14 Septembre 2017
écrit, mis en scène et joué par Cendre Chassanne.
Bovary, ce nom évoque bien évidement Emma Bovary le personnage de Flaubert que tout un chacun connait, le personnage emblématique de la littérature française, modernisée ; « contemporanéisée» par Cendre Chassanne. Elle interprète son propre rôle c’est-à-dire une scénariste qui décide d’adapter ce roman pour en faire non pas un film mais une série pour répondre à l’engouement actuel du public sur ce format avec le postulat que cela aurait dû être Truffaut et non Chabrol qui aurait dû en faire l’adaptation au cinéma.
Elle nous invite donc à la suivre tout le long de la création de son scénario. Ainsi, en une heure 10 minutes de Woman one show, elle nous donne une performance de comédienne qu’il faut saluer, elle nous raconte le roman « façon script ».
Le décor est spartiate, une table, une chaise, un mac et une oreillette avec laquelle elle passe des conversations téléphoniques avec l’au-delà, dans un dialogue surréaliste avec Truffaut. Elle établit un dialogue également avec Flaubert mais par mail comme si toucher à ce mastodonte de la littérature française ne pouvait se faire qu’avec des mots écrits.
L’universalisme d’Emma.
Le spectacle est ponctué par des vidéos mettant en scène Pauline Gillet Chassanne, magnifique dans son interprétation d’Emma « façon ado banlieue », interprétation silencieuse avec juste sa voix en off.
Emma par son désir d’aimer pour aimer, son désir de vivre au –delà de sa condition médiocre grâce à ses rêves d’amours absolus, représente ces femmes qui de tous temps ne peuvent qu’essayer de transcender leur condition par leurs fantasmes d’idylles romantiques. Emma c’est nous, encore nous, c’est toutes ces femmes qui de par le monde ne peuvent que subir et passer d’une domination à une autre, d’abord une domination paternelle ou fraternelle puis maritale. Son envie de révolte face à son statut de soumission, nous interroge sur notre condition féminine. Quel chemin avons-nous vraiment fait depuis Flaubert ?
On aurait aimé que ce parallèle et ce pont entre les générations et les époques soit plus marqué et peut être plus évoqué.
Le propos était très alléchant. Faire une lecture contemporaine de ce personnage semblait parfaitement crédible. Effectivement Emma pouvait parfaitement incarner nos ados modernes éprises de romantisme « façon roman à l’eau de rose ». On aurait pu même en poussant la corrélation jusqu’au bout imaginer qu’elle tombe amoureuse sur internet et que les relations virtuelles peuplent ses nuits et ses journées.
Un équilibre sur le fil
Flaubert oscillait avec ce roman entre romantisme et réalisme, s’inspirant d’un fait divers, se documentant pour être crédible dans les moindres détails et cependant incarnant aussi les poncifs romantiques de son époque telles que la rêverie et la passion amoureuse avec en toile de fond la révolte contre ce monde étriqué et petit bourgeois mais vous connaissez tout cela bien évidement.
Et sans imaginer que le parallèle est volontaire, Cendre Chassanne dans sa réinterprétation reste sur le fil oscillant entre posture respectueuse et création innovante, osant parfois mais revenant trop vite au récit. On le regrette un peu se laissant à imaginer quelques pistes brièvement évoquées avec Berthe, la fille d’Emma et son destin maudit que l’on aurait bien aimé suivre un peu plus.
Du 12 > 17 septembre 2017 : Paris (75) - Maison des métallos
Puis :
24 novembre 2017 : Noisiel (77) - Auditorium Jean Cocteau, en partenariat avec La Ferme du Buisson, Scène nationale de Marne La Vallée.
28 novembre 2017 : Montbrison (42) - Théâtre des Pénitents.
14 décembre 2017 : Vaux-Le-Pénil (77) - La Ferme des Jeux.
18 janvier 2018 : Wissembourg (67) - La Nef / La Saline.
25 janvier 2018 : Théâtre de Thouars (79).
11 février 2018 : Beton-Bazoches (77) - Act’art : Scènes Rurales.
16 et 17 février 2018 : Avignon (84) - Théâtre des Halles.
23 mars 2018 : Chevilly-Larue (94) - Théâtre André Malraux.