22 Janvier 2017
On a peu l’habitude d’entendre cet instrument seul sauf dans les espagnolades pas toujours intéressantes que les médias diffusent. L’Institut culturel italien rend ses lettres de noblesse à cet instrument et programme un jeune guitariste talentueux de vingt-sept ans. « La valeur n’attend pas le nombre des années. »
Comme il en est coutume à l’Institut culturel italien, musiques « classique » et moderne ont été mêlées, avec toujours un peu de musique italienne au programme. On connaît mal le répertoire pour la guitare. Le concert qui lui est dédié offre donc l’occasion de découvrir des morceaux peu ou pas connus. Ce fut le cas ce soir-là pour Tansman, Tedesco, Barrios ou Brouwer, alors qu’on naviguait en terrain plus connu avec la Sérénade espagnole de Joaquim Malats (qui est un fort joli morceau) et le Tango en skai de Roland Dyens ainsi que pour les bis, un Manuel de Falla. Je devrais ajouter la Fantaisie sur le thème de La Traviata, non pour la composition adaptée pour la guitare par Francisco Tarrega mais pour les airs de La Traviata, si universellement connus.
Look décoiffant et toucher amoureux
Beaucoup de sensibilité et d’amour pour ses maîtres chez Gian Marco Ciampa, jeune homme assez timide mais très enthousiaste et plein de délicatesse lorsque ses mains effleuraient les cordes. Des mains étonnantes car très féminines alors que le garçon arborait une houppette de cheveux dressés sur le haut du crâne. Ce n’était pas la banane d’Elvis Presley mais des cheveux dressés à la verticale sur la partie centrale du crâne alors que les côtés sont rasés… Bref, un look très « djeun’s » – souligné par de gros godillots noirs style Doc Martins et une chemise noire à col Mao – assez peu en rapport avec le répertoire, somme toute assez doux et mesuré dont il nous a régalés.
Le plaisir béotien de la découverte
On se retrouve comme un enfant devant un sucre d’orge aux formes étranges avec Mario Castelnuovo Tedesco, qui compose à la demande d’Andres Segovia un morceau très enlevé et d’une grande virtuosité qui vous emporte dans sa course, ou Leo Brouwer, dont la Sonata en trois temps (Fandango y boleros, Sarabanda de Scriabine et Toccata de Pasquini) allie rythmes rapides du fandango et de la toccata et mouvement lent de la sarabande, danse grave aux notes égrenées avec parcimonie et presque imperceptibles. Quant à Confesión d’Agustín Barrios, élégiaque et toute en délicatesse, ce fut une douce complainte à vous rendre pensif.
Au total, entre réminiscences et découvertes, on ne boude pas son plaisir.
Gian Marco Ciampa (guitare) – La Dolce guitare
Joaquim Malats, Sérénade espagnole
Alexandre Tansman, Variations sur un thème de Scriabine
Agustín Barrios, Confesión
Mario Castelnuovo Tedesco, Capriccio diabolico
Leo Brouwer, Sonata
Roland Dyens, Tango en Skai
13 janvier 2017
Institut culturel italien. 50 rue de Varenne – 75007 Paris
Tél. 01 44 39 49 39