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Arts-chipels.fr

La rétrospective David Hockney : Un parcours divers, inattendu et séduisant

La rétrospective David Hockney : Un parcours divers, inattendu et séduisant

De David Hockney demeurait imprimée dans notre mémoire l’image d’un hédonisme triomphant : une piscine et des corps qui s’ébattent sous un ciel sans nuage. La nonchalance et le bonheur de vivre en contemplant les miroitements de l’eau sous un soleil sans tache. Un hommage à la futilité. Imagine-t-on, dans ce XXe siècle agité, revendicatif, traversé par des conflits permanents, qu’un artiste s’obstine à montrer sa terrasse plongeant, au sens propre, dans sa piscine, un univers de farniente et d’oisiveté dorée, de nature aménagée éternelle – surtout pas sauvage – et de ciel toujours bleu ? Cela semble anachronique, et on se demande comment l’artiste a pu vivre écoutilles fermées pour ne pas entendre la rumeur qui monte de la terre.

Cela n’a pas été toujours le cas. Le parcours du peintre, à ses débuts en Angleterre dans les années 1960, porte la double marque de la culture pop et de la protestation et la lutte pour la défense des droits des homosexuels – début des années 1960 oblige. Une œuvre provocante le rappelle dans l’exposition, montrant deux hommes tête-bêche avec des tubes de dentifrice en guise de sexe placés chacun quasiment dans la bouche grande ouverte de l’autre.

 

La rétrospective David Hockney : Un parcours divers, inattendu et séduisant

Dans les eaux blues de la piscine

Au milieu des années 1960, Hockney est en Californie. Commencent alors ces visions paradisiaques et oisives à l’écart des turbulences du monde qui nous interrogent sur l'existence de ce cocon dans lequel vivait l’artiste qui a poursuivi son rêve pendant un demi-siècle. On est très éloigné de l’univers de Keith Harring avec ses personnages dessinés au rouleau ou au pinceau large à la peinture noire, parfois bleue ou rouge, qui affrontent drogue, Vietnam et sida. Les paysages que Hockney dépeint portent la trace de la main de l’homme – intérieurs de villas californiennes ou champs cultivés à perte de vue – mais ils sont le plus souvent vides d’humains, un monde de silence éclatant de couleurs, turquoises appétissants, roses tyriens, verts vifs, jaunes d’or et orangés, où passe, telle une ombre fugace, remous agité dans le fonds d’une piscine, la silhouette fantomatique et imprécise d’un petit ami.

La rétrospective David Hockney : Un parcours divers, inattendu et séduisant

Vous avez dit portraits ?

Et puis Hockney réalise des portraits de ses proches. Croquis quotidiens de petit format dans lesquels circuler la vie, qui forment un contraste éclatant avec les toiles de très grand format ou il portraiture des amis et des proches. Cet arrêt sur image sur un couple, des personnages divers – collectionneurs, amis… – fixés dans une immobilité de figures de cire, distillent une impression d’ennui profond mais suscitent, par l’ampleur de leur format, une certaine fascination. Leur pose figée, souvent assise, un peu alanguie, leur visage inexpressif, la raideur de leur attitude interpellent… Un être-là d’autant plus prégnant et énigmatique qu’il est silencieux et comme calcifié. S’agit-il pour l’artiste d’une fascination pour cette vie-là ou d’une lecture analytique ?

La rétrospective David Hockney : Un parcours divers, inattendu et séduisant

Une exploration tous azimuts du champ plastique

Très intéressantes aussi sont les expérimentations qu’il mène avec les medias qu’il manipule. Il passe de l’huile à l’acrylique sans distinction, réalise des tableaux d’assemblage qui prennent des dimensions gigantesques par juxtaposition, côte à côte, de morceaux d’images sur des papiers épais, dé-réalisant par là la scène qu’il représente, ou recrée, à l’aide d’une multitude de polaroïds, un paysage, un portrait ou une scène, tantôt en les collant côte à côte, tantôt en les recouvrant les uns les autres pour créer un kaléisdocope à la manière cubiste – une référence à Picasso que l’artiste fera maintes fois.

Travail à la photocopieuse, dessin sur iPhone et iPad, Hockney utilise tous les moyens offerts à sa curiosité tout comme il explore les styles sans interdit. Parmi ses dernières œuvres, une réalisation vidéo sur le thème des quatre saisons, un chemin au milieu des bois, projetée sur quatre écrans qui se font face, révèle un passage du temps au goût d’éternité.

Alors pot-pourri génial ou œuvre constituée ? Sans doute, à la manière pop, une réinterprétation du patrimoine artistique qui a donné sa forme à notre société et qui, finalement, fait œuvre.

 

David Hockney - Rétrospective

21 juin – 23 octobre 2017

Centre Georges Pompidou – Place Georges Pompidou – 75004 Paris

Ouvert tlj sauf le mardi 11h-22h, jeudi jusqu’à 23h pour les expositions temporaires

www.centrepompidou.fr

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