3 Mai 2019
Il y parfois des chocs énormes, émotionnellement, culturellement et politiquement et ce film en est un mais c’est aussi un grand bol d’espoir pour la cause féminine et une grande leçon de vie et d’humanité. Female pleasure est un documentaire sur l’histoire de cinq femmes hors du commun. Deborah Feldman qui a grandi dans une famille juive ultra‑orthodoxe, vit à Berlin, libre. Depuis la publication de son best‑seller Unorthodox and Exodus, elle incarne un espoir pour nombre de femmes désireuses de s’affranchir de leurs communautés ultra‑orthodoxes. Leyla Hussein, née à Mogadiscio, aujourd’hui psychothérapeute, mène depuis la naissance de sa fille un courageux combat pour l’intégrité physique et l’autodétermination sexuelle des femmes musulmanes en Afrique mais aussi en Europe. L’artiste japonaise Rokudenashiko auteure de manga et artiste performeuse, a créé ce qu’elle appelle « l’art vaginal », et se bat contre la diabolisation du corps féminin. Diplômée en théologie et titulaire d’un doctorat en philosophie, Doris Wagner soutient les personnes maltraitées par l’Église catholique et les cultes ecclésiastiques. et enfin Vithika Yadava a remporté en 2013, le prix « Excellence et innovation en matière d’innovation sexuelle » pour sa plateforme d’éducation sexuelle « Love Matters » qui compte des millions d’utilisateurs en Inde.
Ces héroïnes dans tous les sens du terme, de ce film se battent pour se réapproprier le corps, reconquérir leur dignité de femme et leur liberté. Elles se battent pour exister en tant qu’être humain. On ne peut qu’admirer leur courage car elles ont eu la force de s’opposer à leur environnement culturel, cultuel et familial. Elles ont chacune une histoire bien différentes mais chacune en se battant pour elles, pour la reconquête de leur corps et de leur liberté, elles se battent aussi pour les autres, pour nous toutes et nous tous, êtres humains.
Barbara Miller, la réalisatrice, nous racontent les histoires de ces femmes comme un roman, comme un polar, on est dans l’attente de la suite, elle nous entraine dans les rebondissements de leurs combast avec une sensibilité et une délicatesse à souligne. On n’est jamais dans l’excès, les scènes parfois très intimes sont filmées avec beaucoup de retenue et de pudeur. « Je veux montrer la diabolisation structurelle, universelle et millénaire du corps féminin et de sa sexualité. » dit-elle en parlant de sa démarche. Ces cinq combats sont différents mais tous ont le même but redonner sa dignité et sa liberté à la femme, en assumant sa sexualité. Ainsi, en se réappropriant leur corps et leur sexualité, elle conquiert sa liberté d’être humain. Et c’est en cela que le film est particulièrement corrosif. Il montre que le combat pour la liberté et l’autonomie des femmes passe par la réappropriation de leur corps. Et donc, ces femmes luttent pour donner au plaisir féminin la place qui lui revient au côté du plaisir masculin. Et c’est finalement le message fort de ce film. C’est un message d’humanité qui est que pour changer les choses nous devons TOUS changer ensemble, femmes et hommes pour progresser sur le chemin de rapports humains où la dignité et le plaisir de chacun(e) sont reconnus et pris en compte.
A voir absolument !
Ce film ne passe pas partout voici une liste des salles :