22 Janvier 2017
Enthousiasmé par l’idée de concevoir un projet qui réunirait trois pays, le contrebassiste de jazz Riccardo Del Fra a voulu créer une musique qui évoque et symbolise l’espoir dans toutes ses formes, avec la création d’un ensemble instrumental mêlant des musiciens français, allemands et polonais.
Ce concert très intéressant rassemblait des musiciens de multiples origines (Pologne, Italie, France, Allemagne). Sponsorisé par des Allemands et des Polonais, dans le cadre du 25e anniversaire de la création du Triangle de Weimar associant la France, la Pologne et l’Allemagne, il mêlait des poèmes et des textes d’écrivains français, allemands et polonais sur le thème de l’Espoir, dans toutes ses déclinaisons, variantes et leurs contraires : conscience de l’anticipation, rêve, lucidité, attente, action, aspiration, désir, confiance, doute, risque, utopie, réalité, présent, avenir..
Quand qualité musicale rime avec engagement humaniste
Non seulement le projet était on ne peut plus sympathique dans son concept, mais le résultat s’est avéré à la hauteur des espérances. L’espoir était double, pour l’humanité et la qualité de la musique… La musique, elle était hybride, entre jazz relativement « classique », même si ma définition du classique excède évidemment le jazz des années Armstrong ou Duke Ellington, et pour les Français les Bolling et consorts (Riccardo Del Fra a en particulier travaillé avec Chet Baker), et formes plus free, plus contemporaines. Une musique cependant très écrite, laissant peu de place à l’improvisation. Quelques morceaux cependant nous ont permis d’apprécier les qualités du pianiste, Carl Henri Morisset, souvent couvert le restant du temps par les autres instruments – les cuivres et surtout la batterie, trop présente à mon goût. Le saxophoniste, Jan Prax, magicien tirait de son instrument les sons les plus étranges, du souffle ténu et presque impalpable comme une respiration jusqu’aux crescendos vertigineux. Le trompettiste, Tomasz Dabrowski, lui, proposait une vision moins déjantée mais tout à fait virtuose. Quant à Riccardo Del Fra, le porteur du projet, il faisait bon l’entendre : pour les poèmes dont il a parlé, pour son appel vibrant à la fraternité et à l’amitié qui rayonnait dans cette salle mais aussi pour sa musique à la contrebasse, puissante et subtile, chaleureuse et attentive aux autres.
Il est réconfortant de voir que des individus, chacun dans leur sphère, continuent de se battre pour des valeurs humanistes.
Hoffnung – Espoir – Nadziej
Riccardo Del Fra, contrebasse et composition
Tomasz Dąbrowski, trompette
Jakub Gudz, batterie
Carl Morisset, piano
Jan Prax, saxophone alto et soprano
15 décembre 2016
Goethe Institut, 17, avenue d’Iéna – 75016 Paris
Tél. 01 44 43 92 30