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Arts-chipels.fr

LA PLUIE : la poésie brute, pure comme partition pour raconter l’irracontable.

LA PLUIE : la poésie brute, pure comme partition  pour raconter l’irracontable.

C’est l’histoire d’Hanna, une vieille femme qui se souvient et qui raconte ses souvenirs un peu comme ils viennent. Elle raconte un champ désert, des trains qui s’arrêtent, des longues files de gens qui défilent devant elle et qui prennent ces trains et tous ces objets qu’ils lui confient avant de monter dans le train et tous ces objets jamais récupérés, et tous ces gens jamais revenus et cette lente, longue attente de leur retour et ce lent, inexorable dépérissement de ces objets, implacable travail du temps et ce lent, inexorable oubli, implacable travail de la mémoire.

Il n’y a que la poussière qui est éternelle dit-elle en se désolant de la déliquescence de ces objets. Elle est habitée par cette mission de conservation, cette mission de sauvegarde dont elle s’investit en toute simplicité. Pour elle il n’y a pas d’autre chemin. Elle est la gardienne, l’humble vestale de ce vestiaire funèbre, de ce temple des objets des disparus. Elle se doit d’être là pour préserver, sauvegarder et elle pense très simplement au début pouvoir restituer ces objets qui lui ont été confiés. Elle imagine que peut être un jour elle devra les rendre et se désole finalement de progressivement devoir y renoncer.

LA PLUIE : la poésie brute, pure comme partition  pour raconter l’irracontable.

Le personnage d’Hannah, incarné par la comédienne Marie-Pascale Grenier  nous émeut par sa simplicité, sa sincérité et sa naïveté. C’est ce mélange qui fait d’Hannah ce personnage funambule et attachant qui nous emmène loin dans cette histoire..

Le travail de Jean Louis Heckel, metteur en scène avec toujours autant de délicatesse et de dextérité lui donne toute son authenticité et sa véracité.
La pluie de Daniel Keene est un texte écrit sans ponctuation, Jean Louis Heckel lui donne non pas une ponctuation mais une tonalité, une vibration qui donne au texte toute son authenticité et sa dimension. Il dit en parlant de sa mise en scène « Dans ce travail, tout peut apparaître comme un effleurement, quelque chose qui apparaît et disparaît aussitôt, et qui pourtant laissera une trace, nous l’espérons, en chaque spectateur. »

 

Le personnage d’Hannah forme un duo, à l’unisson avec  l’accordéoniste Gabriel Levasseur. Leurs partitions sont intrinsèquement liées. L’un ne va pas sans l’autre et ils se répondent et se juxtaposent tant par l’émotion que par la tonalité. L’accordéon n’est pas un accompagnement mais bien un personnage, un cri, une émotion à part entière.

Ce texte est véritablement incarné, pour ne pas dire révélé par la comédienne et le duo qu’elle forme avec l’accordéoniste.


 

LA PLUIE : la poésie brute, pure comme partition  pour raconter l’irracontable.

La poésie transcende  ce récit. Et effectivement, il n’y a pas d’autre moyen de raconter cet irracontable. Et, cette poésie matière, permet, donne à cette narration  sa valeur et sa qualité d’universalité. On est au-delà du récit, on est dans une transfiguration, une incarnation universelle. Et la magnificence de ces mots couplée à la sincérité de cette interprétation  nous permet de surmonter la sidération de l’horreur de ces faits pour se laisser aller à l’émotion de l’histoire.

 

On peut définitivement dire que le trio formé par la mise en scène de Jean Louis Heckel portée par les interprétations magiques de la comédienne Marie Pascale Grenier et de l’accordéoniste Gabriel Levasseur nous donne une version de la Pluie qui fera date.

 

Texte / DANIEL KEENE

Traduction / SEVERINE MAGOIS, Éditions Théâtrales

Mise en scène / JEAN-LOUIS HECKEL

Avec / MARIE PASCALE GRENIER

Accordéon / GABRIEL LEVASSEUR

Création lumière et régie générale / PHILIPPE SAZERAT

Vidéo / MURIEL HABRARD

Production / LA NEF - MANUFACTURE D’UTOPIES

 

Théatre de la Girandole
 7, 13, 14 et 15 mars 2019 à 20 h 30

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