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Arts-chipels.fr

Bronx. Une vie à l’ombre des malfrats.

Bronx. Une vie à l’ombre des malfrats.

Francis Huster s’empare du chef d’œuvre de Chazz Palmintieri, immortalisé au cinéma par Robert de Niro, pour en donner une version profondément humaine et habitée.

Il faut un acteur sûr de sa présence et de son aura pour occuper seul la scène sans accessoire autre que son corps, que sa voix, que sa présence, et évoquer dix-huit personnages plongés dans le monde de la misère ou presque et de la débrouille – parfois peu légale – des bas-fonds new-yorkais. C’est ce que fait Francis Huster, sanglé dans un pardessus sans histoire, costume classique pour une histoire qui l’est bien moins. L’homme qui parle, c’est le petit Cologio devenu grand. Il évoque son enfance de gamin de neuf ans, grandi au milieu des malfrats dans les années 1960 dans ce quartier italien où règne la Mafia.

Une amitié hors norme

Cologio est un jour témoin d’un meurtre perpétré par Sunny, l’un des caïds du quartier. Interrogé par la police, il ne dénonce pas le malfrat qui le prend sous son aile, au grand dam du père du gamin, modeste chauffeur de bus, honnête, qui voit avec beaucoup d’inquiétude les relations qui s’établissent entre son fils et le gangster. Cologio va grandir à l’ombre de Sunny qui sera comme un deuxième père pour lui. À cheval entre deux mondes, l’enfant dit sa fascination pour l’homme aux poches pleines qui le protège et son amour pour ce père inquiet de voir son fils sombrer dans cet argent facile, qui défend des valeurs d’intégrité et de probité tout en se tenant prudemment à l’écart des forces de l’ordre comme des malfrats.

© Brigitte Enguerand

© Brigitte Enguerand

Une galerie de personnages

Au-delà du thème du choix de vie que devra faire l’enfant se dessine l’évocation autobiographique de Chazz Palmintieri. Natif du Bronx où il a passé son enfance, il sait de quoi il parle. Il évoque avec une exactitude amusée les noms de famille italiens à rallonge qui disent les origines, les alliances et tissent un fil familial sans fin. Il dépeint une société bigarrée aux sobriquets évocateurs : Guy la Poisse, Mickey le Dingue Ice-cream l’onctueux, Gigi la Baleine tellement énorme qu’en faire le tour est une épreuve, Tranche de cake au visage parsemé de taches qu’on pourrait le croire gâteau fourré. Il décrit les règles qui régissent cette société, où on défouraille pour une place de parking, où jamais on ne devient mouchard, où on reste entre soi, avec les gens de sa culture, et où on rivalise dans la magnificence des couronnes lors des enterrements.

© Brigitte Enguerand

© Brigitte Enguerand

Une aventure théâtrale

Pour Francis Huster et Steve Suissa, le metteur en scène, Bronx est une histoire qui s’est écrite deux fois, à sept années d’écart. À l’image d’une évolution des rapports humains, le spectacle a évolué. Il s’est dépouillé pour devenir ce seul-en-scène dont le décor vient d’ailleurs, scènes de la vie new-yorkaise projetées sur écran en fond de scène, bande son évocatrice qui fait remonter à la mémoire les images, les ambiances des thrillers américains. Mais nous ne sommes plus au temps d’Edward G. Robinson et de Little Caesar. Nous sommes dans les années 1960, au moment où Kennedy annonce l’avènement d’un monde nouveau. Francis Huster mène, comme sur un ring de boxe, un combat avec les dix-huit personnages qui composent le tableau. Mobile toujours, protéiforme, passant du théâtre d’ombre au premier plan, du chuchotement à la parole haute, toute en rupture de tons, avec une voix qui enfle et se perd avant de se reprendre, il nous tient en haleine. De cette évocation des bas-fonds émane un parfum de vie et une profonde tendresse, une manière de dire, comme Francis Huster, que « l’amour doit être transmis dans les pires choses de la vie. »

Bronx de Chazz Palmintieri, adapté par Alexia Perimony

Mise en scène : Steve Suissa

Interprétation : Francis Huster

Scène libre Théâtre libre – 4, bd de Strasbourg – 75010 Paris

Tél. 01 42 38 97 14. 

A partir du 22 août 2019 du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h

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