20 Février 2017
Deuxième volet de la trilogie d’EL James, Cinquante nuances plus sombres porte à l'écran une amourette supposément érotique entre un millionnaire aux penchants SM et une brunette tendance littéraire.
Dans le premier opus, Anastasia quittait Christian pour en finir avec son sadisme destructeur. 50 nuances plus sombres et quelques mois plus tard, le millionnaire a changé et semble décidé à la reconquérir…
Parmi les nombreux problèmes du film, le premier est d’ordre scénaristique. Alors que les dilemmes sont existentiels (Christian saura-t-il dépasser le complexe d’Œdipe à l’origine de ses tendances SM ? Ana s’ouvrira t-elle au plaisir des boules de geisha?), chaque enjeu dramatique potentiel est résolu en moins de dix minutes. La reconquête, sans être un filon narratif particulièrement novateur, promettait un minimum de piment. Mais non. Le film dure deux heures, autant de rebondissements incongrus (et de prières pour qu’ils cessent) que connaît l’histoire. Question interprétation, Jamie Dornan menace d’exploser sa chemise à chaque respiration et Dakota Johnson se mord les lèvres. En continu.
Vous avez dit érotisme ?
C’était l’ambition du film : exciter les ménagères de moins de cinquante ans en imitant le succès du livre. Le résultat est d’une extrême platitude, à la croisée du spot Durex et de l’affiche Wonderbra. Saturés par une musique mièvre, les ébats du couple sont plus prétexte au catalogue d’accessoires (et de douteuses idées cadeaux) qu’aux fantasmes érotiques. C’est là une tendance forte du film, confortablement installé dans son imagerie capitaliste et ses messages rétrogrades. Car tandis que Christian apprend à contrôler ses pulsions, Anastasia découvre qu’une petite fessée vaut bien toute l’indépendance du monde. Illustration apothéotique : Christian fait perdre son travail à l’agresseur d’Anastasia d’un simple coup de fil. Moralité : elle qui ne voulait pas que son mec rachète la maison d’édition où elle travaille a bien fait de ne pas trop lutter. Elle aurait du porter plainte et se battre par ses propres moyens, et puis surtout, elle n’aurait pas obtenu le poste de son patron harceleur !
Dans ce plan marketing intégriste, le délire SM est une pathologie, les « dominatrices » des salopes (pauvre Kim Basinger), la famille un havre de paix et l’argent une garantie. Et comment croyez-vous que ça se termine ? Par une demande en mariage, pardi !