4 Juin 2017
C’est de la danse assurément mais c’est aussi du théâtre. C’est de la poésie, absolument et c’est aussi militant. Le spectacle commence avec « Un pas de deux » masculin sur bruit de pluie. Très beau moment. Et il y aura beaucoup de pas de deux tout le long du spectacle, tous très inventifs et créatifs.
Constanza Macras est invitée pour la première fois à Paris. Elle est actuellement l’artiste phare de la scène berlinoise et elle nous propose le fruit d’une résidence artistique en Afrique du Sud.
Cette chorégraphe, née en Argentine et vivant à Berlin cherche à faire coïncider ses créations avec les questions qui agitent le monde. Elle pose des questions, elle nous interpelle. Elle nous questionne et nous agite. Et ça fait du bien. Pour elle l’art n’est pas une bulle, l’art doit parler du monde, l’art est le reflet du monde.
L’influence de Pina Bausch
On ne peut s’empêcher d’évoquer l’influence de Pina Bausch lorsque l’on voit ce travail. D’une part l’usage de certaine figure emblématique comme ce que j’appelle les « enroulés » de Pina Bausch qui est ce mouvement qui part du haut du bras levé et qui tourne tout le long du corps mais aussi l’analogie de la résidence qui devient le thème du spectacle. Et là, on ne peut que se rappeler les magnifiques moments poétiques que nous a fait vivre Pina Bausch.
De plus, Constanza Macras est parfaitement dans la lignée du Tanztheater. Il y a des moments de danse, vraiment dansés, c’est rythmé, c’est envolé, c’est absurde, parfois grotesque et aussi agaçant. Et puis c’est aussi du théâtre. Avec du dialogue, des scènes et des sketchs et là encore clin d’œil ou référence à Pina Bausch avec des diagonales et des traversées de scène.
J’avoue ne pas avoir tout compris, c’est un peu sans queue ni tête, c’est décousu et confus. Cela vient peut-être du mode de création qui fait une grande part à l’improvisation. Mais si on se laisse porter, on est emporté par la vitalité des acteurs, danseurs.
Effectivement dans « On Fire – The Invention of Tradition », créée en 2015, Constanza Macras, en collaboration avec la photographe et vidéaste afro-américaine Ayana V. Jackson, a réuni des interprètes sud-africains et des performers installés à Berlin, Louis Becker, Emil Bordás, Fernanda Farah, Zandile Hlatshwayo, Lucky Kele, Jelena Kuljic, Mandla Mathonsi, Thulani Mgidi, Melusi Mkhwanjana, Ntokozo Hazel Mhlaba, Felix Saalmann, John Sithole et Fana Tshabalala, avec lesquels elle a co-crée ce spectacle.
Les séquelles encore bien vivantes de l'apartheid
La thématique principale développée et interprétée par les danseurs tourne autour des séquelles de l’apartheid, avec un mélange d’images ségrégatives et une danse joyeuse qui mixe allégrement gumboots, hip hop, zoulou et contemporain.
Spectacle assurément vivifiant
Théâtre National de la danse Chaillot
Du 31 mai au 2 juin à 20h30.