29 Septembre 2018
© Nicolas Matuszewski
Une banquette marron, une table en bois brut, un verre carré, des plantes vertes, un personnage et trois narrateurs.
Toute l’intelligence de la mise en scène tient à ce jeu à trois qui dynamise ce monologue introverti, rythme le déroulement de la pièce et offre même un effet burlesque assez savoureux. C’est l’histoire d’un mec banal. Celui dont on ne parle pas, celui qui n’a rien à raconter, dont la vie est complètement vide, celui qui n’a pas traversé la rue quoi.
C’est l’histoire d’un looser, d’un paresseux qui ne veux rien faire, juste profiter de la vie, juste profiter de ces journées en buvant des bières et regardant des vidéos. Mais la vie ce n’est pas comme ça, à moins d’être milliardaire et encore. Ainsi, on assiste à sa recherche d’emploi, à sa lente réincorporation dans la société laborieuse. Un chemin compliqué, semé d’embuches et d’épreuves. Entre ses rendez-vous à pôle emploi qui en prend pour son grade et ses premières journées dans le bâtiment on le suit dans une succession de travers, montagnes russes du demandeur d’emploi. C’est une comédie acide, une fable satirique qui nous interpelle sur nos postures de vie, postures que nous croyons bien souvent maitriser mais qui dans un contexte inédit nous donne à réfléchir. Cette histoire nous renvoie à tous les clichés de notre société autour de la réussite, du travail, du rôle que nous donne notre fonction, du rôle social que nous « jouons » vis-à-vis de nous–même et des autres. Qu’est-ce que cela veut dire réussir sa vie ? C’est quoi une position sociale ? Qu’est-ce qui me donne ma position ? Pour résumer la clé au final c’est l’argent et le travail est un moyen de s’en procurer. Mais pas que…
On s’interroge donc aussi sur le travail. Qu’est-ce que le travail, pourquoi on doit travailler ? Le personnage de cette fable est tout le contraire. Il ne veut pas travailler ou tout du moins il ne veut pas travailler pour faire n’importe quel travail, PDG il veut bien par contre …
Le texte oscille ainsi entre une ode au droit à la paresse avec des intermèdes radio pirate très drôles et une critique de notre société à la Guy Debord.
La mise en scène est intelligente, enlevée et donne une tournure burlesque à l’ensemble.
Bref une soirée agitateur de méninges où on rit beaucoup parfois jaune mais une soirée divertissante assyrément.
Texte de Thomas Depryck
Mise en scène Alice Gozlan
avec Julia de Reyke, Zacharie Lorent et Melissa Irma
Scénographie Salma Bordes et Alice Gozlan
Création lumière Sarah Meunier.
Au Grand parquet
les 26 et 27 septembre.
Dans le cadre du Festival Spot.
Au théâtre de Belleville
du 7 au 30 octobre 2018