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Arts-chipels.fr

Le Paradoxe de Georges. Philosophie de la magie, magie de la philosophie

(c) Giovanni Cittadini Cesi

(c) Giovanni Cittadini Cesi

Quand un manipulateur de cartes disserte au fil des tours sur la réalité et l’illusion tout en laissant le public ébahi et ravi, l’exercice confine au grand art !

Il faut dire qu’il y a de quoi s’amuser de la faconde intarissable de ce faiseur de tours facétieux. Tout lui est bon : la pluie qui martèle les parois du camion qu’il a fait spécialement construire pour tourner ce spectacle, le tonnerre qui gronde et lui donne l’occasion de convoquer les puissances d’en haut, l’écharpe d’une spectatrice qui lui offre l’opportunité de faire un tour les yeux bandés... Il galèje, le bougre, sur tout et rien : l’absurdité de certains comportements, les ostracismes de tout poil, les petits travers de tous et de chacun, les grands magiciens et leurs tours… Tout y passe dans un joyeux enchaînement dont le public se fait le complice !

Le paradoxe de George

Au point de départ un paradoxe – diantre ! – énoncé lors d’une conférence par le philosophe George Edward Moore, fondateur, avec Russell et Wittgenstein, de la philosophie analytique. Si l’on dit « Il pleut mais je ne crois pas qu’il pleuve », on énonce manifestement une fausseté puisque la pluie est une réalité que je constate et que je ne peux nier. Si cependant, au lieu d’utiliser le « je », on passe à la troisième personne, « Il pleut mais il ne croit pas qu’il pleuve » est une proposition recevable et acceptable. À partir de là la transposition à la magie tient de l’exercice de style car on peut à la fois dire d’un tour qu’il est vrai sans l’être…Aussi, roulez fillette dans cet univers où l’on chemine entre réalité et illusion, vérité et mensonge. Yann Frisch nous emballe tout ça et va une heure durant flirter avec le paradoxe.

(c) Giovanni Cittadini Cesi

(c) Giovanni Cittadini Cesi

Plus d’un tour dans son sac

On a beau avoir le nez collé à la table où il effectue ses tours, engoncé dans un fauteuil qui sert sans doute de caverne d’Ali-Baba, d’où apparaissent et disparaissent des jeux aux versos tantôt bleus tantôt rouges, on ne voit rien venir. Les cartes semblent douées de vie propre, elles se réduisent en nombre ou reviennent en force, se soulèvent toutes seules hors du paquet, entrent dans leur boîte et en sortent sans qu’on y ait rien vu. Et l’artiste de philosopher sur la réalité de l’illusion : dextérité du manipulateur ou intox psychologique ? Lorsqu’il convoque sur scène un jeune homme à qui il joue le tour du jeu de cartes à carte unique – tu tires une carte et je devine laquelle, ce qui est facile car elles sont toutes identiques – en montrant au public l’artifice, c’est pour mieux nous mystifier parce que justement, la carte choisie était la seule qui n’appartenait pas à la série et qu’on retrouve cachée sous la paume de sa main sans que quiconque ait pu voir comment elle est arrivée là. Yann Frisch ne se contente pas de faire des tours de cartes : il interpelle le public, le convie à jouer avec lui, le fait entrer dans l’illusion. Il nous raconte des histoires : de ses rencontres avec le vaudou, d’une communauté maya isolée du monde et de la manière dont ces peuples éloignés considèrent les tours. Il nous introduit à d’autres perceptions que celles du monde occidental, nous invite à plus de compréhension et d’ouverture. Ses mains, sans cesse en mouvement, virevoltent, racontent, commentent. Et savoir qu’il y a un truc, en cherchant ou pas en quoi il consiste, ne nous empêche pas de nous introduire avec plaisir dans cet univers où réalité et illusion ne font plus qu’un.

Le Paradoxe de Georges. Un spectacle de et avec Yann Frisch

Conception du camion : Matthieu Bony, Erice Noël, Silvain Ohl

Partenaires magiques : Père Alex, Arthur Chavaudret, Dani Daortiz, Monsieur Hamery, Pierre-Marie Lazaroo, Raphaël Navarro

Intervenants artistiques : Sébastien Barrier, Arthur Lochmann, Valentine Losseau

En tournée

26 JUIN-1er JUILLET 2018 : Le Mans fait son cirque, Le Mans (72)

6-10 JUILLET 2018 : Les Nuits de Fourvière, Lyon (69)

31 juillet, 1er et 3 août à 19h30, le 4 août à 17h et 19h30 au Montfort Théâtre (106, rue Brancion, 75015 Paris) Tél. 01 44 94 98 00, site: www.lemontfort.fr

1er-7 OCTOBRE 2018 : Agora, Pôle national cirque, Boulazac (24)

8 OCTOBRE-1er NOVEMBRE 2018 : Scène nationale du Sud-Aquitaine, Bayonne (64)

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