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Arts-chipels.fr

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.

Puisqu’il faut durer, durons avec ce journal qu’on aimerait voir remplacé par de la pâte humaine, du spectacle de chair et d’os, des expositions avec leur épaisseur de peinture. Et puisqu’il faut résister à la lassitude, voire à l’irritation croissante de nous voir transformés en bons petits soldats qui marchent au pas – solidarité exige – feignons d’en voir la face positive…

Faut-il se réjouir qu’on n’ait pas encore atteint le pire ? que nous ayons encore le droit de circuler – un peu – sans sauf-conduit, sans autorisation spéciale, sans blanc-seing accordé par une autorité suprême ? Au « las ! » donnons le « la » de la musique et des spectacles pour garder le moral. Il y a, un peu partout, des gens qui s’organisent pour continuer à nous faire partager leurs élans, leurs plaisirs, leurs aspirations. Vous trouverez ici quelques suggestions – et pardon pour ceux qui n’auront pas été cités, parce que je ne les connais pas, sans doute… Aussi, une fois n’est pas coutume, au lieu de commencer par les humeurs surgies de ces nouvelles, je céderai la parole en premier à ceux qui projettent, proposent, partagent. Libres à vous de vous distraire, ensuite, avec humour je l’espère, de mes divagations.

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.

Musique

Les concerts de midi et demie salle Cortot

Au lieu de grignoter distraitement vos sandwiches en faisant un Solitaire, prenez le temps d’écouter les étudiants des niveaux supérieurs et les diplômés de l’École Normale de Musique de Paris, ces jeunes gens talentueux qui se pressent à nos portes. Outre le plaisir de la découverte de nouvelles interprétations, parfois décoiffantes, c’est tout le plaisir de cheminer d’un bord à l’autre de l’histoire de la musique, de Bach à Stockhausen, de Chopin à Ravel ou de Mozart à la musique taïwanaise. C’est gratuit les mardis, mercredis et jeudis, inscription sur : https://www.recithall.com/events/serie/230

Sur le site de Recithall, on trouve aussi des concerts, payants, de manière modique : https://www.recithall.com

Opéra de Paris : on referme et on met en ligne

Les premières représentations de la nouvelle production d’Aida de Giuseppe Verdi, dans la proposition scénique de Lotte de Beer, avec l’orchestre de l’Opéra de Paris dirigé par Michele Mariotti et prévues du 12 au 27 février à l’Opéra Bastille, ne pourront être données devant un public. Ce spectacle fera néanmoins l’objet d’une captation, pour une première diffusion en direct sur arte.tv le 18 février et sur arte le 21 février.

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.

Littérature

Femmes, femmes, femmes… les autrices « oubliées » de la BnF

Les autrices « oubliées » (??) sont à l’honneur à la BnF dans un cycle de conférences qui vise à les mettre en lumière. Elles sont quatre femmes de lettres, de l’époque classique au XXe siècle, incontournables mais méconnues du grand public. L’histoire de la littérature les a mises de côté ou marginalisées durant plusieurs siècles et le travail de chercheurs et historiens d’aujourd’hui vise aujourd’hui à leur rendre la place qui leur revient. Quatre spécialistes présenteront donc les œuvres de Catherine Bernard (1663-1712), Marie-Anne Barbier (1664-1745), Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) et Hélène Bessette (1918-2000) et des lectures d’extraits de leurs œuvres donneront à entendre leurs voix.

Catherine Bernard (1663 – 1712) - mercredi 27 janvier 2021, 10h30 - 12h (disponible en replay sur le site et la chaîne YouTube de la BnF). Par Edwige Keller-Rahbé, Université Lumière Lyon 2. Lecture : Aurore Evain. Le 8 avril 1680 paraît à Paris, chez Jean Ribou, un roman historique in-12 en trois tomes intitulé Frédéric de Sicile. Ce « coup d’essai » marque l’entrée sur la scène littéraire d’une « fille de dix-sept à dix-huit ans » : Mademoiselle Bernard, protestante convertie de Rouen, dont la carrière allait s’étendre jusqu’à la fin du XVIIe siècle, avec beaucoup de succès.

Marie-Anne Barbier (1664 – 1745) – mercredi 10 février 2021, 14h00 - 15h3.0. Par Justine Mangeant. Lecture : Aurore Evain. Dramaturge, poétesse, librettiste, romancière, journaliste : Marie-Anne Barbier s’illustre avec succès dans tous les genres littéraires en vogue au début du XVIIIe siècle. Elle est l’une des premières femmes de lettres à vivre de ses activités d’écrivaine. Elle entendait illustrer et défendre dans ses ouvrages « la gloire de [son] sexe », en mettant en scène des héroïnes fières et généreuses, mais surtout en s’imposant dans un monde des lettres où les autrices sont souvent minorées ou accusées de servir de prête-nom à des auteurs connus. Elle dénonçait le silence et l’oubli auxquels voulaient la condamner les « envieux de notre gloire » (Arrie et Pétus, 1702). Son œuvre, d’une grande richesse, n’a pas résisté aux dénigrements posthumes qui ont progressivement conduit à l’effacer de l’histoire littéraire.

Marceline Desbordes-Valmore (1786 – 1859) – mercredi 17 mars 2021, 18h30 - 20h. Par Christine Planté, présidente de la Société des Etudes Marceline Desbordes-Valmore. Lecture : Sabine Haudepin. Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) est une voix profondément originale du romantisme français. Ses vers disent l’amour, l’enfance, mais aussi la révolte contre l’injustice. Ils ont été salués par Lamartine, Baudelaire, Verlaine, Aragon, Bonnefoy… et chantés dans des répertoires savants ou populaires. Elle laisse aussi des récits en prose étonnants et une importante correspondance.

Hélène Bessette (1918 – 2000) – mercredi 14 avril 2021, 18h30 - 20h. Par Laure Limongi. Lecture : Anaïs de Courson. Hélène Bessette a été décrite par Marguerite Duras comme la « plus importante des autrices oubliées » (1963) en raison de préjugés moraux et de sa non-appartenance à un courant artistique ou culturel spécifique. Son œuvre a souffert d’être réputée réservée à des initiés.

https://www.bnf.fr/fr/agenda/autrices-oubliees-de-lhistoire-litteraire

Barbe-bleue vu par Gustave Doré

Barbe-bleue vu par Gustave Doré

De femmes en tueur de femmes : Barbe-bleue, c’est gore !

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » Dans le bleu de la barbe, Pierre-Emmanuel Moog, chercheur en anthropologie narrative, invité à l’EHESS, dévoile les ressorts cachés du conte de Perrault. L’histoire de cette jeune épouse, victime, comme d’autres avant elle, de sa curiosité, a donné lieu à des interprétations opposées. Comment y voir clair, affronter toutes les anomalies que comporte le texte et les resituer dans leur contexte ? Un point de passage obligé pour tirer la morale de l’histoire, qu’il vaut mieux relire préalablement (en ligne sur https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k855619t/f159.item)… Cette conférence était prévue en présentiel sur réservation (https://affluences.com/bnf-expositions/reservation) le 12 février, de 12h30 à 14h (salle 70, site François Mitterrand). Gageons qu’elle se tiendra en ligne…

https://www.bnf.fr/fr/agenda/le-bleu-de-la-barbe-les-ressorts-du-conte-dramatique-de-perrault

Jacqueline Marval -Plage Rose - la Côte des Basques - 1923 © Comité Jacqueline Marval

Jacqueline Marval -Plage Rose - la Côte des Basques - 1923 © Comité Jacqueline Marval

Femme de pinceaux

Marie-Joséphine Vallet, Jacqueline Marval de son nom de pinceaux, est l’une des huit enfants d’une famille d’instituteurs. Vouée à devenir institutrice à son tour, elle se marie avec un voyageur de commerce, donne naissance à un enfant, qu’elle perd. Elle quitte son mari, devient giletière. Trop à l’étroit dans sa petite vie provinciale, à Grenoble, elle part à Paris et devient brodeuse pour subvenir à ses besoins. En 1895-1896, elle s’installe à Montparnasse, au cœur du vivier d’artistes qui fréquentent les lieux, et pose pour eux. Elle est la compagne de Jules Flandrin, un élève de Gustave Moreau. Elle assiste aux discussions interminables sur les règles académiques en art et côtoie Marquet, Matisse, Manguin, Rouault et bien d’autres. Lassée de ces débats sans fin, l’impétueuse jeune femme se saisit un jour de boîtes de couvercles de cigares pour ébaucher à grands traits des paysages. Elle n’a aucune formation artistique mais elle s’en moque : la peinture doit être spontanée et sans apprêt. Il faut faire fi des règles. Elle se lance, avec le soutien de ses amis, mais ne perce pas, récupère ses draps pour en faire des toiles. Elle reçoit l’aide de la galeriste Louise Weill, soutien actif des femmes peintres, à partir de 1902, puis celle d’Ambroise Vollard, l’année suivante. Proche des Fauves, elle décore des appartements, et le foyer de la danse à l’Opéra en 1913. Ses œuvres sont présentes à l’Armory Show à New York la même année, voyagent ensuite dans toute l’Europe à Barcelone, Winterthur, Oslo, Bâle et Zurich. En 1929, elle expose au côté de Van Dongen au musée des beaux-arts de Rouen. L’année suivante, Flandrin la quitte. Malade, elle meurt dans la solitude et est rapidement oubliée. Elle est remise à l’honneur par les féministes. Elle laisse une œuvre qui ne laisse pas indifférent.

Pour une vision plus diversifiée de l’œuvre de Jacqueline Marval, aller sur le site du Comité Jacqueline Marval : https://www.jacqueline-marval.com/

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.

Théâtre

Les Directs du Théâtre de la Ville

Le Théâtre de la Ville poursuit sa mobilisation solidaire et son ambition de nous maintenir éveillés, à l’affût du monde de demain à travers des tables rondes, des expérimentations, des spectacles de théâtre ou de danse.

https://www.theatredelaville-paris.com/fr/spectacles/gardons-le-lien/les-directs

Cartes d’un nouveau monde prolonge le partage d’expériences entre jeunes entamé la saison passée avec la Charte 18-XXI dans les champs de la culture et de la science. L’accent est également mis sur la manière dont les jeunes abordent les questions fondamentales de la vie auxquelles ils sont confrontés en cette période particulière de notre histoire. Les invités résument leur expérience de la pandémie dans l’optique de la transformer en expérience utile pour les générations à venir. Les participants peuvent chatter sur les adresses Facebook ou YouTube du Théâtre. Une partie de ces contributions sera sélectionnée et les dernières minutes des interventions seront consacrées à y répondre. Giacomo Costa, un artiste connu pour ses recherches sur la ville et pour l’utilisation du numérique dans ses créations photographiques avait ouvert le cycle de 2021. Ses images de catastrophes, d’un environnement détruit et d’une humanité absente ou peut-être disparue, semblaient anticiper ce qui s’est produit. Elles indiquent surtout clairement un point de non-retour dont il est nécessaire d’essayer de s’éloigner au plus vite. D’autres jeunes artistes s’expriment à leur tour.

• Alessandro Raveggi est auteur et chercheur et enseigne à l’université de Venise. Il a écrit de la poésie et du théâtre avant de s’aventurer dans le roman avec Grande karma. Il nous racontera comment se perdre dans les cartes et les vies d’autrui, comment puiser l’inspiration dans le sous-sol du monde, peut-être même …. la réincarnation et le Symbiocène, la reconnaissance de l’interdépendance de tous les constituants de la vie sur la Terre et les relations mutuellement bénéfiques entre tous les êtres vivants en conservant et en maximisant l’unité dans la diversité. Pour Glenn Albrecht, l’inventeur australien du concept, « Loin du primitivisme et du retour en arrière, le Symbiocène requiert au contraire un élan massif d’innovation et de créativité. ». Le 4 février 2021.

• Jacopo Storni est journaliste. Il s’intéresse au social, et plus particulièrement au thème de l’immigration – il s’est intéressé, entre autres, aux interdictions d’accès des migrants entre la France et l’Italie, mais aussi entre l’Autriche et l’Italie, et à l’exploitation des migrants africains dans les usines toscanes du luxe et de la mode. Il parlera aussi de la solidarité qu’il a vu émerger avec l’épidémie de Covid et de ce qu’il anticipe lorsque la crise sera jugulée. Le 11 février 2021.

Ionesco Suite © Jean-Louis Fernandez

Ionesco Suite © Jean-Louis Fernandez

Le dimanche 7 février, à 15h, Ionesco suite continue à s’inventer devant et avec le public, sur la frontière qui sépare ceux qui jouent de ceux qui regardent. Ionesco suite est une navigation au cœur des obsessions marquantes de ce porte-drapeau de l’Absurde : la difficulté d’être, la manifestation du pouvoir et de la domination (affective ou intellectuelle), l’arbitraire du langage. Des thèmes qui rencontrent des préoccupations d’aujourd’hui et une forme originale de théâtre, conçue pour être jouée dans tous types d’espaces, notamment dans des établissements scolaires.

www.theatredelaville-paris.com

AUTEUR Eugène Ionesco MISE EN SCÈNE Emmanuel Demarcy-Mota. D’APRÈS Jacques ou la soumission, Délire à deux, La Cantatrice chauve, Exercices de conversation et de diction française pour étudiants américains, La Leçon D’EUGÈNE IONESCO

ASSISTANT A LA MISE EN SCÈNE Christophe Lemaire SCÉNOGRAPHIE ET LUMIÈRE Yves Collet MUSIQUE Jefferson Lembeye, Walter N’guyen COSTUMES Fanny Brouste ASSISTÉE d’Alix Descieux MAQUILLAGES Catherine Nicolas DEUXIÈME ASSISTANTE Julie Peigné

AVEC Charles-Roger Bour, Céline Carrère Jauris Casanova, Antonin Chalon, Sandra Faure, Stéphane Krähenbühl, Gérald Maillet

Gaël Faure © DR

Gaël Faure © DR

Le 8 février à 21h, Gaël Faure. En direct du Théâtre de la Ville et en association avec les Trois Baudets, Nouvelle scène musicale, l’occasion d’écouter ce chanteur et guitariste passionné par l’œuvre de l’écrivain Jean Giono, épris comme lui de nature et de voyages immobiles. Dans son dernier album, Regain, il entremêle sur scène, chansons et passages de livres Giono. Chants et lectures engagés nous ramènent ainsi à la terre et à l’humain, soutenus par la voix authentique, puissante et envoûtante de Gaël Faure

Nos amours bêtes © Elisabeth Carecchio

Nos amours bêtes © Elisabeth Carecchio

Le 12 février à 10h et le 13 février à 15h : Nos amours bêtes. Près d’une grotte, un homme trouve une peau de phoque et l’emporte. Plus tard, au même endroit, il découvre une femme, nue, en pleurs. Il la réconforte et ils ont une ribambelle d’enfants ! Mais un jour, la femme trouve la peau. C’est la sienne… Ambra Senatore et Fabrice Melquiot nous font pénétrer dans le mystère de notre part animale. Les interprètes, à la fois narrateurs, bruiteurs et danseurs offrent dans le spectacle un festival de turbulences enjouées, à la bonne humeur contagieuse.

CHORÉGRAPHIE & MISE EN SCÈNE Ambra Senatore

TEXTE ORIGINAL Fabrice Melquiot, D’APRÈS LE CONTE ISLANDAIS LA PEAU DE PHOQUE // CRÉATION MUSICALE & SON Nicolas Lespagnol Rizzi CRÉATION LUMIÈRES Joël L’hopitalier ASSISTANTES À LA MISE EN SCÈNE Caterina Basso, Elisa Ferrari COSTUMES Cécile Choumiloff

AVEC Lise Fassier, Arnaud Huguenin, Giuseppe Molino, Madeleine Piguet Raykov, Barbara Schlittler (distribution en cours)

Kadoc

Kadoc

Podcasts au Théâtre du Rond-Point

Le Rond-Point continue sa série de podcasts. C’est au tour de Piette Notte, auteur associé du Rond-Point, comédien et metteur en scène d’inviter des artistes, scénographes, metteurs en scène, comédiens et auteurs : • Le 4 février, Marc Fr       aize • Le 18 février, Sara Giraudeau • Le 4 mars, Tania de Montaigne. Ces podcasts et les précédents sont disponibles via https://bit.ly/lespodcastsdurondpoint.

... Et un spectacle : Kadoc, de Rémi de Voos, mise en scène Jean-Michel Ribes. Quand l’entreprise rend fou. Trois couples dont les maris travaillent dans la même entreprise font basculer cette comédie en un savoureux délire où les bizarreries, la polyphonie des egos, les jalousies jalonnent le parcours et où les lois du monde du travail sont mises à mal. Diffusion sur CultureBox, canal 19, le 8 février à 21h.

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.

Danse

Monuments en mouvements : quand danse et décor se rencontrent

Provoquer la rencontre entre un corps dansant, en mouvement, et une architecture, un volume, un monument : un programme pour explorer le champ de l’inspiration et de la référence. Entamée voici plusieurs années déjà, avec l'appui de la Caisse des Monuments historiques, l'initiative se poursuit. On peut trouver les vidéos de ces performances sur France.tv/spectacles-et-culture. Des pièces de longueurs variables (entre 10 minutes et une demi-heure) mettent aux prises des danseurs et un lieu : dans le Domaine national de Saint-Cloud, un container conçu par Silvain Ohl, dont les volumes, découpés et en mouvement, forment des origamis que la chorégraphe franco japonaise Satchie Noro explore (https://www.france.tv/spectacles-et-culture/2144897-origami-par-satchie-noro-au-domaine-national-de-saint-cloud.html#xtor=EREC-50-[culturebox]-20210129-[gabaritA]&pid=726375-1480679297-b50b94f1, visible jusqu’au 12/12/2021) ; les espaces de l’abbaye de Montmajour à Arles, peuplés par les danseurs d’Angelin Preljocaj (Royaume-Uni) ; ou le Panthéon avec les Grands fantômes de Yoann Bourgeois…

Otar Iosseliani – Vieilles chansons géorgiennes, 1968 – Cinémathèque française © DR

Otar Iosseliani – Vieilles chansons géorgiennes, 1968 – Cinémathèque française © DR

Cinéma

A la Cinémathèque française

• L’hommage d’Otar Iosseliani à la chanson géorgienne (1968). Un film restauré sous la supervision du réalisateur, qui échappe au documentaire stricto sensu. « Je pense que montrer et ne pas commenter est la meilleure méthode pour transmettre l’étrangeté de chaque phénomène qui porte en soi un secret non formulable », dit Iosseliani de son cinéma. « Et dès que vous essayez de bourrer votre œuvre, aussi dite documentaire, de témoignages oraux et de points de vue particuliers, ce nombre de particularités, surtout si elles sont prononcées oralement, vous prive du tableau global. »

https://www.cinematheque.fr/henri/film/70509-vieilles-chansons-georgiennes-otar-iosseliani-1968/

Méliès technicien : la première caméra et le premier projecteur de Méliès, par Laurent Mannoni. Méliès a assisté, émerveillé, aux premières séances du Cinématographe Lumière, mais il n'a pu acquérir d'appareil. Il se rend alors à Londres et achète un projecteur Robert-William Paul qu'il transforme en caméra. C'est avec cet instrument qu'il découvre son premier trucage, l'arrêt de la pellicule. Comme Méliès a impérativement besoin d'un projecteur afin d'organiser des séances dans son théâtre Robert-Houdin, il conçoit ensuite, avec quelques associés, un excellent appareil 35 mm, le « kinétographe ». Ces deux machines historiques sont conservées à la Cinémathèque française. Laurent Mannoni replonge Méliès dans les débuts du cinéma et la période de « bricolage » du 7e art.

www.cinematheque.fr

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Beaux-arts

Programme d’expos des musées d’Orsay et de l’Orangerie

Les programmes sont présentés dans une vidéo disponible sur YouTube.

Les Origines du monde, Laurent Grasso (Artificialis), Girault de Prangey (photographie), Janaina Tschäpe (Blood Sea), Magritte / Renoir (le Surréalisme en plein soleil), Isabelle Cornaro (l’Intervalle des images), Modernités suisses (1840-1914), Delhomme / Kerangal (Légendes des réserves), Soutine / De Kooning (la Peinture incarnée), Vivement le cinéma, Signac collectionneur

https://www.youtube.com/watch?v=jLDjwVmJk8c

Alexandre Rodchenko, Jeune femme au Leica, 1934, Grand Palais © DR

Alexandre Rodchenko, Jeune femme au Leica, 1934, Grand Palais © DR

Pavane pour une exposition défunte

L’exposition Noir & Blanc : une esthétique de la photographie. Collection de la Bibliothèque nationale de France, initialement prévue du 8 avril au 6 juillet 2020, reportée une première fois du 12 novembre au 4 janvier 2021, puis une seconde fois du 16 décembre au 1er février 2021, n’ouvrira définitivement plus ses portes. Néanmoins, une visite virtuelle interactive en est proposée sur le site www.grandpalais.fr dans le courant du mois de février 2021. Des visites-conférences en ligne seront proposées et le catalogue reste en vente dans toutes les librairies et sur le site www.boutiquesdemusees.fr.

Centre Pompidou © DR

Centre Pompidou © DR

Dans la série des fermetures

La ministre de la Culture a annoncé la fermeture complète du Centre Pompidou entre 2023 et 2027. Un désamiantage et une rénovation (mise aux normes technique et énergétiques, accessibilité handicapés) étaient indispensables. Deux options étaient en balance : une restauration en laissant le musée ouvert ou une fermeture totale. L’Etat a choisi la moins « coûteuse » – en principe… Quand on connaît les calendriers habituels des grands chantiers publics et les retards traditionnels de ce genre de chantiers, on peut imaginer que ce n’est pas demain la veille qu’on reverra des œuvres d’art contemporain dans un musée national parisien. Une fois de plus, cette fermeture totale est révélatrice de la place accordée à l’art contemporain par nos instances dirigeantes. Même si les collections, dit-on, tourneront en province, on peut se poser la question d’un gouvernement qui sacrifie allègrement plus d’un siècle d’art à des préoccupations purement économiques. Après la fermeture programmée du Grand Palais – dans l’attente d’une construction provisoire qui devrait prendre place sur le Champ de Mars, cela commence à faire beaucoup. Et la fermeture de Beaubourg va laisser une centaine de personnes sur le carreau… Quant au public, qui finance tous ces travaux et visite, en assez grand nombre, les expositions, il est prié d’aller se faire voir ailleurs…

Le suicide de François Vatel

Le suicide de François Vatel

On n’est pas les seuls à se tirer une balle dans la tête

2021 marquera aussi le 350e anniversaire de la mort de Vatel, célébré en son temps, dont Mme de Sévigné relate le suicide. Ce maître d’hôtel du Superintendant Fouquet au château de Vaux-le-Vicomte était passé, après la disgrâce de Fouquet, au service du prince de Condé. Lorsque Louis XIV informe le prince de sa venue à Chantilly, c’est le branle-bas de combat car pendant trois jours, le « contrôleur général de la Bouche de Monsieur le Prince » devra nourrir pas moins de 600 courtisans et leurs domestiques, soit plusieurs milliers de personnes. Vatel s’acquitte de sa tâche avec zèle – même s’il manque quelques rôtis à certaines tables – et il attend la « marée » qui doit apporter poissons et coquillages à ces tables d’exception. Mais la marée n’arrive pas et Vatel, de désespoir, se transperce le corps à trois reprises. Une décision définitive, trop tôt prise car peu de temps après les denrées qu’il attendait arrivent, finalement. Alors, imbécile ou perfectionniste ? En tout cas, celui qui figure comme une référence obligée de la grande cuisine n’a guère laissé, en matière de recette, que la crème « Chantilly » qu’il aurait inventée à Vaux-le-Vicomte…

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Tout ça c’est la faute à Néandertal !

Le Covid 19 n’a cessé, depuis son apparition, de nous réserver des – mauvaises – surprises. Les personnes infectées ont été diversement touchées et les spécialistes se demandent quel facteur rend certains plus sensibles au virus et provoque des symptômes plus sévères de la maladie. On a parlé d’affections connexes, de groupe sanguin plus ou moins propice à la résistance au virus. Voici qu’on s’intéresse aux gènes qui forment notre patrimoine. Des recherches récentes, publiées dans la très sérieuse revue Nature, tendent à montrer que des variants génétiques, situés à un endroit précis du chromosome 3, entraîneraient un risque accru de développer une forme sévère de la maladie. Ils se situeraient à un emplacement – presque – identique qu’on retrouve chez l’homme de Néandertal, le premier des Sapiens. On le sait, Néandertal et l’homme moderne se sont fréquentés, pas seulement à distance, et certains de nos contemporains ont hérité d’une part de Néandertal… La gravité de la maladie pourrait avoir partie liée avec cet héritage. Mais attention, pas avec n’importe quel Néandertalien : seulement celui d’Europe du Sud. Encore un coup de ces gens qui ont eu en commun de peupler le pourtour de la Méditerranée – on comprendra que je plaisante, évidemment, même si la différence est faite par ces mêmes scientifiques avec le Néandertal sibérien ou l’homme de Denisova. Alors, sus à vos génomes pour savoir si vous faites partie des forts ou des faibles ! D’ici qu’on demande à son partenaire sa carte ADN, brin par brin, avant de se décider à faire crac-crac, il n’y a plus qu’un pas à franchir…

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Qui a dit que l’argent n’a pas d’odeur ?

On connaissait la couleur de l’argent. Voici qu’un panel de scientifiques distingués s’est penché sur l’odeur de l’argent, faisant mentir le dicton qui veut que l’argent, parce qu’il ne pue pas (voire…), puisse indifféremment concerner tout le monde sans faire de différence, à condition, bien sûr, d’en gagner… L’histoire remonte à Vespasien, le bien nommé. L’empereur a institué une taxe sur les urines, très juteuse puisque, à l’époque, on s’en sert pour préparer les peaux – au XIXe siècle, on continuera d’utiliser cette même pratique pour tanner le cuir. Son fils, Titus, le raille et l’empereur brandit une pièce de monnaie devant son nez en lui disant : « Pecunia non olet » (l’argent ne sent pas). Seulement voilà, il se trouve que l’argent a une odeur. Les atomes de métal qui composent les pièces de monnaie, lorsqu’ils entrent en contact avec la pellicule graisseuse qui recouvre notre peau, réagissent pour produire un composé volatil qui lui, a une odeur. Une odeur analogue à celle du sang – normal, le sang est riche en fer. L’argent, donc, c’est un peu du sang – et des larmes, peut-être…

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Moi, patois

C’est de notoriété courante : le patois, c’est une langue abâtardie, un ersatz pas d’équerre d’un ensemble noble, pur et sans tache qu’on appelle la langue… Qu’il vienne d’une agitation inconsidérée des mains (patoier) ou de la langue des pères (patrius sermo), celle qu’on parle à la maison mais qu’au grand jamais on ne doit utiliser à l’extérieur, de toute façon, c’est mal. Langue des provinciaux, des étrangers, du bas peuple, de ce qu’on parle ailleurs : on met tout dans le même sac jusqu’à ce que, au XIXe siècle, on s’aperçoive que tous les « patois » n’ont pas la même valeur. Si certains entretiennent des relations linguistiques – le provençal et le catalan, par exemple, rattachés à une même origine latine – d’autres semblent sortis de nulle part ou presque (le basque). Dans la valse des langues et des patois, nos édiles républicains et politiques jacobins, qui ont peiné à imposer le « français » (de Paris) pour mettre à bas les vestiges du féodalisme et faire la France « une et indivisible » ne peuvent que prendre parti. Hors du français point de salut et le reste, c’est forcément le coup de règle sur les doigts et les placards affichés dans les écoles : « Il est interdit de cracher par terre et de parler patois. » Du côté des spécialistes de la langue, c’est le bazar. Faut-il considérer comme patois les langues qui n’ont pas le statut officiel ? Que faire des différentes variantes issues du latin ? Le statut de langue latine serait-il le critère de la langue et chacun parlerait un patois – le « francien » de l’Île-de-France, d’ailleurs, pourrait dans ce cas être un patois, au milieu des autres, issus de la langue d’oïl, dont il aurait finalement triomphé ? Entre ceux qui y voient l’expression du « complexe du colonisé » et ceux qui considèrent que chaque patois est une langue à part, pratiquée dans une aire géographique limitée, ce qui ferait, de fait, disparaître la notion de patois au profit de « langue », on n’est pas arrivé. Et si en plus on ajoute tous nos voisins, proches ou lointains, francophones, il y a de quoi s’arracher les cheveux. Pour reprendre la conclusion de Michel Feltin-Palas et de sa chronique « Sur le bout des langues » dans l’Express, « Patois est à langue ce que "youpin" est à juif ou "pédale" à homosexuel : un terme dont la vocation est de rejoindre le cimetière des mots à bannir de l'usage courant. »

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.

Nous voilà au bout de cette 42e chronique. Fasse le ciel, si tant est qu’il y puisse quelque chose, que je ne dépasse pas la cinquantaine…

Coronavirus, an 02 / 42e livraison. Quelques nouvelles de la planète Culture.
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