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Arts-chipels.fr

Nouvelle Athènes. Variations beethoveniennes sur pianos romantiques

Nouvelle Athènes. Variations beethoveniennes sur pianos romantiques

Alors qu’on célèbre le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven et que les hommages se succèdent, les artistes et musicologues réunis dans la Nouvelle Athènes rendent hommage au créateur et à l’expérimentateur de mondes sonores les 8 et 9 novembre prochains.

Avec des instruments d’époque – et parmi eux le piano nouvellement créé et en pleine phase d'évolution tant en matière de nombre d'octaves que de sonorité, dont Beethoven explorait les possibilités de timbres et de couleurs – les artistes parisiens de La Nouvelle Athènes apporteront une relecture des Variations Diabelli (Edoardo Torbianelli), de la Symphonie Eroica telle qu’elle fut créée dans les salons viennois (Luca Montebugnoli et Ensemble Hexameron) et des thèmes d’opéra que Beethoven arrangeait pour Trio avec clarinette, violoncelle et piano, ou pour piano WoO 79 (Benjamin d’Anfray et Ensemble Lélio) en revenant aux instruments avec lesquels ces pièces furent créées. Attentifs aux esthétiques de ce premier tiers du xixe siècle, et avec un piano Rosenberger 1820 de facture viennoise appartenant à la collection de Luca Montebugnoli, ils feront revivre une part de l’émotion originelle des pièces que composa Beethoven, retrouvée grâce à cet instrument ancien.

Beethoven terrassant un lion, symbole de monarchie. D'après Joseph Charles Stieler

Beethoven terrassant un lion, symbole de monarchie. D'après Joseph Charles Stieler

Beethoven en deux moments forts

Rappelons pour mémoire que les Variations, dites Diabelli, résultèrent d’une proposition de Diabelli faite à cinquante compositeurs de l’époque (Schubert, Czerny, Hummel…) d’écrire une variation sur un thème de valse qu’il leur fournissait au profit des veuves et des orphelins des guerres napoléoniennes. Beethoven commença par refuser – en raison de la « simplicité » insultante du thème – avant de se laisser convaincre – en partie pour des raisons financières – d’écrire ces 33 variations, entre 1819 et 1823. Il y démontre toute l’étendue de son art et de son talent. Il les dédie à Antonia Brentano, la belle-sœur de Bettina von Arnim, sœur d’un des précurseurs du mouvement romantique allemand, Clemens Brentano, et épouse d’un des membres du Cénacle romantique d’Heidelberg. Certains s’attachent à reconnaître dans Antonia « la bien-aimée lointaine » à laquelle le compositeur dédie son adoration. Alfred Brendel dira de cette œuvre : « Qui pouvait sérieusement entraîner le public à la rencontre d'un colosse de cinquante-cinq minutes, s'éloignant rarement de la clé d'ut majeur, et fondé sur une valse tellement anodine ? Où était cette mystique transcendantale, associée par tant de nos contemporains au dernier Beethoven ? Les Variations Diabelli sont pourtant sa réussite suprême, unissant le passé, le présent et le futur, l'humour, la virtuosité et le sublime. »

Quant à la Symphonie n° 3 en mi bémol majeur dite Eroica, composée en 1803-1804, on connaît son histoire : dédiée d’abord à Bonaparte Premier Consul, elle perd cette dédicace pour devenir « en mémoire d’un grand homme » lorsque celui-ci se fait couronner empereur. Le héros de la Révolution française, libérateur des peuples, a cédé la place à un tyran… Annonciatrice des tourments du romantisme et des angoisses du compositeur atteint dès cette époque de surdité, elle est aussi porteuse d’espoir. Avec ses violoncelles chantants, ses contrebasses inquiétantes, ses cors évocateurs et ses pizzicati de cordes qui marquent chacune des parties, l’Eroica est un monument musical profondément novateur.

Du savoir en toute chose

La démarche de la Nouvelle Athènes associe recherche musicologique et interprétation. Une conférence de Tom Beghin, directeur de recherche à l’Orpheus Instituut de Gand sur Beethoven et le piano Erard 1803 complète ce parcours. Tom Beghin, qui concentre ses recherches artistiques sur les œuvres pour piano de Beethoven, a supervisé la recherche organologique et la fabrication des répliques des pianos de Beethoven – un Erard 1803 et un Broatwood 1817.

Des playlists

La programmation du festival – crise sanitaire oblige – s’est vue amputée d’une partie de ses extensions. Mais le public pourra débuter ou prolonger l’expérience sur Beethoven et le romantisme via la nouvelle plateforme de VOD de La Nouvelle Athènes. Deux playlists (Beethoven Variations Festival et Brahms Masterclass Kai Köpp) en coproduction avec le label Bleu Danube (lauréat de plusieurs festivals de cinéma à l’international) ainsi qu’une troisième playlist de 6 vidéos réalisées par l’avant-garde européenne de musiciens-chercheurs autour de Kai Köpp – directeur de recherche, spécialiste de l’esthétique du xixe à l’Université des Arts de Berne – sont proposées. Pour sortir de la musique gratuite que les usages des réseaux sociaux imposent, valoriser la valeur artistique et intellectuelle contenue dans ces vidéos et convaincre les mélomanes de soutenir cette initiative, la Nouvelle Athènes a opté pour un visionnage des vidéos payant.

Beethoven Variations Festival

Salle Colonne – 94 boulevard Auguste Blanqui – 75013 Paris

Samedi 8 novembre 2020, 15h30. : Edoardo Torbianelli, Variations Diabelli Wo71 & Wo72

Samedi 8 novembre 2020, 18h30 : Luca Montebugnoli & Ensemble Hexameron, Eroica

Dimanche 9 novembre 2020, 16h30 : projection-conférence, Tom Beghin, Beethoven et le piano Erard 1803

Dimanche 9 novembre 2020, 18h30 : Benjamin d’Anfray & Ensemble Lélio, Opéra & Variations

Info et réservations :  www.lanouvelleathenes.net

Plateforme VOD : lanouvelleathenes.okast.tv

L’association La Nouvelle Athènes – Centre des pianos romantique s’attache à restaurer des pianos anciens pour favoriser une relecture du répertoire romantique sur les pianos d’époque. Son ambition est de permettre aux pianistes d’accéder à des pianos originaux tout en partageant les savoirs et les pratiques entre ses membres (clavecinistes, pianistes spécialisés et modernes, collectionneurs, restaurateurs, musicologues et mélomanes) et le public.

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