16 Septembre 2019
Waouh , quelle incroyable performance de 3 heures que nous offre La Ribot avec Panoramix. Au début, on entre dans la salle immense, vide ou presque, quelques objets répandus par terre par endroit. Et puis on la découvre, au fond, allongée, nue qui nous tourne le dos. Elle nous accueille ainsi, totalement nue, sa garde-robe et ses accessoires qu’elle a confectionné intégralement et qui sont fixés au mur avec du gros scotch. Elle utilisera tout, absolument tout dans les trente-quatre pièces des trois séries distinguées, qui compose Panoramix et qu’elle réinterprète ici au rythme de son inspiration.
C’est une performance qui tient plus du marathon que de la chorégraphie mais on reste en haleine d’un bout à l’autre, parfois amusée, parfois étonnée et parfois interrogative. Elle nous questionne perpétuellement et nous provoque en permanence et à chaque pièce elle interroge, ironise et remet en question la représentation du corps, encore et encore comme un leitmotiv, dans la danse bien sûr mais aussi dans la mode et dans la société de consommation, dans nos rapports aux objets, dans nos rapports même à l’image que l’on s’en fait. Elle nous bouscule avec ironie et dérision ce qui rend son propos entendable et entendu. Elle joue avec les spectateurs et les bouscule gentiment en les obligeant à se lever, à bouger, à la suivre car elle n’arrête pas, elle arpente la salle immense de long en large en pourfendant les groupes de spectateurs qui s’étaient tranquillement installés assis par terre. De bon gré ils se lèvent et la suivent puis se rassoient et se relèvent.
Elle déconstruit viscéralement la danse et sa relation au corps et s’attaque aux archétypes et aux « codes » des danseuses et de la composition chorégraphique, Un grand moment est le décrochage du mur en un seul geste de la panoplie de l’ange par exemple.
Elle interroge bien sûr notre rapport à la nudité. Qu’est-ce qu’elle nous renvoie de nous-même et nos rapports aux autres dans cet étrange voyeurisme / exhibitionnisme ? Qu’est-ce qu’elle dit de la société de consommation version Guy Debord et encore plus du monde de l’art contemporain et de la marchandisation du corps ? Bref un foisonnement riche et prolifique pour cette artiste inclassable qui Influencée par l’histoire de la danse, du théâtre et de la performance, autant que par les arts visuels, a été une des premières chorégraphes à investir aussi franchement les musées et les galeries.
Le Festival d’Automne à Paris lui rend ainsi hommage à travers un parcours de six projets hybrides, performances chorégraphiques, exposition rétrospective et révisite des thèmes qui ont fait son succès.
La Ribot