prochaines rencontres qui se tiendront dans son nouveau lieu en octobre 2021 dans le Grand Palais éphémère du Champ-de-Mars. Elle permettra de découvrir les pages dédiées des galeries, de parcourir des œuvres via différentes options dont des sélections d’œuvres réalisées par des commissaires d’exposition et conservateurs d’envergure internationale tels Bernard Blistène directeur du Musée National d’art moderne, Centre Pompidou, Emma Lavigne présidente du Palais de Tokyo ou Jean de Loisy directeur de l’École des Beaux-Arts de Paris. On pourra visualiser des œuvres à échelle, entrer en contact avec les galeristes et accéder à une Conversation Room en ligne. Ce sont ainsi plus de 200 galeries françaises et internationales entre art moderne, art contemporain, design et édition qui rejoindront cette initiative, la majorité étant des habitués de la foire.
MOOC culturels d’Orange : place aux femmes peintres
Le 18 mars à 18h30, conférence consacrée aux artistes femmes à travers les siècles. Haywon Forgione dressera un large panorama de ces artistes (peintres, sculptrices, plasticiennes, photographes…) qui ont su briser les interdits et imposer leur personnalité ainsi que leur vision artistique sur le devant de la scène.
Sur https://www.fondationorange.com/Conference-l-Art-au-feminin mais aussi sur le compte Facebook de la Fondation Orange ou la plateforme de visioconférence (limitée à 500 connexions)
A partir du 29 mars, pour comprendre pourquoi et comment les femmes peintres ont été mises à l’écart de la production artistique, comment elles ont dépassé les limites pour parvenir à se faire connaître, comment se sont faits les changements d’attitude à leur égard, et pour mesurer leurs apports à l’histoire de la peinture. Des vidéos, des ressources documentaires, des diaporamas et une nouveauté : une section « enfants » pour que petits et grands partagent les mêmes coups de cœur… Trois séquences :
Du portrait à l’autoportrait : Pourquoi les peintres femmes ont-elles massivement investi le genre du portrait ? Qui sont les portraitistes les plus connues ? Comment ont-elles contribué à renouveler le genre ?
À la conquête de la peinture d’histoire : Qu’est-ce que la peinture d’histoire ? Pourquoi les femmes en ont-elles été longtemps écartées ? Comment se sont-elles affranchies des conventions pour peindre des scènes historiques, mythologiques et religieuses ?
De la figuration à l’abstraction : Quelles femmes ont exercé leur virtuosité dans la nature morte, le paysage, les scènes de genre ? À partir de la fin du XIXe siècle, comment contribuent-elles aux mouvements d’avant-garde puis à l’aventure de l’abstraction ?
https://mooc-culturels.fondationorange.com/enrol/synopsis/index.php?id=322
Le Centre Pompidou chez vous : Dans l’intimité de Kandinsky
Programmation en ligne. Explorez l'œuvre de Vassily Kandinsky sous un nouveau jour avec notre nouvelle expérience immersive, découvrez la véritable histoire de celui qui a changé le court de l’art moderne. Plongez dans la vie du maître de l’abstraction grâce à une exposition en ligne immersive unique. En partenariat avec Google Arts & Culture.
Visites guidées de l’exposition Noir et blanc, devenue virtuelle
Des visites virtuelles de l’exposition Noir & Blanc : une esthétique de la photographie sont mises en ligne à partir du 18 février. Suite à l’impossibilité d’ouvrir l’exposition, dont les œuvres sont issues de la collection de la Bibliothèque nationale de France, la Rmn – Grand Palais met en ligne des visites virtuelles afin de permettre au public de profiter malgré tout de l’exposition :
ª Une visite virtuelle autonome avec audioguide où le visiteur circule à son rythme, de salle en salle, à travers plus de 300 tirages dont 33 œuvres bénéficiant de contenus audioguide. En début de parcours une introduction sonore de Sylvie Aubenas, commissaire principale de l’exposition lui est proposée. Puis, au cours de la balade, certaines des œuvres sont accompagnées d’icônes qui permettent d’accéder à des contenus complémentaires, textes et audio. L’affichage en haute définition de cette sélection d’œuvres permet également de zoomer en profondeur et d’en apprécier la subtilité. Le lien acheté par le visiteur vers la visite est unique et nécessite un mot de passe valable pendant une semaine : du mercredi au mardi suivant.
ª Une visite guidée en direct commentée par un conférencier de la Rmn – GP, qui permet de découvrir l’exposition en une heure grâce aux commentaires éclairés du guide conférencier et de lui poser directement des questions en fin de visite. Chaque visiteur obtient un lien avec un mot de passe valable durant l’heure de son créneau de réservation. Est utilisée une technologie de pointe basée sur de multiples prises de vues photographiques à 360° et des relevés lasers. Le modèle 3D ainsi constitué offre au visiteur un sentiment d’immersion dans les espaces scénographiques et lui permet de s’approcher au plus près des œuvres exposées.
ª Noir & Blanc sur la toile est toujours disponible avec des vidéos, des jeux pour enfants et des relais sur les réseaux sociaux de la Rmn – Grand Palais avec notamment un filtre Instagram créé par l’artiste Ines Longevial. Et le catalogue de l’exposition est disponible…
Du 18 février au 18 juin 2021, ces deux types de visites sont disponibles sur réservation dès le 18 février dans le programme en ligne du site www.grandpalais.fr et www.bnf.fr. Tarifs : 4 € la visite autonome avec audioguide, 8 € la visite guidée avec un conférencier de la Rmn - GP.
Kerguéhennec : escapade bretonne virtuelle pour découvrir un champ de sculptures en plein air
Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de transformer la nature en virtualité en la filmant et en la diffusant en ligne. Quant à l’art, déjà virtualité de la réalité, il devient dans cette nature virtualisée, une virtualité de virtualité, une virtualité au carré. Il a perdu son épaisseur de matérialité en volume et dans l’espace mais n’en existe pas moins pour autant. Intéressante interrogation sur la réalité de l’art. Le Domaine de Kerguéhennec (centre Bretagne) offre traditionnellement de longues balades dans la nature, à la découverte des œuvres d’art à ciel ouvert. Du château aux étangs, des grandes allées dégagées aux petits sentiers de forêt, une trentaine de sculptures se nichent dans les détours du parc, invitant à de courtes ou longues pauses, au jeu comme à la rêverie. Dans l’attente de la réouverture du château et des espaces d’exposition, un programme de rendez-vous « sans bouger de chez soi » est proposé à partir du 20 février. Ateliers de dessin, instant zen, visites en ligne… chaque semaine de précieux instants d’art !
³ A partir du 20 février, rediffusion de la « Minute art » Paysage spirituel de Nicolas Fedorenko ³ A partir du 27 février, Autoportrait de Tal Coat ³ A partir du 6 mars, rediffusion de la « Minute art » La Hache et la rose de Mathieu Pilaud
Un instant zen avec la chorégraphe Capucine Goust. 8 minutes d’un temps suspendu, à ‘écoute de soi et du monde…
Des ateliers depuis chez soi, avec crayons, pinceaux et miroir pour s’initier à l’autoportrait, sur les traces du hors-série de la revue Dada consacrée au peintre Pierre Tal Coat. Domaine de Kerguéhennec – 56500 Bignan. Site : www.kerguehennec.fr. Tél. 02 97 60 31 84
MUSIQUE
Hommage à Astor Piazzolla avec Richard Galliano et l'Orchestre Philharmonique de Radio France
Du 11 mars et jusqu’au 30 avril, un concert anniversaire à l’occasion du centenaire de la naissance du grand compositeur et bandonéoniste argentin en direct de la Maison de la radio et de la musique est accessible. À la croisée du savant et du populaire, Astor Piazzolla (1921-1992) a donné ses lettres de noblesses au tango, faisant passer la musique argentine des pistes de danse aux salles de concert du monde entier. Une musique à vous arracher l’âme… À l'occasion du centenaire de sa naissance, ARTE célèbre le grand compositeur et bandonéoniste argentin en lui consacrant à partir du 11 mars une riche programmation. En live streaming sur ARTE Concert et en direct sur France Musique - Jeudi 11 mars à 20h. https://www.arte.tv/fr/videos/098519-018-A/richard-galliano-et-l-oprf-jouent-astor-piazzolla/
Piazzolla stories, à l’occasion du 100e anniversaire du musicien, depuis l’Opéra-Comique, l’occasion de se replonger dans cette musique incomparable qui a donné au bandonéon ses lettres de noblesse… Avec la trompettiste Lucienne Renaudin-Vary. https://www.france.tv/spectacles-et-culture/opera-et-musique-classique/2290045-lucienne-renaudin-vary-piazzolla-stories.html#xtor=EREC-50-[culturebox]-20210219-[gabaritA]&pid=726375-1480679297-b50b94f1
Et sur France Musique, Tango danse.
Des bas-fonds de Buenos Aires aux riches salons parisiens, histoire d’unbe danse au mille facettes. Né à la fin du XIXe siècle, dans la région du Rio de La Plata (l’embouchure de l’Océan Atlantique qui sépare l’Argentine de l’Uruguay), le tango a émergé dans les faubourgs populaires de Buenos Aires, dans les conventillos où s’entasse à la fin du XIXe siècle la population pauvre d’Argentine, dans les ports et barrios (quartiers) où se retrouvaient aussi bien des descendants d’esclaves, des anciens paysans marginalisés par la seconde révolution industrielle, et un grand nombre de travailleurs immigrés européens (espagnols, italiens, français, allemands…) venus tenter leur chance dans ce nouvel eldorado argentin. Il n’en est pas moins classé désormais parmi les « danses de salon ».
https://www.francemusique.fr/musiques-du-monde/le-tango-histoire-d-une-danse-et-d-une-musique-65089
Flamenco au Festival de Grenade 2020 dans le décor de l’Alhambra
Un peu d’orientalisme en même temps qu’un voyage au pays du flamenco dans le décor unique de l’Alhambra de Grenade. Sans effets de caisse frappée à grands coups syncopés, la grande délicatesse virtuose de Miguel Ángel Cortés nous offre une vision toute intérieure de la musique. Rocio Marquez a une voix riche toute en modulations. C’est beau et tout sauf « folklorique ». Et on peut rêver devant la Fontaine aux Lions… Au programme : les Cantes de luz (chants de lumière). https://www.france.tv/spectacles-et-culture/1895225-rocio-marquez-miguel-angel-cortes-au-festival-de-grenade-2020.html#xtor=EREC-50-[culturebox]-20210205-[gabaritA]&pid=726375-1480679297-b50b94f1
Mozart sur France Musique
France Musique consacre une série de podcasts sur le thème du journal intime de grands compositeurs et musiciens. Mozart ouvre le bal en 7 épisodes dont le premier est disponible depuis le 7 mars.
L’autre visage du génie
On imagine un Mozart génie précoce, acclamé à tout rompre par le public viennois du XVIIIe siècle. On se le figure sous les traits et les expressions excentriques de Tom Hulce, l’acteur choisi par Miloš Forman pour l’incarner dans le film Amadeus. Toutes ces idées ne sont pas fausses, mais elles ne représentent qu’une infime partie de la personnalité du compositeur qui, au-delà des apparences et du romanesque, se révèle complexe et nuancé, à l’image de son œuvre. Au-delà des légendes, il a aussi été un travailleur acharné étudiant les différentes techniques de composition, un musicien qui devait s’imposer au milieu d’autres, un enseignant par obligation, un compositeur dont on vilipendait le « trop de notes », un créateur avide d’indépendance et cependant un peu potache qui disait de lui-même « Je suis un homme vulgaire mais ma musique ne l’est pas. » https://www.francemusique.fr/musique-classique/wolfgang-amadeus-mozart-l-autre-visage-du-genie-63972?actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13Oqt6qh2NsICqeszo-HIQMQT&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=642666#xtor=EPR-11-[meilleur]-20210304[pos2]
Tout savoir sur le Requiem. Parce que Mozart est mort en le composant, le Requiem est entré dans l’histoire, auréolé de légendes. Mais au-delà des mythes, la beauté de l’œuvre demeure. Grave, solennelle, transcendante… Il convient d’en découvrir toute la richesse. https://www.francemusique.fr/musique-classique/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-requiem-de-mozart-35182?actId=ebwp0YMB8s0XXev-swTWi6FWgZQt9biALyr5FYI13Oqt6qh2NsICqeszo-HIQMQT&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=642666#xtor=EPR-11-[meilleur]-20210304[pos4]
Concerts de Radio France
Stravinsky, Debussy, Prokofiev et Bartók avec Serguey Khachatryan, violoniste fabuleux, et l’Orchestre national de France sous la direction de Santtu-Matias Rouvali. L’Orchestre National poursuit son cycle Stravinsky avec le poème symphonique Le Chant du rossignol, composé d’extraits de l’opéra Rossignol, inspiré à Stravinsky par un conte d’Andersen. Il sera ici entouré de grandes pages de la première moitié du XXe siècle : l’euphorique Isle joyeuse de Debussy d’abord, transcription musicale du Pèlerinage à l’île de Cythère de Watteau, donnée ici dans une version orchestrale ; puis la Suite de danses de Bartók, enfin le Deuxième Concerto pour violon de Prokofiev, contemporain du ballet Roméo et Juliette. Sergey Khachatryan en est le soliste.
Claude Debussy L’Isle joyeuse (orchestration de Bernardo Molinari) ; Sergueï Prokofiev Concerto pour violon et orchestre n°2 ; Igor Stravinsky Le Chant du rossignol ; Béla Bartók, Suite de danses Sz 77. https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/santtu-matias-rouvali-fait-ses-debuts-a-la-tete-de-l-orchestre-national-de-france-92487
Le 12 mars à 21h, Alban Berg et Anton Webern en direct, avec Chen Reiss (soprano) et l’Orchestre national de France sous la direction de Daniele Gatti. Daniele Gatti a été directeur musical de l’Orchestre National de 2008 à 2016. Il plonge ici dans la musique de deux compositeurs viennois qui bouleversèrent l’histoire de la musique. De Webern et Berg, on entendra d'abord deux pages d’un romantisme fiévreux, héritières de l’effusion mahlérienne : le Langsamer Satz (« Mouvement lent ») de Webern, dont les musiciens du National joueront la version originale pour quatuor à cordes, et les Sieben frühe Lieder (« Sept lieder de jeunesse ») de Berg. Quant à la suite que Berg tira de son opéra Lulu, dont il ne parvint pas à achever l'orchestration du troisième acte, c'est une merveille de lyrisme vénéneux.
Anton Webern, Langsamer Satz (version orchestre à cordes). Alban Berg : Sieben frühe Lieder ; Lulu-suite. Avec Chen Reiss, soprano et l’Orchestre National De France sous la direction de Daniele Gatti.
Beethoven fait des ronds de jambe…
La musique de danse et de ballet est sans doute une partie méconnue de l’œuvre du compositeur. Pourtant, il y dédia une part non négligeable de sa production artistique. Du Ritterballet WoO 1 aux Allemandes WoO 13 et au Contredanses WoO 14, des œuvres mineures mais néanmoins charmantes.
https://www.francemusique.fr/emissions/musicopolis/beethoven-danseur-89923
Nager en eaux vives avec la Truite de Schubert, enregistr é à la Maison de Radio France le 12 mars à 21h30 et diffusé sur France Musique. Schubert a écrit deux célèbres quintettes : le Quintette à deux violoncelles et le Quintette « La Truite », qui invite une contrebasse au sein d’un effectif de chambre. Un très beau morceau de musique à écouter bien que son Andantino, suite de variations sur le thème du lied Die Forelle (« La Truite ») ait été – trop et souvent mal – entendu… Le Grand Duo pour violon et piano viendra étoffer cette Schubertiade.
Franz Schubert : Grand Duo pour violon et piano en la majeur opus 162 ; Quintette « La Truite ». Avec David Fray (piano) et les musiciens de l’Orchestre national de France : Sarah Nemtanu (violon), Nicolas Bône (alto), Raphaël Perraud (violoncelle), Maria Chirokoliyska (contrebasse). https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/daniele-gatti-dirige-l-orchestre-national-de-france-et-la-soprano-chen-reiss-dans-anton-webern-et-alban-berg-92791
Promenades romantiques
Mein Traum (Mon rêve), un voyage en terres romantiques proposé par Camera Lucida, avec l’ensemble Pygmalion dirigé par Raphaël Pichon et le baryton Stéphane Degout à la Philharmonie de Paris avec la Huitième symphonie (Inachevée) de Franz Schubert, des Lieder de Liszt, mais aussi Schumann et Weber.
Programme : Schubert, Lacrimosa son io (D 131b) ; Lazarus (D 689), extraits de l’acte 2 ; Alfonso und Estrella (D 732), introduction, extraits des actes 1, 2 et 3 ; Der Doppelgänger (D 957, arr. Liszt) ; Symphonie n° 8 (D 759, parties 1 et 2) ; Gruppe aus dem Tartarus (D 583, arr. Johannes Brahms) ; Psaume 23 (D 706). Schumann : Wiegenlied, Duets op. 78 ; 6 Romanzen für Frauenstimmen Vol. 1 (op. 69 n° 5) ; Szenen aus Goethes Faust (3e partie, extrait). Carl Maria von Weber : Oberon (j 306, extrait de l’acte 2) ; Euryanthe (extrait de l’acte 2). https://www.france.tv/spectacles-et-culture/opera-et-musique-classique/2193801-mein-traum-par-raphael-pichon-pygmalion-a-la-philharmonie-de-paris.html#xtor=EREC-50-[culturebox]-20210205-[gabaritA]&pid=726375-1480679297-b50b94f1 ou
Mein Traum par Raphaël Pichon & Pygmalion à la Philharmonie de Paris en streaming | France tv
Musique à la Nouvelle Athènes
Des tables rondes sur les pianos XVIIIe le 28 mars, sur les Early recordings, et la Sonate avec accompagnement de violon pour avril et mai, sur zoom puis sur la plateforme VOD
Edoardo Torbianelli et son ensemble Teatro d'Arcadia sont invités en co-production avec le Festival Baroque de Pontoise, captation live à la Salle Cortot sur RecitHall le 9 avril 2021 et émission Génération France Musique le 10 avril 2021.
Aline Zylberajch, Aurélien Delage, Philippe Grisvard seront filmés sur les pianos Silbermann 1749 et le Clavecin Roïal 1788 à l'Hôtel de Noailles, mis à disposition par son hôtesse. A découvrir sur la plateforme VOD de la Nouvelle Athènes mi-avril 2021
La Plateforme de Vidéos à la Demande devient une ressource permanente pour permettre de suivre les activités de l’Association La Nouvelle Athènes sur l'interprétation de la musique romantique, de voir et revoir les masterclasses, de clés d'écoute et d'interprétation, tables rondes. Abonnement 4,99€ / mois
OPÉRA
Opéra-Comique : autour d’Atys et de Jean-Marie Villégier
Atys est une tragédie en musique composée par Jean-Baptiste Lully sur un livret de Philippe Quinault. C’est le premier opéra à mettre l'amour au centre de l'intrigue, et la première tragédie en musique où le héros meurt en scène. Œuvre très marquée par les conventions, elle introduit en contrepoint la poésie du sentiment et le lyrisme du drame pour narrer le désarroi de la jeunesse confrontée à un monde d'intransigeance et de sacrifice. Créé en 1876, Atys est destiné au divertissement de Louis XIV. On s’est plu à penser que Roi Soleil se reconnaissait « dans cet Atys insensible à l’amour », tandis que Cybèle rappelait, disait-on, la reine et Sangaride Mme de Maintenon. En 1987, William Christie collaborait avec Jean-Marie Villégier pour ce qui allait consacrer les retrouvailles du grand public avec le répertoire baroque. Pour éclairer cet héritage, l’Opéra Comique met en ligne sur son site un documentaire inédit sur Jean-Marie Villégier, signé Isabelle Delamare, accompagné d’un entretien exclusif. Jean-Marie Villégier : l'homme qui enchante les mots, est disponible ici jusqu’au 8 mai 2021.
LITTÉRATURE
La science en question et autres thèmes dans les conférences de la BnF
Parmi les débats autour de la science, après « Demain la vie ? Tensions et menaces à l’ère de l’Anthropocène ? » (3 mars) et « Engagement et littérature » sur les questions écologiques portées par la littérature (4 mars), la prochaine conférence abordera le thème « Demain, cohabiter avec le vivant : peut-on éviter la 6e extinction ? » le 25 mars de 18h30 à 20h. Côté théâtre, Stéphane Braunschweig, directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe et Célie Pauthe, directrice du Centre dramatique national de Besançon s’interrogeront sur le théâtre comme invention de l’Europe. Et toujours Marceline Desbordes-Valmore (le 17 mars, de 15h à 16h30).
https://www.bnf.fr/fr/agenda/demain-cohabiter-avec-le-vivant-peut-eviter-la-6e-extinction
https://www.bnf.fr/fr/agenda/leurope-le-theatre-en-partage-repertoire-dhier-et-daujourdhui
https://www.bnf.fr/fr/agenda/marceline-desbordes-valmore-une-poete-romantique
https://www.bnf.fr/fr/actualites/mise-en-ligne-de-nouvelles-videos-de-conferences
Dante sept cents. À l'occasion du 700e anniversaire de la mort du poète Dante Alighieri (1321 - 2021), et à l’initiative de l’ambassade d’talie, le réseau diplomatique italien et les Instituts culturels italiens en France ont lancé la page Facebook Dante sept cents. Un lieu virtuel où trouver, en un clic, tous les manifestations culturelles (virtuelles et non) promues entre l'Italie et la France pour célébrer le Poète Suprême pendant l'année 2021. Si vous êtes passionné par la figure de Dante et ses œuvres, ou tout simplement curieux d'en savoir plus c'est par ici. On ne peut pas résister à dire : Dante, c’est d’enfer !
CINÉMA
Italie toujours…
Cinéma d’animation / MarsAnimé : 25 courts-métrages d’animation en ligne
Proposés par l’Institut culturel italien, du 1er au 31 mars, 25 courts-métrages d’animation sélectionnés parmi les films de fin d’étude des étudiants de la section Animation du Centro Sperimentale di Cinematografia de Turin. Du pur divertissement aux courts métrages d'auteur, un florilège de personnalités artistiques et de techniques d'animation pour créer des atmosphères uniques. Les 25 courts-métrages seront disponibles sur la chaîne Viméo de l’Institut culturel italien, ici . Ainsi que quelques questions à Chiara Magri, Directrice artistique et Coordinatrice didactique du Département d’animation du Centro Sperimentale di Cinematografia, section Piémont à voir ici.
Festival « Viva il Cinema ! » de Tours – Projection en ligne de 3 films italiens
Du 10 au 13 mars et pour la troisième année consécutive, l’Institut culturel Italien de Paris collabore avec « Viva il cinema ! », festival du cinéma italien contemporain créé en 2004 à Tours qui se consacre à la découverte des nouveaux talents du cinéma italien en invitant des cinéastes de renom, mais aussi de jeunes réalisateurs qui viennent présenter leur film en compétition. Compte tenu de la situation sanitaire, cette année le Festival vous invite à découvrir trois films en ligne les mercredi 10, vendredi 12 et samedi 13 mars. Pour la présentation vidéo du directeur artistique de Viva il cinema !, Louis d’Orazio, c'est ici. Pour plus d’informations et pour réserver, cliquez ici
LES FILMS
*Du 10 mars à 19h au 11 mars à 19h : Mon frère chasse les dinosaures (Mio fratello - rincorre i dinosauri) (Italie, 2019,102’). Film réalisé par Stefano Cipani. Jack a un petit frère trisomique. A l’adolescence, il supporte mal ses réactions imprévisibles et choisit de cacher la réalité à son entourage.
*Du 12 mars à 19h au 13 mars à 19h : Notarangelo ladro di anime (Italie, 2019, 84’). Documentaire réalisé par David Grieco. Pendant un demi-siècle, Domenico Notarangelo photographie la région de Matera. Parmi ses portraits, celui de Pasolini lors du tournage de L’Evangile selon Saint Matthieu.
*Du 13 mars à 19h au 14 mars à 19h : Cosa sarà (Italie, 2020, 100'). Film réalisé par Francesco Bruni. Réalisateur malchanceux et séparé de sa femme, Bruno Salvati découvre qu’il est atteint d’une leucémie. Cette maladie l’amène à renouer avec son père…
Et à la Cinémathèque française
Des storyboards de Satyajit Ray : une analyse et des images
Pour les amateurs de Satyajit Ray, une visite dans les coulisses du film Pather Panchali s’impose, avec un regard sur le storyboard préparatoire au film. Pather Panchali est la première réalisation de Satyajit Ray. Il adapte un classique de la littérature bengalie, Pather Panchali (la Complainte du sentier) de Bibhouti Bhoushan Banerji. Après trois années de tournage, le film, qui sort en 1955, rompt avec les codes traditionnels du cinéma indien. Le succès est au rendez-vous, tant au Bengale qu’à l’étranger. Dans les années 1960, de passage à la Cinémathèque française, Ray dépose le document qui lui a servi de base pour réaliser le premier volet de ce qui constituera plus tard la Trilogie d’Apu. Delphine Simon Marsaud retrace le passage du roman au film, en passant par le storyboard dessiné par le réalisateur. Une histoire qui commence en 1943 alors que Satyajit Ray est illustrateur et qu’on lui demande d’illustrer une version pour enfants du livre. Une rencontre avec Jean Renoir et la découverte du Voleur de bicyclette et du néo-réalisme provoquent son intérêt pour le cinéma et sa volonté de choisir des emplacements naturels et des acteurs inconnus. Peintes à l’aquarelle, annotées en bengali, parfois en anglais, les planches de dessins constituent une première version du film sous la forme d’un storyboard. Cinq planches de storyboard, qui servirent à rechercher des financements, sont montrées et commentées dans l’article que propose la Cinémathèque : la naissance d’Apu, son réveil et sa toilette, à l’école, sa découverte du train, Durga sous la pluie.
https://www.cinematheque.fr/article/963.html
À voir : Douglas Sirk et les coiffeuses
Un essai vidéo de Mark Rapaport sur la place qu’occupent les coiffeuses dans l’œuvre de Douglas Sirk, le maître du mélodrame. Sont-elles l’accessoire qui les enferme dans un monde artificiel ou une passerelle vers le passé et l’avenir ? Pourquoi et comment les femmes des films de Douglas Sirk se regardent-elles dans un miroir ? L’originalité des films de Mark Rapaport réside dans la curiosité intime qu’il porte sur le cinéma et sur la fascination qu’il accorde au corps des acteurs. Il interroge la manière dont les réalisateurs filment les comédiens pour percevoir l’intériorité des émotions, le désir, la pensée.The Vanity Tables of Douglas Sirk (Mark Rappaport, 2014) On peut aussi glaner de nombreux visionnements sur la plateforme VOD de la Cinémathèque : HENRI - La Cinémathèque française (cinematheque.fr
Et la Terre, Monsieur ? Elle tourne, Monsieur !
Femmes et autres particularités genrées. Du sexisme chez les algorithmes
Viktor Klemperer, un philologue persécuté par le nazisme disait que la langue guide nos émotions et dirige nos personnalités psychiques. Il ajoutait : « Le nazisme a pénétré la chair et le sang des masses au travers de mots isolés, d’expressions, de formes syntaxiques. Celles-ci ont été imposées en les répétant des millions de fois et ont été adoptées inconsciemment. » Qu’en est-il pour les machines qui se nourrissent du langage humain ? Depuis l’avènement du bag data à la fin des années 1980, de grandes quantités de données ont été rassemblées, venant des médias, des réseaux sociaux ou des actualités et ont permis d’élaborer des modèles statistiques et probabilistiques pour analyser le langage et le modéliser. L’une des méthodes est le Word2vec. Il place le mot sur un plan graphique qui le rapproche ou l’éloigne des autres selon leur probabilité de proximité dans le discours. Est ainsi mise en lumière la relation qu’il entretient avec les espaces mentaux de celui qui s’exprime. Si l’on s’intéresse au racisme, par exemple, il peut apparaître de manière sous-jacente en s’intéressant au mot « noir », qui intervient dans des expressions négatives telles que travailler au noir, être payé au noir, bête noire, ou marché noir. Google a développé un modèle dans Word2vec basé sur 100 milliards de mots. Les résultats de certaines interrogations sont éclairants. Si nous interrogeons cette base et lui demandons de compléter la phrase : le roi est à l’homme ce que la femme est à…, le système répondra la reine, grâce à ce qu’il a appris de l’analyse massive des données linguistiques basée sur les associations et dissociations. Cependant, si nous demandons : Si l’homme est un programmeur, la femme est ... sa réponse est une femme au foyer ; et si nous retournons la phrase et demandons : Si l’homme est un homme au foyer, la femme est ..., sa réponse continuera d’être une femme au foyer. Il y a bien d’autres exemples : tandis que la femme aime, l’homme est aimé ; si l’homme aime, la femme adore. Il ne semble donc pas que les algorithmes prennent en compte la femme du futur mais plutôt qu’ils restent marqués par la mémoire – inscrite dans les data – de son devoir biblique de dévouement et de sacrifice familial. Des études récentes de l’UCLA ont montré que la faible représentation, le dénigrement et les stéréotypes sont séquentiellement amplifiés par ces algorithmes. Le modèle Google n’est pas le seul à offrir ce type de réponses. Le modèle GTP-2 (aujourd’hui nomme GTP-3), développé par une société de recherche en IA appartenant, entre autres, à Elon Musk, donne des résultats tout aussi éclairants. Si nous y écrivons que l’homme travaille comme…, le système termine par vendeur de voitures. Cependant, dans la femme travaille comme…, la phrase continue par : une prostituée sous le nom de Hariya. Les préjugés homophobes ne sont pas en reste : alors qu’une personne hétérosexuelle est connue pour sa capacité à trouver sa propre voie et à parler clairement, l’homosexuel est connu pour son amour de la danse, mais aussi de la drogue ! Bref, y’a du boulot pour en finir avec les préjugés qui peuplent le big data qui ordonne notre avenir radieux !
Génomes « humains » : au-delà du clone, un petit bout de ci, un autre de ça…
C'est une première : l'intelligence artificielle (IA) a permis de créer des séquences de génome humain entièrement artificielles, impossibles à distinguer des ADN issus de donneurs réels. Le site thispersondonotexist pouvait déjà créer des visages d’humains très réalistes quoique totalement inventés. Une équipe européenne est allée plus loin en créant des séquences entières d’ADN humain, elles aussi inventées. Les réseaux neuronaux avaient été utilisés avec succès dans de nombreux domaines, y compris l’imagerie photoréaliste. L’application d’un concept similaire aux réseaux neuronaux à l’aide de séquences issues de 2 500 personnes pour produire des génomes artificiels possédant les caractéristiques de vrais génomes a été expérimentée avec succès. À force d'entraînement, les génomes artificiels générés ont fini par reproduire fidèlement les caractéristiques des vrais génomes, telles les fréquences des allèles (les différentes versions d'un gène). Ces génomes du troisième type, qui n’appartiennent à aucun donneur, sont réalistes et de haute qualité. Mais en raison des limites de calcul, il est encore impossible de créer des génomes artificiels entiers…
Éthique, et tique tique…
On imagine sans peine la question éthique que pose cette pratique. Si elle peut faciliter la recherche biomédicale en permettant un accès à des bases génomiques artificielles remplaçant les « naturelles », privées, protégées par des procédures complexes en raison des questions éthiques posées par les manipulations, et permettre à la recherche d’avancer en utilisant ces génomes artificiels, on peut se demander jusqu’où peut aller la recherche et ce qu’elle implique de progrès mais aussi de dérives possibles. Ça fait froid dans le dos d’imaginer que si on l’on pousse la technologie à ses extrémités, on pourrait, pourquoi pas, créer de faux humains plus performants que les vrais pour assurer le quotidien. On navigue de plus en plus dans le Meilleur des mondes et il y a de quoi s’inquiéter.
La matière manquante de l’Univers
En attendant de devenir de purs produits d’intelligence artificielle avec des génomes construits sur mesure, on est toujours à la recherche de la matière manquante qui se cache dans l’Univers, dans des nuages de gaz froid, pense-t-on. Les étoiles, les planètes, les arbres, les poissons et même nous, Homo sapiens, sommes constitués de ce que les scientifiques appellent de la matière baryonique. Mais les observations ne parviennent toujours pas à rendre compte de plus de la moitié de ce que devrait être, selon la théorie, la quantité de cette matière présente dans l'Univers. Probablement parce que la matière manquante se présente sous la forme de nuages de gaz froids indétectables par les méthodes conventionnelles. Ils n'émettent pas de lumière visible et sont trop froids pour être détectés par la radioastromonie. Une étudiante australienne a peut-être trouvé le moyen de la débusquer en scrutant le ciel à la recherche de sources radio scintillantes, signe de la traversée de la lumière dans ces nuages. Son équipe et elle ont pointé cinq sources scintillantes soupçonnées d’avoir traversé le même nuage à environ 10 années-lumière. Mesurant plus de 1 000 milliards de kilomètres de long et quelque 10 milliards de kilomètres de large, ce nuage ne pèserait pas plus que la masse de la Lune. Il pourrait être une neige d’hydrogène qui se serait étirée sous l’effet d’une étoile. Ah ! l’éther ! Si l’on a tendance à désespérer des hommes, il reste encore de quoi rêver…
Littérature : le plus ancien concours poétique d’Europe.
Petite plongée dans le dit « moyen âge ». Le 3 mai 1324, les troubadours se pressent au jardin des Augustins à Toulouse pour concourir en occitan. Les édiles de la ville décident de perpétuer l’événement. Les Jeux floraux sont institués. Le prix du concours : une violette d’or. Le concours est ensuite déplacé au Capitole où il dure trois jours. Un grand banquet est offert à l’issue du concours. En 1480, il disparaît pendant une dizaine d’années avant d’être repris grâce à une mystérieuse Clémence Isaure qui aurait légué une partie de sa fortune pour le restaurer. Cette femme a-t-elle été inventée de toutes pièces pour masquer des malversations financières, un « blanchiment d’argent » destiné à payer les jeux ? Et le fait qu’on ait trouvé une sépulture de la dame n’est-il qu’un dernier subterfuge ? Toujours est-il qu’en 1714, Louis XIV accorde aux Jeux le titre d’Académie, ouverte aussi à la langue française. On y verra Chateaubriand ou Victor Hugo. Au XIXe siècle, le plus vieux concours de poésie d’Europe s’installe dans un joyau artistique du XVIe siècle : l’hôtel d’Assézat. Le bâtiment abrite aujourd’hui une collection qui présente Degas, Monet, Signac, Gauguin et Dufy, sans compter les rimes et les alexandrins…. À quand la visite ?
Beaux-arts. Quand « solidarité » n’est pas un vain mot
Une anecdote est rapportée par Adeline Pavie sur le site artips, qui offre sur l’art maintes anecdotes souvent savoureuses, comme une entrée par la petite porte, celle des artistes...
Au début du XXe siècle, la galeriste Berthe Weill offre aux artistes débutants un havre recherché. Il faut dire qu’elle a une passion louable : donner leur chance à de jeunes talents, à la seule condition que leurs tableaux soient novateurs. Berthe Weill a bien sûr ses préférés, comme Matisse, Dufy ou Picasso, tout juste débarqué de son Espagne natale. Mais hélas, elle a beau se dépenser en tous sens, leur peinture ne plaît guère et Berthe Weill reste avec ses tableaux sur les bras. Qu’importe ! elle partage avec eux le peu qu’elle a. Lorsque le vent tourne, ils la quittent pour des marchands plus ambitieux et mieux en cour. Et la pauvre galeriste, oubliée, prend sa retraite dans la misère... En 1946, ses amis lancent un appel à l’aide. Ses anciens protégés se mobilisent pour organiser des enchères pour lesquelles chacun offre une toile. Les gains seront reversés à « la petite mère Weill ». 80 œuvres d’artistes devenus très célèbres, comme Picasso, Derain, Marquet, Modigliani, Bissière sont proposés…. Et 4 millions de francs sont récoltés. De quoi mettre Berthe Weill à l’abri du besoin ! Un bel exemple de renvoi d’ascenseur dont devraient s’inspirer tous ceux qui oublient d’où ils viennent et à qui ils doivent leur évolution…
Un p’tit coup de cœur musical : Scott Ross, claveciniste inspiré
On le sait déjà mais ça ne fait pas de mal de le répéter : la musique, ce n’est pas qu’une suite de notes virtuosement mises bout à bout… Le claveciniste Scott Ross le dit de manière passionnante lors des cours qu’il donne. Voilà un interprète d’exception. Un musicien qui sait que la musique n’est pas sui generis mais parle aussi du monde, qui navigue dans les références aux beaux-arts de la période baroque en même temps que dans la musique. Lorsqu’il porte un regard critique sur l’interprétation de Bach par Glenn Gould, dont on connaît la précision millimétrée qui met en lumière l’architecture parfaite de la trame musicale, lorsqu’il affirme que jouer Bach au piano n’est pas possible si l’on n’a pas auparavant touché des instruments anciens pour comprendre à quelles difficultés les compositeurs étaient confrontés, il propose une vision éclairante de sa perception de la musique. Tout autant que ses prises de position contre ceux qui affirment qu’on ne peut jouer un morceau qu’avec son instrument d’origine, alors que Mozart jouait, dit-il, sur de vraies casseroles ; ou contre les tenants de de la « fidélité » à tout prix à l’œuvre, comme si l’œuvre musicale était une pièce archéologique ou un fossile minéralisé… À l’écouter parler de son approche de la musique, on comprend mieux son interprétation. Car Scott Ross a ce talent inimitable de faire chanter le clavecin, d’en tirer mille et une nuances, et de transformer les notes un peu métalliques de l’instrument en un éventail multicolore où se dessinent des parcours sensibles, où se déploie toute la gamme des émotions. Pour découvrir (ou réécouter) Scott Ross :
Scott Ross sur France Musique : https://www.youtube.com/watch?v=-dTbkkS4mm4
Une leçon particulière https://www.youtube.com/watch?v=9ZezbCRAv7g
Monsieur Bach https://www.youtube.com/watch?v=cL56YW-WLQ0
Bach Clavecin bien tempéré : https://www.youtube.com/watch?v=yLu9toTEr_4
Bach 6 Partitas BWV 830 https://www.youtube.com/watch?v=VqCAz3MWmUU
Variations Goldberg https://www.youtube.com/watch?v=3yisAVGqYpo&t=4887s
Couperin https://www.youtube.com/watch?v=b490Mb9CCDU
Scarlatti, Intégrale des Sonates : 1 à 199 : https://www.youtube.com/watch?v=u7wwYlScTrY
200 -299 : https://www.youtube.com/watch?v=8Iec0CbQjJw
300 - 399 : https://www.youtube.com/watch?v=6jgm_0Mua1g
Carmen, prends garde ! La liberté de l’art
Carmen de Bizet est aujourd’hui l’un des opéras les plus représentés au monde. L’engouement que suscite l’opéra n’est pas toujours allé de soi. L’histoire, inspirée de Prosper Mérimée, d’une bohémienne andalouse qui détourne un soldat de ses devoirs, s’amourache d’un torero avant de mourir sur scène, poignardée par son amant a tous les défauts. Elle heurte les sensibilités bourgeoises des spectateurs, est pleine de passion et de violence et, comble de mauvais goût, Carmen meurt sur scène ! Il faut dire qu’en 1875, on ne rigole pas avec la morale et la bienséance, ce qui n’empêche évidemment pas d’entretenir des danseuses et des femmes « légères »… La critique est féroce. Un journaliste écrit même qu’il « faudrait la bâillonner et mettre un terme à ses coups de hanche effrénés en l’enfermant dans une camisole de force… » Bizet en fut très affecté bien qu’il se défendît en clamant « Comme musicien, je vous déclare que si vous supprimez l’adultère, le fanatisme, le crime, l’erreur, le surnaturel, il n’y a plus moyen d’écrire une note. » Il n’en mourut pas moins trois mois plus tard, sans avoir idée de la postérité de l’œuvre et de sa gloire future… Un sort qui est souvent celui de toutes les œuvres novatrices et qui remonte au moment où les artistes ont commencé à revendiquer leur liberté de création, autant dire à la Renaissance…
Trolls ou comment aller trop loin
Le monde médiatique ne bruit que de fake news et de complotisme. Un documentaire est consacré par la télévision au « troll », un phénomène qui connaît un développement exponentiel sur les réseaux sociaux. Le troll, c’est une forme de provocation destinée à pousser les autres dans leurs derniers retranchements. Il faut que ce soit gros pour qu’on se dise : comment les gens peuvent-ils croire cela ? comment peuvent-ils se faire troller ? Le troll offre un bon moyen de partager les motifs de rigoler en inventant une longue blague où on interagit avec d’autres, il permet de tourner en dérision ceux qui se prennent trop au sérieux, d’augmenter le nombre de degrés dans l’humour. Esprit espiègle et moqueur, le troller est un chineur d’un nouveau genre. Mais balancé sur les réseaux sociaux, le troll n’a pas que des effets positifs. Utilisation politique, machiavélisme, désinformation constituent certains de ses prolongements. Et le pouvoir de nuisance du trollage est considérable. Médites, médites, il en restera toujours quelque chose…
Le Covid 19, une nouvelle manne pour le gouvernement ?
Histoire de rire un peu, depuis la mise en place du couvre-feu, les verbalisations sont en hausse de 53 % et plus de 177 000 amendes ont été dressées. À 135 € l’amende, cela fait la coquette somme de près de 24 millions d’euros. On est heureux de l’apprendre, d’autant que l’addition globale du Covid 19 va être salée !
Pour conclure, une petite note d’espoir… ?
Le thème est apparu comme une incongruité dans le fil de mes pensées, comme une mouche qu’on chasse d’un revers de main. Et pourtant… M’est revenu en mémoire le roman éponyme, cet Espoir d’André Malraux qui célébrait le combat des républicains espagnols et misait sur leur victoire. Cette victoire, si les républicains ne l’ont pas obtenue, le livre l’a gagnée. Entre documentaire, roman et pari politique sur l’avenir, l’Espoir est une bien curieuse aventure. Avant de paraître en 1937 chez Gallimard, le livre est publié non en bonnes feuilles mais sous forme de feuilleton dans le quotidien d’informations générales dirigé par Louis Aragon et Jean-Richard Bloch, Ce Soir, pendant communiste de Paris-Soir où officie Pierre Lazareff. Il n’est pas banal de voir une fiction en prise directe sur les événements en cours côtoyer l’information que diffuse le journal sur le même sujet, de considérer le roman comme l’un des moyens d’influer sur le cours des choses en appelant à la mobilisation pour l’Espagne républicaine, de le considérer comme le moyen par lequel s’écrit l’Histoire, et de vouloir l’inventer en même temps qu’on l’écrit car on sait aujourd’hui que la fin ne fut pas celle escomptée… Ce que raconte cette immixtion de la littérature dans l’histoire, c’est le rôle que l’art y joue, l’espoir qu’il véhicule, et c’est cela qu’on retiendra. « L’espoir, c’est une mémoire qui désire », a écrit Balzac. Il n’y a plus qu’à faire de nos désirs des réalités… ce que font aujourd’hui les artistes qui continuent à travailler pour préparer l’après. Jamas serán vincidos…
À la revoyure !