19 Février 2017
Federico Garcia Lorca transcende un fait divers de l'Andalousie de 1928 pour en faire un chef d'œuvre de poésie et une tragédie lyrique. Car c’est bien une tragédie à laquelle nous assistons qui finit dans le sang et les larmes. Ainsi, le jour de ses noces, une jeune mariée, Maiko Vuillod s'enfuit à cheval avec son ex-fiancé, Romain Sandére poussés tous deux par un amour qu'ils avaient dû étouffer il y a des années car le prétendant d’alors était trop pauvre ou ne convenait pas. Le jeune marié joué par Erwan se lance à la poursuite des amants...
La mise en scène de Natalie Schaevers est résolument dépouillée, minimaliste, quelques tabourets, des masques de Erwan Zamor avec l’aide de la plasticienne Jenta Szejnok, une clarinette et un violon.
Noce de sang en mélangeant des chants, des morceaux musicaux et des moments de tango aux jeux d’acteurs reste fidèle à l’esprit de Federico Garcia Lorca qui voulait créer un théâtre populaire et accessible à tous, en mêlant chansons, jeux, musique et danse.
Ainsi, au-delà du drame amoureux, Federico Garcia nous parle de la condition humaine et féminine dans cette Espagne paysanne et pauvre où tout est figé selon un code d’honneur qui appelle crime de sang, vengeance et larmes. La fiancée, au-delà de l’appel de l’amour malheureux veut aussi fuir sa condition de femme enfermée entre quatre murs, enfermée dans sa condition. Elle et son amant sont ceux qui dérangent et font bouger les lignes. Ils représentent ce nouveau monde qui arrive et donne de l’espoir et du rêve aux pauvres de tous les pays.
Le tango, danse des bas-fond argentins, accompagne le jeu des acteurs tout le long de la pièce, il est présent dans leur façon de se mouvoir, leurs gestes et leurs déplacements. Il est présent aussi dans la musique des mots. Parfois on aimerait que les acteurs le dansent avec un peu plus de fougue mais leur retenue permet justement de rester au théâtre et non dans une milonga.
La performance théâtrale est de faire interpréter 16 personnages aux caractères antagonistes par 4 comédiens, chanteurs, danseurs et musiciens qui se changent à vue ce qui nous aide à suivre car on s’y perd un peu au début mais les talents de ses acteurs nous permettent de nous y retrouver très vite. A noté la performance de Hélène Hardouin qui transcende ses personnages dans une interprétation vibrante et bouleversante, Maiko Vuillod qui joue également du violon et Erwan Zamor qui joue aussi de la clarinette.
A la Folie Théâtre
Du 09 février au 16 avril 2017
Jeudi 19h30 / samedi 18h / dimanche 16h30