25 Février 2019
Christian Chamorel présentait au Goethe Institut son dernier disque sur l’œuvre de Mozart. Un choix de pièces qui en dit aussi long sur l’interprète que sur le compositeur. Une fougue et une finesse qui font résonner la musique en chacun de nous.
La musique de Mozart est synonyme, le plus souvent, de musique légère, aérienne, sans épaisseur, comme un moment de jubilation à l’état pur, pour le plaisir des doigts qui courent avec une infinie virtuosité sur le clavier, cette frénésie de sons et de notes qui donnent à l’auditeur l’impression de décoller du réel pour flotter sans attaches dans un air lumineux et sans nuages. Le choix que fait Christian Chamorel dans les œuvres de Mozart introduit une note plus habitée, et assez romantique sur le fond.
Un choix d’œuvres éclairant
Isoler dans le catalogue mozartien une diversité éclairante n’est pas la moindre qualité de ce concert. Un choix de dérapages et de glissements, pourrait-on dire pour qualifier ces œuvres qui vont de la Sonate en mi bémol majeur composée par un jeune homme de dix-huit ans dont la maturité musicale s’affirme déjà, aux Dix variations en sol majeur KV 455 où le compositeur, à partir d’un thème volontairement choisi pour sa simplicité, nous entraîne vers des voies où le thème cesse d’être broderie purement musicale pour atteindre l’émotion. On chemine de la référence à la musique contrapuntique de Bach dans la Sonate en fa majeur KV 533/494 à des accents, tout en ruptures de ton et en éclats de violence traversant une infinie douceur qui le rapprochent de Beethoven (Sonate en do mineur KV 457). Quant au Rondo en la mineur KV 511, il a la délicatesse et la préciosité des œuvres de Chopin.
Une lecture attribuée par l'interprétation
De ces œuvres, Christian Chamorel donne une vision très «engagée». Il a fait corps avec son piano, en touche avec une intensité amoureuse qui n'est pas exempte de ruptures. J'aime les failles dans une musique lisse de la musique, introduit la partie d'ombre nichée au fond de la lumière, escorte le compositeur. Il a montré la dimension pré-romantique, le décrochement que Mozart a réalisé dans le classicisme, une manière de jouer avec les codes pour le détourner à son profit, en faire son miel. Il donne de ce musicien insaisissable et se dit tout d'une vision riche, en nuances et en grands écarts. Au-delà de la virtuosité requise par cette musique, le résultat est époustouflant et beau…
Christian Chamorel - Récital de piano Mozart
Sonate en fa majeur KV 533/494
Rondo en la mineur KV 511
Sonate en mi bémol majeur KV 282
Sonate en do mineur KV 457
Dix variations en sol majeur sur «Poussoir meint» KV 455
Classiques en suite
25 septembre 2018
Goethe Institut, 17, avenue d'Iéna - 75016 Paris
Tél. 01 44 43 92 30. Site: www.goethe.de/paris
Concerts
DIMANCHE 10 MARS 2019 à 17h00 au Théâtre Benno Besson (Château d’Yverdon-les-Bains) : Brahms, Fauré, Poulenc, Mahler, avec la mezzo-soprano Marie-Claude Chappuis
DIMANCHE 24 MARS, à 11h00 au Château de Mercier de Sierre : Beethoven, Brahms, avec Christoph Croisé (violoncelle) et Damien Bachmann (clarinette).
Mais aussi dans le cadre du Mont musical de Lausanne 2019
VENDREDI 15 MARS - 20h00
Auditorium de l'International School of Lausanne –
Chemin de la Grangette 2 - 1052 Le Mont-sur-Lausanne
« Soirée française »
- Ravel: Shéhérazade - Marie-Claude Chappuis, mezzo-soprano, Christian Chamorel, piano
- Janequin, Poulenc, Saint-Saens, Debussy - Ensemble vocal Voix 8
- Ravel: Trio en la mineur - François-Xavier Poizat, piano, Rachel Kolly d’Alba, violon, Jamie Walton, violoncelle
SAMEDI 16 MARS - 20h00
Auditorium de l'International School of Lausanne –
Chemin de la Grangette 2 - 1052 Le Mont-sur-Lausanne
« Romantisme allemand »
- Weber: Grand Duo concertant - Damien Bachmann, clarinette, François-Xavier Poizat, piano
- Brahms: Quintette pour piano et cordes en fa mineur - Quatuor Voxpopuli, Christian Chamorel, piano
DIMANCHE 17 MARS - 17h00
Aula du Collège du Mottier - Route de la Blècherette 5b - 1052 Le Mont-sur-Lausanne