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Arts-chipels.fr

La Perruque de Newton. Petit traité de science populaire.

La Perruque de Newton. Petit traité de science populaire.

L’astrophysicien Jean-Pierre Luminet évoque de manière alerte et documentée la vie de ce mathématicien, physicien et alchimiste qui demeure l’un des plus grands esprits scientifiques de tous les temps. Un autre regard sur la science, accessible au grand public.

Newton, découvrant les lois de la gravitation en observant la chute d’une pomme (sur sa tête) fait partie intégrante de notre histoire. Gotlib l’a abondamment nourrie dans ses bandes dessinées. Au-delà du folklore, Jean-Pierre Luminet dresse un portrait non dépourvu d’humour de cet homme qui fut, de son vivant, reconnu comme une sommité scientifique incontournable.

Un self-made man

Ses origines ne prédisposaient pas le jeune Newton à devenir ce qu’il fut. Fils de hobereau mais enfant d’un premier lit négligé par sa mère, il ne dut son éducation qu’à l’obstination d’un oncle qui le fit admettre à Cambridge. Ses rapports avec sa famille portent le sceau de la solitude et du manque. Boursier, il ne doit qu’à son talent sa progression fulgurante.

Il faut dire que l’homme a un caractère tout à fait particulier. Peu sociable, préoccupé uniquement de ses recherches, il ne se lie pas facilement, ne se mariera jamais, rejettera avec horreur l’homosexualité bien que certaines de ses relations, masculines, n’aient pas été exemptes d’ambiguïté. L’auteur montre différentes facettes du personnage, de l’étudiant impécunieux au propriétaire terrien, héritier des terres paternelles et gérant son domaine avec sérieux, du scientifique avide d’honneurs tout en les boudant au rigoriste ne reculant pas devant le mensonge pour minimiser les travaux scientifiques de ses concurrents et garder le leadership. Il brosse un portrait de ce gardien puis maître de la Monnaie, avisé et intègre. Il décrit aussi le puritanisme fondamental du personnage, qui s’accommode cependant d’une coquetterie vestimentaire et de perruques poudrées tout autant que des frasques de sa nièce, qui gère sa maison, maîtresse d’un Grand d’Angleterre.

La Perruque de Newton. Petit traité de science populaire.

Un scientifique hors pair

Sous ces dehors somme toute assez ordinaires se révèle un des esprits les plus affûtés du temps. Rival absolu de Descartes pour des raisons qui tiennent aussi bien à son refus d’une antériorité scientifique d’importance qu’à son opposition, pour des raisons religieuses, au cartésianisme, Newton n’est pas que le physicien qui découvre les lois universelles de la gravitation et s’intéresse, en optique, à la décomposition de la lumière en utilisant un prisme de verre, en astronomie aux théories héliocentriques et aux comètes, reprenant les lois de Kepler, réutilisant sans vergogne les travaux de ses pairs. Mathématicien, il rédige un compte rendu sur le calcul infinitésimal dit « calcul des fluxions », se base sur les travaux de Fermat pour étudier les fonctions dérivables et leurs dérivées. Il étudie le mouvement des fluides, les marées, les forces qui s’exercent, l’action et la réaction, les lois du choc. Son ouvrage Philosophae Naturalis Principia Mathematica, publié en 1687, considéré comme une œuvre majeure dans l'histoire de la science, décrit la loi universelle de la gravitation, formule les trois lois universelles du mouvement et jette les bases de la mécanique classique.

L’alchimiste et le théologien

Mais Newton n’est pas que cela. Il est aussi un alchimiste – seule façon, à cette époque encore, de concevoir la chimie, qui a pour l’heure une valeur ésotérique et hermétique –, un expérimentateur impénitent qui s’isole nuit et jour dans son atelier baigné de vapeurs de soufre et de mercure. Au travers de ses relations avec la Royal Society, dont il deviendra le président, il fréquente les rosicruciens et participe de ce mouvement maçonnique qui irrigue l’Angleterre des Lumières. Cette recherche qui associe chimie et philosophie se double chez lui d’une préoccupation théologique. Il relit les Écritures pour chercher à déterminer la date de l’Apocalypse, et se voit investi – tel le décrit l’auteur – d’une mission prophétique.

L’évocation de la vie de Newton par Jean-Pierre Luminet se lit comme un roman d’aventures. On y découvre l’homme, avec ses grandeurs et ses petitesses, sa paranoïa qui le fait toujours différer la publication de ses travaux, les hallucinations dont il est la victime à certains moments et cette obstination, incessante, à travailler sans cesse. Au plaisir de la découverte des avancées de la science se mêle l’arôme de la littérature et c’est très bien.

La Perruque de Newton de Jean-Pierre Luminet (Livre de poche 2011, © Lattès 2010)

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